Le XXe siècle a été le siècle des idéologies. Mais, depuis la fin de cette période durant laquelle les idéologies totalitaires et libérales s'affrontaient et réglaient les Relations Internationales, il semble plus difficile de définir le rôle des idées au niveau international. Ce texte de Pierre Hassner, « le rôle des idées dans les Relations Internationales », met en avant l'influence des idées dans les relations internationales dans l'histoire. Aujourd'hui, dans ce contexte nouveau de l'après-guerre froide, la situation est plus floue, les idéologies semblent être moins bien définies, moins se démarquer des autres composantes des Relations Internationales telles que les intérêts et la puissance des Etats. Keohane et Goldstein constatent la diversité et la complexité des idées (qu'ils définissent comme des croyances individuelles) dans leurs rapports avec les situations et les intérêts.
On peut alors se demander si les idées jouent encore un rôle dans les Relations Internationales depuis la fin de la bipolarité. Quelle est la place des idées dans ce contexte nouveau ? Dans un premier temps, nous verrons que les idées sont, dans les relations internationales, liées aux intérêts des Etats et qu'elles ont une influence sur leurs politiques extérieures. Ensuite, nous pourrons évoquer l'importance des valeurs morales et de la relation entre idées et normes dans les relations internationales.
[...] Mais les idées ne sont pas toujours utilisées à des fins positives comme par exemple avec la manipulation de l'Islam par l'organisation terroriste Al-Qaeda et par les mouvements contestataires extrémistes. Les religions peuvent se trouver instrumentalisées pour donner un fondement à des revendications communautaires et contribuer à une montée des extrémismes et à la légitimation d'un ordre moral pesant sur les relations internationales. Un nombre croissant de choix en relations internationales sont justifiés en fonction de valeurs morales, de notions de bien et de mal. [...]
[...] On remarque que les valeurs et les idées influent sur la formation d'identités communautaires transnationales. Ces idées sont produites, sélectionnées et partagées par des individus relevant de communautés épistémiques (communautés de valeurs et d'intérêts) qui participent à la scène politique publique. Pour Sydney Tarrow, on irait vers une politique transnationale de la contestation avec notamment des mouvements sociaux transnationaux, des réseaux transnationaux de militants liés par des valeurs partagées, par un discours commun et des échanges denses d'informations et de services. [...]
[...] La diversité culturelle est réelle ainsi que les limites du modèle culturel occidental, mais il existe également un mouvement d'émancipation suscité par la philosophie politique occidentale et les idées universalistes. L'occident en prenant en considération un certain relativisme culturel peut contribuer à réaffirmer les racines occidentales de l'universalisme. Selon Huntington, le XXIe siècle serait le siècle du choc des civilisations, mais il pourrait aussi bien être celui des idées qui se rencontrent, se confrontent, coopèrent, ou dialoguent pour traiter de grands enjeux sociaux, économiques, écologiques transversaux, en dépassant les particularismes. [...]
[...] Ces idées sont censées légitimer la position de ceux qui gouvernent. Néanmoins, cette approche en terme réaliste semble dépassée et l'opposition entre la réalité et les idées moins pertinentes. En effet, la situation apparaît plus complexe. Selon Pierre Hassner, la démarcation entre les idées, les intérêts, et la puissance est plus difficile à cerner pour ce qui est du XXIe siècle. Le retour en force des idées souligne un fait ignoré par les théories réalistes et néo-réalistes. L'idéologie se définit comme une représentation de la société et du monde, propre à un groupe social et qui justifie les intérêts matériels de ce groupe. [...]
[...] Pour les Réalistes, les relations internationales sont caractérisées par un état d'anarchie où les Etats fondent leur politique étrangère par des actions rationnelles, selon la défense de leurs intérêts, définis par une quête de puissance et de sécurité. Il y a donc une rivalité entre les Etats. John J. Weltman énonce un postulat théorique où la guerre est l'unique élément structurant du système international. Il s'interroge alors sur le devenir des Relations Internationales dans l'après système bipolaire. En effet, dans les politiques de défense comme dans la stratégie, les idées et les valeurs ne semblent pas décisives, car ce domaine est, par excellence, celui du pragmatisme et de l'action. [...]
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