John J. Mearsheimer est professeur émérite R. Wendell Harrison de Sciences Politiques et codirecteur du programme sur la politique de sécurité internationale à l'université de Chicago, où il enseigne depuis 1982. Il est l'auteur de trois ouvrages récompensés : « Conventional Deterrence » écrit en 1983, « Liddell Hart and the Weight of History » en 1988, et sa thèse majeure : « The Tragedy of Great Power Politics » écrit en 2001. Il a également écrit plusieurs articles, apparu dans des journaux universitaires comme International Security.
L'article que nous étudions, intitulé "Realism, the Real World, and the Academy," a été crée en 2002 et est publié dans l'ouvrage de Michael Brecher et Frank P. Harvey, « Realism and Institutionalism in International Studies ». Après une rapide présentation du réalisme, Mearsheimer nous dresse un portrait du Monde actuel, dans le but de nous démontrer que les relations internationales se comprennent toujours à l'heure actuelle, et dans un futur proche, selon une vision réaliste des Relations Internationales. Ainsi, malgré les critiques de plus en plus vives qui lui sont adressées, notamment au sein de l'Academy », c'est-à-dire l'ensemble des spécialistes des relations internationales, Mearsheimer défend l'idée que le réalisme est toujours le paradigme dominant pour expliquer et comprendre les relations internationales.
Après avoir présenté le réalisme, et notamment les spécificités de la pensée de Mearsheimer, nous nous demanderons si ce paradigme est toujours effectivement pertinent pour l'étude des relations internationales à l'heure actuelle.
[...] En effet, il est indéniable que les États sont toujours les acteurs principaux de la scène internationale, qui, malgré la profusion d'Organisations internationales et leur rôle considérable, reste bel et bien anarchique. La lutte pour la puissance, la compétition entre les États reste donc irréductible, et ce même entre grandes Puissances. La volonté des États-unis de rester la première puissance au monde et de n'autoriser aucun autre pays à contester leur suprématie risque de s'exprimer largement dans leurs relations avec la Chine, voire l'Europe. Malgré les critiques qui l'assaillent, le réalisme saura certainement toujours se faire entendre dans les années à venir. [...]
[...] Ils ont renforcé l'intégration des forces qui en dépendent, et ont obtenu qu'elles puissent intervenir hors de l'aire géographique constituée par le traité de l'Atlantique nord et ont ainsi pu faire de l'OTAN l'un des instruments privilégiés de leur politique étrangère. Les crises consécutives au démembrement de la Yougoslavie en sont un exemple. Ce qui parait surprenant enfin, dans la démonstration de Mearsheimer est qu'il n'envisage pas de conflit entre les Etats-Unis et l'Europe. Peut être parce que comme nous l'avons dit plutôt, il ne se soucie pas de celle- ci, mais uniquement de ses Etats membres, pris dans leur individualité ? Pourtant, il semble possible que l'Union Européenne devienne un défi à l'influence américaine. [...]
[...] Le réalisme, et sa remise en question Mearsheimer et le réalisme offensif Mearsheimer est un théoricien réaliste des Relations Internationales. En effet, pour lui les États sont les principaux acteurs du système international et ils opèrent dans un environnement anarchique, synonyme d'état de guerre car il n'existe aucune autorité supérieure à la leur, qui pourrait empêcher le recours à la violence armée. En l'espèce, la force, est un instrument politique commode et effectif. Pour Mearsheimer, le type de régime adopté par un État n'a pas d'importance. [...]
[...] Une vision du Monde critiquable et incomplète La description du monde réel telle que nous la présente Mearsheimer, est toutefois critiquable. Tout d'abord, il incombe de préciser que, plus qu'une description empirique ; Mearsheimer nous livre ici surtout des spéculations sur les sorts de l'Europe et de l'Asie au XXIème siècle. Mais c'est surtout sa vision de l'Europe qui peut laisser sceptique. Déjà en 1990, Mearsheimer avait estimé que la fin du monde bipolaire signifiait le retour des rivalités du passé entre puissances européennes. [...]
[...] Le problème de Mearsheimer est donc qu'il s'intéresse aux Etats-membres de l'Union Européenne sans du tout prendre en compte celle-ci. Or, bien qu'elle soit de nature économique, son rôle pacificateur reste indéniable. Pour ce qui est du maintien de l'OTAN et des troupes américaines sur le théâtre européen, ne peut on pas envisager d'autres raisons que celles soulevées par l'auteur ? Il est vrai que la fin de la guerre froide aurait pu remettre en cause, sinon l'existence de l'OTAN, du moins son fonctionnement, puisque sa raison d'être, était de faire face à une menace soviétique. [...]
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