Essayiste et écrivain, mort en avril 2006, l'académicien Jean-François Revel signe en 2002 un livre particulièrement polémique sur ce qu'il appelle "l'obsession anti-américaine". Présenté comme la suite de la réflexion qu'il avait menée dans Ni Marx ni Jésus en 1970, ce livre a été écrit juste après les évènements du 11 septembre, et s'attache d'une part à définir les caractéristiques de l'anti-américanisme (notamment en Europe), et explique d'autre part que le développement de l'unilatéralisme américain proviendrait des défauts propres de la société européenne (...)
[...] REVEL L'obsession anti- américaine, Paris : Plon (Pocket) 317p. Essayiste et écrivain, mort en avril 2006, l'académicien Jean-François Revel signe en 2002 un livre particulièrement polémique sur ce qu'il appelle l'obsession anti-américaine Présenté comme la suite de la réflexion qu'il avait menée dans Ni Marx ni Jésus en 1970, ce livre a été écrit juste après les évènements du 11 septembre, et s'attache d'une part à définir les caractéristiques de l'anti-américanisme (notamment en Europe), et explique d'autre part que le développement de l'unilatéralisme américain proviendrait des défauts propres de la société européenne. [...]
[...] Au final, il estime que les Etats-Unis pourront tôt ou tard perdre leur hyperpuissance, par un écroulement interne du système. Ce livre fait donc bien pendant au livre de Revel qui, en américanophile fervent, élude parfois complètement les tares du système américain. En effet, on n'exagère pas en disant que Revel, très polémique, fait véritablement l'apologie des Etats-Unis, avec une mauvaise foi déconcertante, et des exemples bien choisis, qui éludent souvent tout un pan du problème soulevé. Il affirme ses idées comme si elles étaient des vérités évidentes auxquelles tout un chacun devait adhérer. [...]
[...] Face à cette fulgurante progression, l'Europe est restée à la traîne, et souffre d'une incapacité à se lancer sur la voie du progrès. Reprenant une thèse déjà développée par Claude Allègre (p.221), Revel explique qu'en refusant de se lancer dans des domaines comme le nucléaire, les OGM ou encore la recherche utilisant les cellules embryonnaires, les Européens ont permis aux Américains de se détacher du peloton et de partir en tête de course, pour finalement se rendre dépendants de ces derniers dans de nombreux domaines. [...]
[...] Ainsi, les terroristes devenaient les victimes, et les Américains les vrais agresseurs. Par la suite, dans une volonté de mettre en place une vraie lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis ont mis en place une mécanisme de sécurité intérieure (Patriot Act), qui leur a à nouveau été vivement reproché, tant par les Européens, que par une part des Américains, au nom du respect de la liberté. La volonté de préserver la vie et la tranquillité de chacun, d'éradiquer la menace terroriste bien plus importante tant par son échelle que par ses conséquences- a été, selon Revel, totalement oubliée. [...]
[...] Le prétendu unilatéralisme américain ne serait donc que le résultat des non-choix européens. Ainsi Revel prend-il l'exemple de la guerre en Afghanistan, dans laquelle rien n'obligeait les Européens à laisser les Américains aller seuls au secours des résistants afghans. Les indécisions européennes sont donc la cause de la mise en place de l'hégémonie américaine. Les Américains auraient ainsi assumé involontairement cette fonction. Cette dernière idée permet ainsi à Revel de lier ses deux problématiques et de boucler la boucle. Il montre en effet dans sa conclusion que l'obsession européenne à toujours dire non à toute proposition américaine en matière de politique internationale, même lorsque cette proposition est bonne, tout simplement parce qu'elle est américaine, et ce, sans proposer aucun plan en échange, pousse les Américains à ne plus tenir compte des objections européennes. [...]
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