« Vers la société-monde ? »
In "Le monde, espaces et systèmes" de Marie-Françoise Durand, Jacques Lévy et Denis Retaillé (1992)
La société-monde existe-t-elle déjà ou tend on vers elle? Quels sont les processus qui la guident ?
C'est à ces diverses questions que M-F. Durand, J. Lévy et D. Retaillé essayent de répondre dans le chapitre 4 de leur ouvrage Le Monde, espaces et systèmes. Ce chapitre est l'avant-dernier de la première partie : « position ». Plus simplement, on peut dire que c'est le dernier chapitre théorique présentant une des branches du « système monde » (chapitre 5) qui est l'objet d'étude du livre. Celui-ci est composé de différents systèmes socio-économiques qui sont liés entre eux. Ils ne peuvent être compris que grâce à quatre modèles différents qui doivent être utilisés simultanément. La société monde représente l'un de ces modèles. Il s'agit du chapitre le plus novateur. Les chapitres précédents abordent des domaines connus qui bien que mis en rapport les uns avec les autres de façon différentes, ne constituent pas une réelle avancée théorique. Comme les auteurs l'annoncent, c'est un domaine encore « latent et virtuel » qui peut souffrir de la contestation face à l'incertitude de la véracité des thèses. Le point de départ est le monde de leur époque mais il n'est que la base de la réflexion et il n'est analysé en lui même que pour illustrer leurs théories sur les différentes directions que prend le processus de mondialisation, c'est-à-dire le processus de création d'une société-monde. La méthode utilisée est celle du fait social total. Ainsi, l'objet d'étude, le monde, est étudié de divers points de vue utilisant différentes sciences sociales pour ensuite tenter de les réunir. En cela les auteurs s'inscrivent dans la pensée de O. Dolfus qui le premier utilisa le monde comme « région » d'études en utilisant une méthode interdisciplinaire. Pour eux, l'humanité est à un tournant puisque la société-monde semble émerger. Cependant les grilles d'analyses classiques ne permettent pas de saisir l'ampleur du changement. Le chapitre a alors un triple objectif : d'abord montrer que les sciences sociales, en particulier la géopolitique, doivent se transformer pour pouvoir appréhender les évolutions du monde, ensuite expliquer que le monde suit des processus et que l'analyse historique de ceux-ci permet de comprendre les mutations actuelles, enfin que certains éléments de la société-monde sont déjà présents. Les auteurs utilisent une méthode prospective, essayant de déterminer à partir de l'histoire ou de la société actuelle quelles sont les processus qui mènent à la société-monde et quelles sont les aboutissements de cette même société que l'on peut déjà constater.
Cette fiche a une double volonté : dégager précisément la thèse et ses articulations mais aussi voir, avec le recul des années si les processus évoqués ont été confirmés par les événements. D'une manière plus globale dans l'histoire des idées, on peut se demander si cette thèse qui représentait une idée novatrice en 1992, est aujourd'hui validée.
Pour rester au plus près de la thèse, le plan d'étude correspond aux deux grands axes du chapitre, le premier concernant la fin du monde tel que nous le connaissions (« la fin d'une époque ») et la seconde le début d'une nouvelle représentation de l'espace mondial (« la fin de la préhistoire »).
[...] La guerre est l'apanage des relations interétatiques alors que le terrorisme est spécifique au niveau infra-étatique. Les auteurs s'inscrivent tout à fait dans les débats de leurs époques puisqu'ils évoquent les arguments et les contre-arguments qui seront développés par Huntington quelques mois plus tard dans son article de Foreign affairs de 1993 : the clash of civilizations ? Cette première partie aborde donc les processus. Ceux qui se terminent comme la primauté des relations interétatiques dans les relations internationales ou ceux qui sont en cours comme la mondialisation de l'économie. [...]
[...] En partant du constat qu'il existe une société civile mondiale qui se signale par trois points : une mobilisation pour des événements planétaires extraordinaires, une prise de conscience de l'aspect global des problèmes et donc des solutions et l'immigration. Elle peut s'exprimer à travers des O.N.G présentes dans le monde entier et capables d'organiser à un niveau aussi bien local que mondial, répondant ainsi aux caractéristiques de la société mondiale qui existerait à un niveau infra, inter et supranational. Leurs analyses de l'immigration est intéressante. [...]
[...] En effet, l'analyse réaliste part du postulat que dans une situation donnée, quelque soit son idéologie, un chef d'Etat réagira de manière à accroître la richesse et le pouvoir de son pays. Les conflits sont de plus en plus improbables car ils n'augmentent ni la richesse ni le pouvoir d'un pays, l'analyse réaliste meurt alors d'elle même. Partant du constat que les démocraties ne s'attaquent pas entre elles et que le libre-échange permet de développer les richesses plus fortement que l'impérialisme, c'est alors la vision idéaliste qui semble l'emporter. [...]
[...] Vers la société-monde ? La société-monde existe-t-elle déjà ou tend on vers elle? Quels sont les processus qui la guident ? C'est à ces diverses questions que M-F. Durand, J. Lévy et D. Retaillé essayent de répondre dans le chapitre 4 de leur ouvrage Le Monde, espaces et systèmes. Ce chapitre est l'avant-dernier de la première partie : position Plus simplement, on peut dire que c'est le dernier chapitre théorique présentant une des branches du système monde (chapitre qui est l'objet d'étude du livre. [...]
[...] On peut toutefois remettre en cause l'idée que l'idéalisme seul permet d'éviter les affrontements. En effet un idéalisme qui utiliserait le hard power pour arriver à ses fins, obtiendrait un résultat contraire à ses espérances. L'invasion américaine en est l'exemple le plus flagrant puisque la vague démocratique qui devait partir d'Irak n'a débouché que sur un renforcement du terrorisme. Il faut alors expliquer que dans l'idée des auteurs, c'est à la fois le soft power et l'idéalisme qui permettent de faire progresser le libre échange et la démocratie. [...]
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