Qui a tué Daniel Pearl ? de Bernard-Henri Lévy

Résumé du document

Bernard-Henri Lévy –qui, comme Daniel Pearl, est juif- a pris des risques considérables en menant
l'enquête au Pakistan, en Afghanistan et en Bosnie pendant un an (2002-2003). A l'origine de ces
pérégrinations, le refus de l'argument selon lequel Pearl, 38 ans, fut tué parce qu'il était américain et
juif de surcroît –‘crimes' qu'il avoua quelques instants avant d'être décapité. BHL suggère plutôt que
l'assassinat de Pearl est un « crime d'état », orchestré par un regroupement d'organisations jihadistes
et soutenu par le service des renseignements pakistanais, l'ISI.
Le livre en soit est à manier avec précaution,d u fait de nombreuse érreurs érigées en faits par
l'auteur, mais il a le mérité de s'inscrire dans un contexte de ‘politique de la terreur' 1, dans lequel la
terreur est savamment mise en scène et diffusée mondialement. Peut-on penser le terrorisme comme
une pathologie de la communication ?
Après une critique de l'ouvrage nous nous intéresserons aux liens qui unissent les actes terroristes au
développement de la mondialisation.

Extraits

[...] À cette contrainte, la real-télé et le frisson du direct apportent un couronnement sarcastique. Quand c'est le simulacre qui fait l'acte, et la caméra, la manifestation, quand on ne distingue plus la scène de la salle, le monde entier s'offre en théâtre d'opérations, pourvu qu'il soit câblé. Tous terrorisés, en tournant le bouton. L'espace mental du pékin devient homogène à celui du terroriste, qui pense lui aussi en termes de scoop, d'image choc, de star (du Bien et du Mal) et de flash. [...]

[...] Or les éditeurs du Wall Street Journal qui étaient en contact permanent avec Daniel Pearl n'en avaient jamais entendu parler, tout comme les collègues du journaliste à Karachi. De même, un porte-parole de l'ambassade du Pakistan à Washington déclara au TIME que les déclarations de BHL étaient sans fondements. Quant au père de Pearl, il a déclaré au Los Angeles Times que cette hypothèse ne collait pas avec les faits BHL concède que l'on ne connaîtra peut-être jamais le commanditaire de l'assassinat de Pearl. [...]

[...] Le lien avec le livre de Bernard-Henri Lévy est donc très clair : le besoin de sécurité nourrit l'idéologie sécuritaire, basée sur des suspicions de culpabilité et de régression. La réponse à la criminalité dépend du sentiment de contrôle et de confiance en soi, Mélangé au repli sur soi et à une tendance à considérer l'environnement comme générateur d'insécurité il est vécu comme impossible à contrôler. BHL décrit ainsi le Pakistan comme un état-voyou la maison du Diable un pays drogué de fanatisme, dopé à la violence un enfer silencieux, plein de damnés vivants avec ses mollah cauchemardesques Les Pakistanais sont régulièrement décrits comme des Orientaux fanatiques qui se renfrognent au passage de l'auteur. [...]

[...] Une pensée provocante qui étaye le tableau d'une nation délinquante à manier avec précaution Le douteux bricolage de Bernard-Henri Lévy 3 Qui a tué Daniel Pearl, p.521 ibid, p p Titre de l'article de Dalrymple, paru dans Le Monde Diplomatique, ed. décembre 2003, p.30- Au-delà du pilonnage médiatique consécutif à la parution de Qui a tué Daniel Pearl, BernardHenri Lévy s'est pris une volée de bois vert par de nombreux spécialistes de l'Asie du Sud-est, et notamment par William Dalrymple dans la New York Review of Books .Une version –abrégée- de l'article a été publiée en France par Le Monde Diplomatique en décembre 2003. [...]

[...] Fin octobre, une cassette vidéo illisible et un document annonçant la capture d'un prétendu agent de la CIA, "un certain Joshua Weinstein, alias Martin Johnson, de nationalité américaine, résidant en Californie". Un canular ? Après vérification, il n'existait pas de ressortissant de ce nom. Autre problème, cet enlèvement ne ressemblait pas à une opération de militants islamistes radicaux. Pas de "Allah akhbar" dans la lettre, ni de litanies sur la Palestine, "les infidèles et les démons occidentaux", ni même la moindre allusion à une conspiration sioniste. [...]