Comment définir le “moment” unipolaire, correspondant à la domination sans partage américaine, et combien de temps peut-on estimer qu'il doit durer ?
Le Système international est unipolaire sans ambiguïté, et peut durer au moins une génération.
Cette unipolarité est source de stabilité et de paix, car neutralise le principal facteur d'instabilité qu'est la compétition stratégique pour le leadership dans le Système International. Le principal pôle de puissance possède des capacités d'arbitrage et d'influence qui réduit les tensions nées de la compétition de sécurité.
L'ordre est durable car cet équilibre asymétrique peut se maintenir et se reproduire, résister à des modifications et inflexions dans les relations de puissance et la distribution de celle-ci.
[...] La position réaliste ou néoréaliste traditionnelle est que la structure unipolaire du système international est instable et donc dangereuse, car en fait déjà glissant vers une structure bipolaire ou multipolaire. Mais ce qui est contesté n'est donc pas la capacité de stabilisation de la structure unipolaire, mais sa durabilité ; or, il a été vu qu'elle était en réalité assez durable, pas seulement un simple moment ou une transition La stabilité naît de la baisse de l'incertitude dans les Relations Internationales. [...]
[...] Elle est aussi différente de l'Empire dans lequel les différences entre la puissance dominante et les autres acteurs s'effacent. Définition : Les capacités d'un Etat sont trop importantes pour être équilibrées, couvrant l'ensemble des domaines. Unipolarité et Hégémonie La structure internationale actuelle ne présente pas l'ambiguïté qui caractérisait les moments hégémoniques d'après guerre historiques, dont ont jouit les puissances européennes (la France après la révolution, l'Angleterre après les défaites napoléonniennes). Deux facteurs sont fondamentaux : le différentiel de puissance entre le pôle hégémonique et les autres acteurs (le power gap ; le caractère asymétrique ou non de la répartition des éléments de puissance, c'est-à- dire la capacité d'un acteur de dominer dans l'ensemble des domaines de la puissance (militaire, économique, commercial, politique), ou de fonder sa prééminence sur l'exploitation de certains avantages. [...]
[...] Elles ne peuvent produire d'inflexion structurelle réelle, au niveau de la structure globale du système, que lorsqu'elles agrègent véritablement la puissance, en permettant l'intégration des Forces Armées, de l'industrie de défense, de la la coordination stratégique à haut niveau. Des alliances anti-hégémoniques sont difficiles et peu durables, marquées par le buck-passing (la patate chaude), le cavalier seul, l'alignement, par crainte de l'instrumentalisation, de la punition de l'Etat dominant, ou espoir de participer à ses gains. Les alliances du passé sont entre des puissances continentales, qui peuvent exercer des pressions fortes, comme l'alliance de revers France-Russie/URSS. [...]
[...] La politique d'équilibre de la puissance crée des tensions et des volontés d'accroître progressivement sa part propre dans un jeu à somme nulle, réveillant les rivalités hégémoniques, et on ne trouve d'autre moyen de contenir celles-ci que dans le retour à l'équilibre de la puissance. De fait, l'équilibre des puissances européennes (le système westphalien) a pu durer, mais sa configuration changeait souvent. Dans le système bipolaire de la Guerre Froide, la non prééminence complète de Washington dans le domaine militaire le contraignait à accroître ses capacités dans les autres domaines et à resserrer ses alliances, craignant un effondrement de ses alliés et l'avancée soviétique. [...]
[...] Il faut donc arrêter de parler du système comme de système post-guerre froide Le principal problème n'est pas, souvent, que les Etats-Unis interviennent trop, mais pas assez, ou de façon incohérente, du fait des pressions structurelles à l'inaction : isolationnisme ancré dans les mentalités, faibles incitations avant le 11/09 à intervenir contre des menaces ne concernant pas la sécurité nationale directement, poids du législatif et des luttes internes au système de prise de décision politique américain. En réaliste, maintenir l'unipolarité fondée sur les Etats-Unis est moins difficile que ne l'était le maintien de la prééminence britannique. Cela ne demande pas des engagements illimités, pas davantage que l'unipolarité ne résout tous les problèmes ; cela implique de gérer les régimes de sécurité décisifs en Europe et en Asie, et maintenir la représentation crédible que tout défi géopolitique aux Etats-Unis est futile. [...]
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