« Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort, qui pourra vous chanter si ce n'est que votre frère d'armes, votre frère de sang ? ». Ces vers tirés d'un poème de Léopold Sédar Sengohor, sont représentatifs des relations franco africaines « inégales» de l'époque coloniale, où la distinction entre Europe et Afrique se résumait à un rapport de colonies/métropole et formait un ensemble de dominant/dominé. La décolonisation a consacré la fracture entre les pays du Sud et du Nord, mais les pays occidentaux ont gardé une place prédominante sur la scène mondiale. Les pays du « Tiers Monde » si peu puissants et donc jouant un rôle décisionnel secondaire ont été marginalisé par les théoriciens des relations internationales à l'exception des marxistes . Les auteurs des paradigmes dominants tels que le réalisme, ont développé des modèles s'inspirant du fonctionnement des entités étatiques du Nord et les ont appliqué à toute la scène mondiale, sans prendre en compte les divergences entre pays développés et en voix de développement. Ce point de vue n'a commencé à être remis en cause qu'après la fin de la guerre froide, avec la consécration de la mondialisation économique et l'ère de la communication à outrance. Dans le monde globalisé actuel, nous ne pouvons plus nous contenter d'étudier le système mondiale en ignorant les spécificités des sous systèmes régionaux . C'est dans cette optique et pour combler ce manque que le politologue camerounais, Luc Sindjoun entreprend une étude des « relations internationales africaines ». A la suite d'études supérieures en France, il a été reçu au concours de l'agrégation de science politique. Aujourd'hui il enseigne à l'université de Yaoundé, tout en exerçant la fonction de président de l'association de sciences politiques africaine. Il a également écrit de nombreux articles et ouvrages se rapportant aux relations internationales et à la politique africaine. D'un point de vue paradigmatique, cet auteur peut être rapproché du courant transnationaliste, développé, par Robert Kehoane et Joseph Nye dans « Transnational Relation and World politics », puis dans « Power and Interdependence ». En se basant sur des évènements contemporains à l'écriture de leurs ouvrages, tels que l'échec de la puissance américaine au Vietnam, le rôle de l'opinion publique dans cette affaire, le pouvoir pris par des entreprises privées sur l'existence, la nature et les décisions de certains états comme le Chili, l'effondrement du système Bretton woods, ils vont remettre en cause l'approche « stato centré » stricte, développée par les réalistes et les libéraux. En effet, d'autres acteurs tels que les individus, groupes privés ou la société civile c'est-à-dire autre que les Etats jouent un rôle sur la scène internationale. Il se craie alors des relations dites d'interdépendances entre les différents acteurs. Ce postulat conduit à reconsidérer la notion de puissance, qui se définie, dés lors, certes en fonction de la force militaire, mais également par rapport à l'économie, au droit, à la capacité de représentation d'intérêts communs…
[...] Même s'il est vrai que le nombre de théoriciens des relations internationales africaines est très restreint et comprends en majorité de jeunes auteurs, l'étude précédente, dans son aspect sociologique ne fait en aucun cas ressortir la culture africaine de l'auteur. Les concepts qu'il convoque reflètent une fois de plus la domination occidentale. Ainsi si l'auteur innove sur l'objet, c'est- à-dire étudier le système africain comme sous-système à part entière, avec ses ressemblances et ses différences vis-à-vis de la structure du système mondiale, la méthode qu'il emploie ne fait en aucun cas preuve de nouveauté. [...]
[...] Nous retrouvons, donc une dimension sociologique dans la manière d'étudier le concept de puissance. En se basant sur le travail du sociologue allemand Max Weber, il essaie de voir en quoi elle institue les relations internationales comme ordre, c'est-à-dire comme ensemble de positions et de rôle inégaux, variant en fonction des ressources des acteurs ; elle introduit l'inégalité constitutive du milieu international[42] En d'autres termes, il faut voir ici, que Luc Sindjoun, étudie la puissance, comme une action sociale, une conséquence des relations entre les différents acteurs. [...]
[...] Luc Sindjoun, L'Afrique dans la Science des Relations Internationales : Notes Introductives et Provisoires pour une Sociologie de la Connaissance Internationale. in Revue africaine de sociologie p 142-167, p 142. Cette théorie a été développée en Amérique du Sud, nous trouvons donc beaucoup de brésilien. Samir Amin égyptien est également très connu, pour ses apports à la théorie de la Dépendencia. (www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001266.pdf.) Jean Louis Martres, De la nécessité d'une théorie des relations internationales. L'illusion pragmatique, op.cit, p 35. Ibid., p 36. Raymond Aron, Qu'est qu'une théorie des relations internationales Paris Revue française de science politique, 17,5,octobre 1967, pp 837-861. [...]
[...] Ajoutons à ce propos que les acteurs les plus à même de réduire cette violence sont les organisations régionales africaines. Elles jouent un rôle très important sur la scène africaine, puisqu'elles consacrent la souveraineté des Etats et fixent les règles des relations entre eux. Tout comme les autres entités étatiques de la scène mondiale, l'Etat africain entretient des rapports intra-étatitiques et des inter-étatiques, qui donnent lieu à deux codes. Ce sont eux qui permettent de comprendre en partie la dynamique du système africain, en révélant que les acteurs transnationaux occupent une place dominante dans les relations internationales africaines et donc qui mettent en avant l'importance des échanges entre les différents acteurs. [...]
[...] En effet, des études théoriques spécifiques peuvent construire un modèle africain propre et adapté aux spécificités et aux problèmes de ce continent. Il pourrait peu être par la suite permettre au gouvernant de rompre avec le passé colonial et enfin de donner à l'Afrique une place sur la scène internationale. C'est tout du moins, l'avis d'André-Marie Yinda Yinda, qui écrit : l'Afrique concentre aujourd'hui entre ces mains l'essentielle de son avenir, le pouvoir de s'ordonner par rapport à soi, de s'assumer comme tel dans une relation nécessaire dans le monde, cet universel éclaté[52] Conclusion Dans son ouvrage Sociologie des relations internationales africaines, Luc Sinjoun ouvre un débat en choisissant d'étudier le système africain comme unité à part entière et non comme un objet marginal. [...]
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