La lettre d'accompagnement sur la question "Géographie des conflits" précise que les candidats au CAPES d'histoire-géographie devront tenir compte, au cours de leur préparation, des "grands débats sur l'aménagement (Grand Paris, nouveaux équipements, nouvelles infrastructures...) ou l'organisation de la gouvernance des territoires (cf. intercommunalités)".
L'ouvrage Géopolitique de l'aménagement du territoire, publié en 2007, est un outil indispensable pour aborder ces problématiques à partir de l'exemple français. Philippe Subra propose une analyse fine de la constellation de conflits liés aux projets d'aménagement (de l'opposition à une infrastructure autoroutière ou ferroviaire à la contestation d'un projet d'équipement -une déchetterie ou un parc éolien par exemple- au niveau local). En appliquant les méthodes de la géopolitique à la question de l'aménagement, il tente de comprendre les enjeux territoriaux de ces conflits et de cerner la logique et les représentations des acteurs mobilisés lors de ces débats. Philippe Subra enseigne à l'Institut Français de Géopolitique de l'Université Paris VIII Saint-Denis. Il collabore régulièrement à la revue Hérodote. Ses travaux portent notamment sur la géopolitique de la région Île-de-France et sur les débats autour de l'aménagement.
Au fil de cette fiche de lecture, nous tenterons de répondre à un certain nombre de questions : Quels territoires sont touchés par les conflits d'aménagement ? Quels types d'aménagements font débat ? Quels acteurs prennent part à ces conflits ? Quelles relations ces acteurs entretiennent-ils ? Comment ces crises se résolvent-elles ?
Tout d'abord, il s'agira de déterminer les raisons qui amènent le géographe à s'interroger sur les conflits liés à l'aménagement. Ensuite, nous nous efforcerons d'analyser les situations conflictuelles dans leur diversité et leur variété. Puis nous reviendrons sur une procédure originale et récente de gestion des conflits portant sur l'aménagement : le Débat Public. Enfin, dans une perspective critique, nous mettrons en évidence certaines limites de l'ouvrage (...)
[...] Cependant, l'absence de références aux conflits étrangers est extrêmement regrettable. L'étude rapide de quelques situations conflictuelles se déroulant dans d'autres pays aurait certainement enrichi l'analyse et permis de souligner les particularités de l'exemple français. En vue du concours, il sera donc nécessaire de se reporter à des travaux abordant les situations conflictuelles dans d'autres régions du monde. B. Un travail un peu daté ? Un peu plus de quatre années se sont écoulées depuis la publication de Géopolitique de l'aménagement du territoire. [...]
[...] Celui-ci décide ensuite si des modifications doivent être apportées au projet. Les débats publics, de plus en plus nombreux, modifient le déroulement du conflit en l'encadrant. En offrant un espace de débat et de concertation aux populations concernées, cette procédure a également l'ambition d'améliorer le processus de décision publique (en le démocratisant). Pour aller plus loin, on pourra consulter le site de la CNDP[8] et visiter le site du débat public sur la LGV Paris- Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon[9] qui se déroule actuellement. [...]
[...] Les facteurs qui expliquent cette multiplication et cette banalisation des conflits sont nombreux. D'abord, l'État n'est plus seul compétent en matière d'aménagement depuis les réformes de décentralisation (régionalisation en 1982 et généralisation des structures intercommunales depuis 1999). Ensuite, de nouveaux thèmes (le développement durable et la protection de l'environnement, la démocratie de proximité) émergent et invitent à remettre en cause de façon radicale les méthodes traditionnelles d'aménagement du territoire. Enfin, de nouveaux acteurs issus de la société civile (associations, collectifs, acteurs socio-économiques) manifestent leur volonté de participer aux processus de décision en matière d'aménagement. [...]
[...] Pour comprendre la dynamique de chaque conflit d'aménagement, il est donc nécessaire de se pencher sur les acteurs mobilisés (le maître d'ouvrage, les élus locaux, les associations de riverains, etc.) et d'étudier le rapport de force qui s'établit entre eux, les logiques et les moyens de leur action, les stratégies qu'ils mettent en place, les représentations qu'ils mobilisent. À travers cette grille d'analyse, P. Subra se propose d'étudier les conflits d'aménagement en soulignant leur diversité. II) La diversité des conflits d'aménagement P. Subra tente, avec Géopolitique de l'aménagement du territoire, de dresser une typologie des conflits d'aménagement. Il ne classe pas les conflits en fonction de leur intensité ou de leur échelle (locale, régionale ou nationale) mais en fonction du rapport que ces conflits entretiennent avec l'aménagement (l'aménagement peut par exemple être rejeté). [...]
[...] Enfin, dans une perspective critique, nous mettrons en évidence certaines limites de l'ouvrage. Un nouveau champ de conflit : L'aménagement du territoire[3] A. Multiplication et généralisation des conflits Depuis les années 1970, les projets d'aménagement et d'équipement sont de plus en plus souvent contestés et remis en cause. Selon P. Subra, ces conflits, qui touchent aujourd'hui l'ensemble du territoire, sont le symptôme de la crise du modèle français d'aménagement du territoire. La période de consensus autour de l'aménagement (notamment lors des Trente Glorieuses) est révolue. [...]
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