La question des populations civiles dans la guerre est vaste, et peut recouvrir de nombreux sujets, tels que le rôle de l'opinion publique dans la justification et la conduite d'une guerre, l'importance des civils dans l'effort de guerre d'un pays et sa puissance militaire, la protection des civils en temps de guerre, les massacres délibérés de populations civiles, les réfugiés. La définition même de « population civile » est un enjeu dans la mesure où son caractère plus ou moins restrictif donne plus ou moins de marge de manœuvre aux belligérants dans leurs pratiques légitimes envers les civils. Une définition extensive qualifie de civils tous ceux qui n'appartiennent pas à l'armée. Une définition plus restrictive et plus adaptée aux formes de violence moderne conduit à considérer que la population civile est constituée de l'ensemble des non-combattants ; reste alors à estimer où se situe la limite entre combattants et non-combattants. Cependant les textes étudiés se concentrent plus particulièrement sur le problème les différents types d'atteintes subies par les populations civiles en temps de guerre et celui de leur protection.
Dans « Guerre sans morts ou morts sans guerre ? Les paradoxes de l'intervention au Kosovo » , P. Hassner étudie le décalage entre la représentation et les pratiques de la guerre dans les sociétés libérales et celles des sociétés traditionnelles déstructurées par la modernité. Dans l'article « Qu'est-ce qu'un crime de masse ? Le cas de l'ex-Yougoslavie » de J. Sémelin, ainsi que dans le dossier intitulé « L'utilisation politique des massacres » , on s'interroge sur les usages politiques des massacres de civils, à travers une « Introduction théorique : penser les massacres » de J. Sémelin, et des études de cas : « Aspects méthodologiques de la recherche sur les massacres : le cas de la Guerre Civile grecque », de S. N. Kalyvas, « Algérie : les massacres de civils dans la guerre » de L. Martinez, et « Indonésie 1965 : un massacre oublié », de J-L. Margolin. Enfin deux autres articles s'intéressent plus particulièrement à la protection des populations civiles : par l'acceptation et l'application de principes régissant la pratique de la guerre, dans « Why protect civilians ? Innocence, Immunity and enmity in war » de H. Slim et par l'intervention de la communauté internationale dans « La « Communauté internationale » face aux crimes de masse : les limites d'une « Communauté » d'humanité » de B. Pouligny.
A la lecture de ces textes un questionnement commun se dégage : partant d'un postulat de rationalité des acteurs recommandé par l'ensemble des auteurs, quelles sont les motivations des attaques contre les populations civiles et celles du choix de leur protection ?
[...] II La protection des populations civiles A La tradition humanitaire Pour H. Slim, les fondements de la protection des civils en temps de guerre sont la distinction entre les différents groupes qui composent l'ennemi, qui conduit à garantir à ceux qui sont non-combattants ou intrinsèquement innocents une immunité et une protection contre la violence, et la capacité à s'identifier à l'ennemi, c'est-à-dire à lui prêter des fonctions, une identité autres que celles d'ennemi, ce qui permet de le reconnaître comme semblable à soi : on assiste ainsi à l'émergence de la notion de civil. [...]
[...] Kalyvas, Algérie : les massacres de civils dans la guerre de L. Martinez, et Indonésie 1965 : un massacre oublié de J-L. Margolin. Enfin deux autres articles s'intéressent plus particulièrement à la protection des populations civiles : par l'acceptation et l'application de principes régissant la pratique de la guerre, dans Why protect civilians ? Innocence, Immunity and enmity in war de H. Slim et par l'intervention de la communauté internationale dans La Communauté internationale face aux crimes de masse : les limites d'une Communauté d'humanité de B. [...]
[...] Les paradoxes de l'intervention au Kosovo P. Hassner étudie le décalage entre la représentation et les pratiques de la guerre dans les sociétés libérales et celles des sociétés traditionnelles déstructurées par la modernité. Dans l'article Qu'est-ce qu'un crime de masse ? Le cas de l'ex- Yougoslavie de J. Sémelin, ainsi que dans le dossier intitulé L'utilisation politique des massacres on s'interroge sur les usages politiques des massacres de civils, à travers une Introduction théorique : penser les massacres de J. [...]
[...] Cette pression des opinions publiques influe sur la technique et les conceptions militaires, qui s'orientent vers toujours plus de précision et vers des stratégies d'aveuglement et de paralysie de l'ennemi. Dans ce souci constant de préservation des vies humaines, et en priorité celles des soldats occidentaux, l'arme aérienne est privilégiée par les sociétés occidentales, ce qui fait constamment courir le risque d'une dérive. Les bombardements sont efficaces en préparation et en accompagnement d'opérations au sol : s'en tenir à eux pour préserver à tout prix l'opinion, c'est prendre le risque de causer finalement plus de morts alors que l'objectif était d'en éviter et de perdre en efficacité. [...]
[...] Cela peut être aussi de rééduquer les survivants, dans le cadre d'un projet idéologique, comme la Révolution Culturelle de Mao. Le second objectif est identitaire : il s'agit de l'éradication d'un groupe d'un territoire contrôlé ou convoité par un pouvoir. L'effet de terreur peut alors avoir pour but de faire fuir les survivants du territoire, comme dans le cas de la purification ethnique menée par Milosevic en ex-Yougoslavie, ou de détruire totalement un groupe sans laisser de possibilité de fuite, comme dans le cas de la Shoah. Les deux objectifs peuvent se combiner, l'un dominant l'autre. [...]
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