"Pétrole et relations internationales depuis 1945" de André NOUSCHI

Résumé du document

La période après la deuxième guerre mondiale est marquée par l'hégémonie des grandes majors pétrolières surtout américaines sur le marché pétrolier et par une surabondance du pétrole.
Le pétrole étant devenu l'une des plus grandes affaires du monde, il constitue la matière première pour une multitude de produits industriels et son importance stratégique a été prouvée par la guerre. Ainsi, jusqu'aux années 1960, la consommation et la production du pétrole augmentent constamment, grâce à la découverte de nouveaux gisements, au développement de la technologie d'exploitation, à la diversification des moyens de transport, à la croissance de la capacité de raffinage, etc. Ces tendances ont mené à une surabondance de pétrole et de gaz...

Extraits

[...] Elles concentrent entre leurs mains tous les domaines : production, le transport, le raffinage, la pétrochimie, la distribution. Toutefois, à partir des années 1960-1970, l'hégémonie américaine se trouve ébranlée par des incertitudes et crises à répétition et par des tentatives de reprise de l'exploitation et de la production de la part des Etats producteurs qui ont reconnu pendant la crise la nature de l'arme du pétrole, à laquelle s'ajoute une valeur politique. La crise de Suez en 1956, rappelle quand même aux deux grandes puissances traditionnelles européennes (la France et la Grande-Bretagne) l'hégémonie économique et pétrolière incontestée des Etats-Unis, Mais les tentatives d'équilibre du mouvement des pays non alliés n'ont pas mené à l'affaiblissement des majors pétroliers. [...]

[...] En historien de la France contemporaine, Nouschi analyse également les relations entre la France et le pétrole dans les relations internationales. Les énergies de substitution, dont l'énergie nucléaire, développées par le gouvernement, le rôle dominant des sociétés pétrolières, la concurrence, la sécurité des approvisionnements et la protection de l'environnement constituent les dernières priorités de l'Etat. Il replace également la politique européenne dans les relations pétrolières en regrettant largement l'absence de politique commune et l'inefficacité de la Communauté Européenne mais en soulignant que la naissance de l'euro pourrait ouvrir une brèche dans le monopole financier du dollar. [...]

[...] André Nouschi rappelle tout au long de son livre que les relations internationales et le pétrole sont indissociables, et notamment que le pétrole, le capitalisme et la puissance des Etats-Unis ont des sorts liés. Nouschi étudie donc le rôle majeur du pétrole dans le monde contemporain et les rivalités qu'il suscite. Son étude commence en 1945, après la Deuxième guerre mondiale alors que les Etats-Unis sont à la tête de la production mondiale de pétrole : il va présenter de quelle manière l'hégémonie américaine semble être remise en cause par différents acteurs (Vénézuela, OPEP). [...]

[...] D'où également la nécessité de contrôler les régions stratégiques. Expliquant les enjeux de chaque région, Nouschi souligne logiquement la place stratégique du Moyen-Orient. Tout ce qui touche à la conjoncture politique de cette zone concerne l'économie du pétrole dans le monde. Des conflits entre Etats arabes et Israël (1956, 1967) aux dissensions interarabes (guerre Iran-Irak, invasion du Koweït par l'Irak), tous ces conflits menacent la production et le ravitaillement des consommateurs. La nécessité de sécurité, de stabilité de la région est donc très grande. [...]

[...] Cela déclenche aussi la guerre Iran Irak en 1980 qui fera naître des dissensions internes qui seront fatales à l'OPEP. En effet, les deux pays s'affrontent impitoyablement au sein de l'organisation, entraînant sa dislocation. L'arme du pétrole est désormais inutilisable, puisque d'une part l'OPEP n'est plus une organisation cohérente et que d'autre part les pays consommateurs ont développé des politiques afin de réduire leur dépendance (énergies de substitution, approvisionnement ailleurs, réduction des importations, etc.). La guerre du Golfe en 1991 confirme ce sentiment : les majors reprennent une position dominante et peuvent imposer leur stratégie. [...]