Cinquante ans après la décolonisation, qu'est devenu l'ex-colonisé ? Albert MEMMI tente de répondre à cette question en brossant un portrait sans concessions de l'ex-colonisé. Il « veut les aider en leur disant la vérité ». Pour ce faire, à l'aide du triptyque suivant, « nouveau citoyen » demeuré dans son pays, « immigré » qui vit à l'étranger et « fils de l'immigré » né dans le pays d'accueil, Memmi dénonce en fait les problèmes au sein des jeunes nations décolonisées, des relations entre ex-colonisés et ex-colonisateurs et enfin les conséquences qui en résultent.
[...] Mais l'ex-colonisé immigré se heurtera également à un autre problème, qui est celui de sa descendance. Faute de repères suffisants, le fils de l'immigré affirmera selon son humeur autant je suis français, je suis d'ici que je suis algérien, marocain 31.De même l'école qui aurait pu le sauver le répugne et devient un aspect de son autodestruction 32. Il reproche à ses parents de n'avoir reçu en héritage que le ghetto et le sous-prolétariat, qu'il n'est pas tout à fait français 33 et que le pays de ses parents n'est plus le sien 33. [...]
[...] Les nantis décolonisés ont pris la place des Européens et les nouvelles classes dirigeantes sont même souvent plus aides 3. D'ailleurs, dans ces pays pourvus d'immenses richesses en tout genre, la pauvreté est bien plus présente qu'avant. Les causes en sont la tyrannie et ses corrélats que sont la corruption et le népotisme. Les nantis de ces pays ont rapidement compris que pour garder leur train de vie il ne fallait pas partager les richesses avec le peuple et donc qu'il fallait instaurer un régime fort. [...]
[...] Encore faut-il vouloir changer les choses ! Le portrait du décolonisé se lit à la manière d'un Choc des civilisations de Huntington. Dans un premier temps, subjugué par la franchise de l'auteur, le lecteur est captivé et persuadé de la pertinence des propos tenus. N'est-ce pas là ce que les autres bien-pensants veulent lui cacher ? Mais après réflexion il s'aperçoit qu'il a été dupé. Memmi en voulant bien faire et dire la vérité aux ex-colonisés, à pécher par excès de confiance. [...]
[...] Mais l'immigration engendre aussi systématiquement un inévitable choc des cultures Même si la majorité des immigrés est fortement tentée par l'intégration 18, elle n'est pas aisée. Alors parfois, rejeté par les uns et honnis par les autres, l'immigré va se replier sur lui-même et sur les siens 19. Et l'ex-colonisateur n'est pas étranger à cette situation. Il a toujours éprouvé des difficultés à se défaire d'un sentiment de culpabilité persistant. Aussi on craint qu'en instituant des cours de langue et de civilisations, d'aller à l'encontre des droits et des désirs des immigrés 20. Ne rien faire, a aussi contribué à l'échec de l'intégration. [...]
[...] C'est là vraiment avoir peu de considération pour tous ceux qui se sont intégrés, sans pour autant renier leurs racines. Enfin, le fils de l'immigré est considéré comme un zombi 1. Pour Memmi ils ont tous des problèmes avec la police et l'école. Mais tous ces jeunes issus de l'immigration qui réussissent, n'ont-ils donc aucun mérite ? Memmi les a tout simplement oubliés dans son livre. Enfin, Memmi reste extrêmement angélique voire naïf dans les solutions qu'il apporte aux maux des ex-colonisés. [...]
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