Quand l’Amérique refait le monde. La fin de l’Occident ?, de Ghassan Salamé

Résumé du document

Ghassan Salamé est un ancien ministre libanais et un conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU. Il est actuellement professeur de relations internationales à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. En 2005, il publie "Quand l'Amérique refait le monde", œuvre qui a connu un grand succès, et dans laquelle il fait part de ses réflexions sur les Etats-Unis qui, depuis la fin de la Guerre Froide sont seuls à exercer leur leadership et refont ainsi le monde à leurs fins. Selon l'auteur, ils n'ont pas renoué avec la « normalité » d'une puissance comme les autres, et le livre interroge ici le concept d'hyperpuissance américaine, s'identifiant d'abord à la globalisation puis à un projet néo-impérial. Ce projet a notamment contribué à un « divorce » entre les Etats-Unis et l'Europe, ce qui remet en cause le concept d'Occident. C'est ce point qu'approfondit l'auteur dans la chapitre 5 La fin de l'Occident ?, en soulignant le risque de désagrégation et d‘unité brisée de l'Occident.

Extraits

[...] Le chapitre se subdivise ensuite en 5 sous chapitres, que nous allons étudier successivement en suivant ainsi les étapes de la réflexion de l'auteur. La répudiation Dans le premier sous chapitre, l'auteur explique que depuis l'effondrement de l'URSS, l'Occident, qui ne peut plus se définir par rapport à un ennemi commun, n'a plus de stratégie commune. Ainsi, un fossé se creuse en son sein entre l'Amérique et l'Europe, et l'auteur présente ici le fait que l'affirmation de l'existence de ce fossé est le résultat d'une initiative américaine, qui a répudié l'Europe. [...]

[...] Une divergence dans l'objectif à suivre (comme par exemple en Irak) remet donc en cause la constitution de l'Occident. Cette vision peut cependant être contestable, notamment aux yeux de l'auteur, car l'Occident ne peut se résumer à un alignement sur des objectifs stratégiques communs mais repose également sur un socle commun. Quelle serait alors la nature de ce socle ? Quel type de lien unit l'Occident ? Ces liens seraient-ils passés de l'entente complice au mariage forcé ? De l'entente complice au mariage forcé La première composante de ce ciment évoquée par Salamé est la religion. [...]

[...] C'est le cas de Huntington, qui prône la reconstruction de l'Occident sur un socle différent. Alors qu'il se basait pendant la guerre froide sur un conflit idéologique et stratégique entre le bloc de l'Ouest et celui de l'Est, l'Occident devrait désormais, en s'appuyant sur des valeurs et des idées communes, se fonder sur un conflit de civilisation contre le monde musulman et chinois. Sans tomber dans cette vision extrême du monde, Kupchan souhaite lui aussi voir une renaissance de l'Occident, à travers une union atlantique fondée sur des normes démocratiques et sur une multipolarité (cependant marquée par la prépondérance américaine due à sa puissance militaire). [...]

[...] Or, si ce système de valeur est bien universel, comme le prétendent les Occidentaux, son extension rendrait le concept d'Occident encore plus problématique car il engloberait le monde entier. Quel que soit ce ciment, Salamé semble insister sur le fait que le socle stratégique est à exclure, d'une part parce qu'une telle approche n'est possible qu'en cas d'existence d'un ennemi commun, d'autre part parce qu'à ce niveau, les Etats-Unis et l'Union Européenne divergent. Le fossé se creuse en effet entre le hard power dont fait preuve l'Amérique et le soft power préconisé par une Europe pacifiste. [...]

[...] Quand l'Amérique refait le monde La fin de l'Occident ? Ghassan Salamé Ghassan Salamé est un ancien ministre libanais et un conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU. Il est actuellement professeur de relations internationales à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. En 2005, il publie Quand l'Amérique refait le monde, œuvre qui a connu un grand succès dans laquelle il fait part de ses réflexions sur les Etats- Unis qui, depuis la fin de la Guerre Froide sont enfin seuls à exercer leur leadership et refont ainsi le monde à leurs fins. [...]