En décembre 1960, la résolution 1514, qui en son paragraphe 6 statuait que « toute tentative visant à détruire partiellement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays et incompatible avec les buts et les principes de la charte des Nation-Unies », déclenche le conflit du Sahara occidental. En effet, le Maroc, revendiquant des liens historiques avec ce territoire, se proclame « Etat démembré » et aidé de la Mauritanie et de l'Algérie à partir de 1969, réclame la tenue d'un référendum. Cependant, selon l'auteur, cette alliance maghrébine répond, tout d'abord, à un seul véritable objectif : la nécessité de consolidation des jeunes Etats arabes. Au Maroc, la revendication du Sahara occidental permet à Hassan II de s'assurer le soutien populaire, instable avec les nombreuses grèves et la montée de l'opposition (Istiqlal, USFP et PPS), et d'occuper les Forces Armées Royales (FAR), pilier traditionnel de la monarchie responsable de deux tentatives de coups d'Etat en 1971 et 1972.
De même, d'une part, en Mauritanie, l'occupation du Tiris El Guarbia consentie par le Maroc après accord, permet à l'Etat de consolider l'unité nationale minée par les divisions tribales et, d'autre part, l'Algérie ne souhaite pas remettre en cause la détente avec le Maroc. Ainsi, en 1975, l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice, interprété par le Maroc comme confirmant sa souveraineté sur le Sahara occidental, pousse la monarchie à organiser la « marche verte » du 6 novembre 1975, symbolisant l'intégration de ce territoire à celui de la nation marocaine. Cela conduit aux accords de Madrid qui officialisent le partage du territoire entre le Maroc et la Mauritanie en ce qu'elle annonce le retrait de l'Espagne : c'est le retour de la Bey'a, l'allégeance ancestrale au monarque marocain, sur le Sahara occidental.
[...] En effet, d'une part, le départ des Espagnols du Sahara occidental, historiquement lié au Maroc, apparaît comme une étape dans le processus de décolonisation et la restitution du territoire au royaume semble parfaitement légitime. D'autre part, les membres du mouvement nationaliste sont désignés comme des mercenaires à la solde d'Alger et la diplomatie de la monarchie, ne pouvant négocier que d'État à État, ne peut s'entretenir avec les représentants du RASD qu'elle ne reconnaît pas. Cependant, le rapport des forces est favorable au Polisario, dont la puissance militaire fondée sur le mouvement est sous-estimée par Rabat, et celui-ci enregistre ainsi un certain nombre de victoires. [...]
[...] Sahara occidental : les enjeux d'un conflit régional - Khadija Mohsen-Finan En décembre 1960, la résolution 1514, qui en son paragraphe 6 statuait que toute tentative visant à détruire partiellement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays et incompatible avec les buts et les principes de la charte des Nations Unies déclenche le conflit du Sahara occidental. En effet, le Maroc, revendiquant des liens historiques avec ce territoire, se proclame État démembré et aidé de la Mauritanie et de l'Algérie à partir de 1969, réclame la tenue d'un référendum. [...]
[...] De ce fait, en 1980, au sommet de l'OUA à Freetown, le Maroc empêche in extremis l'intégration de la RASD à l'union et, à partir de 1977 jusque 1979, l'aide militaire américaine est suspendue. La monarchie marocaine, consciente de son échec, met alors en place une nouvelle tactique dont l'application marque une nouvelle phase du conflit qui tournera désormais à l'avantage du Maroc. En effet, sur le plan diplomatique, Rabat accepte l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination au sommet de Nairobi en 1981 afin de sortir de son isolement et de gagner du temps. [...]
[...] Ainsi, malgré une certaine restriction des candidats aux élections par le ministère de l'Intérieur et un contrôle du déplacement des personnes dans la région (Sahraouis mais aussi journalistes, locaux ou étrangers), Hassan II démontre la participation du territoire aux affaires de la Nation. L'approbation à une écrasante majorité des révisions constitutionnelles de 1980 et 1992 permet d'ailleurs d'illustrer l'adhésion des Sahraouis à la politique du monarque. Enfin, Rabat lance une politique de modernisation et de développement économique des provinces sahariennes de grande ampleur (12 milliards de dirhams c'est-à-dire un peu plus d'un milliard d'euros). [...]
[...] Ainsi, un dynamisme nouveau apparaît au Sahara occidental qui attire de plus en plus de populations du Nord et qui est symbolisé par la ville de Laayoun qui compte habitants et qui accède au rang de ville impériale. Par ailleurs, en Algérie, Chadli Benjedid accède à la présidence de la république et abandonne progressivement les principes du boumediénisme afin de se forger une nouvelle légitimité. Cela conduit ainsi à la baisse du soutien d'Alger à la cause du Polisario avec, le 16 mai 1988, le rétablissement des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc. L'année 1988 marque ainsi une rupture dans le conflit qui semble alors prêt à être progressivement résolu. [...]
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