Robert Kagan est un historien et politologue américain écrivant régulièrement pour le Washington Post. Il a été le cofondateur du think tank néoconservateur « Project for the New American Century » (PNAC) qui affirme l'importance du leadership américain pour le bon fonctionnement du monde. Dans cet article tranché et parfois intentionnellement provocateur, Robert Kagan repose la question fondamentale du pouvoir et de sa définition appliqués aux différences de perceptions des relations internationales entre la vieille Europe kantienne et les États-Unis hobbesiens. Il a été écrit dans une période particulièrement tendue des relations entre les deux pôles occidentaux, où les antagonismes, inhérents à des cultures et histoires marquées, se projetaient sur la scène internationale par le prisme de la réponse à donner au régime de Saddam Hussein.
Le postulat de Robert Kagan est assez réaliste ; la puissance dont dispose un pays conditionne sa vision du monde et la perception du rôle qu'il estime devoir tenir sur la scène internationale. L'équation est alors très simple, puisque les États-Unis sont puissants, ils croient en la force et sont les seuls à pouvoir l'utiliser pleinement pour résoudre leurs problèmes (et ceux du monde), puisque l'Europe est faible, elle se protège derrière la négociation et l'indécision pour pouvoir exister politiquement.
[...] Les exemples foisonnent quand il s'agit des récents progrès américains sur la voie du multilatéralisme (G20, préparation du Sommet de Copenhague Mais pour pouvoir être multilatéral, les États-Unis ont besoin d'avoir la certitude de la participation européenne aux décisions et aux actions en résultant. Autre point important, le multilatéralisme futur aura peut-être un nouveau visage quand d'autres pays (Chine ) prennent une importance particulière dans la négociation. Le statu quo annoncé par R. Kagan ne devrait-il pas être nuancé, face à de nouvelles évolutions mondiales et notamment aux évolutions de l'Europe diplomatique? Robert Kagan parle un statu quo probable, et même s'il se défend d'être pessimisme, il ne croit pas au changement possible dans la conduite américaine, ni dans les réactions européennes. [...]
[...] Le postulat de Robert Kagan est assez réaliste ; la puissance dont dispose un pays conditionne sa vision du monde et la perception du rôle qu'il estime devoir tenir sur la scène internationale. L'équation est alors très simple, puisque les États-Unis sont puissants, ils croient en la force et sont les seuls à pouvoir l'utiliser pleinement pour résoudre leurs problèmes (et ceux du monde), puisque l'Europe est faible, elle se protège derrière la négociation et l'indécision pour pouvoir exister politiquement. [...]
[...] Et ici encore la notion de faiblesse doit être nuancée, car elle n'est entendue qu'en terme militaire. Il faut alors revoir le pouvoir comme de l'influence. L'Europe a la force du soft power Le multilatéralisme ne pourra probablement jamais dépasser l'unilatéralisme en termes de rapidité et d'efficacité à court terme, mais son plus grand pouvoir vient de sa légitimité. Le multilatéralisme n'a justement pas besoin de la force pour prouver sa valeur ! Évidemment multilatéralisme ne veut pas dire abandon total de la force, si cela est jugé nécessaire par une majorité d'acteurs légitimes et en dernier recours. [...]
[...] Ensuite, la nécessité d'une Europe concertée s'est fait sentir, face à l'absence de politique commune en Irak et des divisions sur de nombreux sujets internationaux. Même si l'Europe n'est pas unitaire, elle partage suffisamment pour croire en une politique étrangère commune basée sur une approche consensuelle et multilatérale. Bien que R. Kagan affirme la nécessité d'une Europe forte au sens de l'intégration (rendant presque impossible tout conflit), il semble défendre l'idée qu'elle devrait (et par la force des choses risque) de se retirer dans sa tour d'ivoire. [...]
[...] Le postulat que seule la force peut arriver à une fin est une vision très réaliste des relations internationales qui me semble critiquable. Même si le droit international est encore imparfait pour faire totalement face aux défis du monde (son absence de pourvoir coercitif le rend incapable de résister aux menaces demandant une solution rapide et forte), ce sont justement les libertés prises ces dernières années par les États unis à son égard qui le décrédibilisent le plus (intervention en Irak, statut de Rome Il s'agit également de montrer l'exemple! [...]
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