The National Interest, revue crée en 1985, considérée comme une vitrine du libéralisme voir du néo libéralisme, est moins lue par les universitaires que par les décideurs de Washington. Elle vise à influencer l'agenda politique du pays. C'est dans cette revue que Huntington et Fukuyama ont en premier exprimé leurs théories du choc des civilisations et de la fin de l'Histoire. Paul Wolfowitz, y publie un article en 2000 intitulé Remembering the future dans lequel, il explique quelles devraient être selon lui les leçons à tirer de la guerre froide, et quelle devrait être la politique étrangère américaine de demain. Ce programme résume assez bien le programme néo-conservateur.
Paul Wolfowitz est né en 1943, il est secrétaire d'Etat adjoint à la défense sous la direction de Donald Rumsfeld depuis 2001. C'est le plus intellectuel des faucons de l'administration Bush, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une expérience du terrain (ancien ambassadeur en Indonésie et en Turquie). Comme beaucoup de néo-cons, il a tout d'abord été démocrate. Léo Strauss était son professeur lorsqu'il étudiait les sciences politiques. Collaborateur de Bush depuis 1998, Il vient d'être nommé président de la banque mondiale.
Il faut donc s'interroger sur les orientations de la politique étrangère définie par Wolfowitz.
[...] Ils préfèrent assurer leur sécurité pas leurs propres moyens. On comprend donc pourquoi l'ONU est tant décriée et mise sur la touche par le président Bush : les inspecteurs en désarmement apparaissent comme des personnes faisant gagner du temps à Saddam Hussein pour réarmer son pays, de la même manière que les diplomates européens ont laissé Hitler réarmer l'Allemagne. C'est également ici que l'on trouve l'origine du refus de s'engager dans des traités internationaux comme celui portant sur la CPI : les Etats-Unis ne se lieront pas les mains. [...]
[...] Paul Wolfowitz décrit également la politique étrangère à mettre en œuvre pour accomplir cette tâche. II Les objectifs des néoconservateurs ne peuvent être atteints qu'en modifiant la politique étrangère des Etats-Unis mise en retrait de la négociation au profit de l'unilatéralisme - Les négociations des diplomates sont associées à Munich et à des pratiques européennes dépassées qui n'aboutissent à rien le plus souvent, et peuvent mêmes être dangereuses. Bien que les possibilités d'une nouvelle attaque contre la paix mondiale soient faibles, ce qui est en jeu est trop important pour permettre la complaisance ou la négligence de la responsabilité américaine - Les Etats-Unis préfèrent agir de leur propre chef, en dehors des négociations multilatérales et des organisations internationales si nécessaire Cela implique des leçons à tirer sur l'importance du leadership et de ce dont il s'agit exactement : pas de long discours, pas d'exigences, mais montrer à nos amis qu'ils seront protégés et pris en compte, à nos ennemis qu'ils seront punis, à ceux qui refuseront de nous apporter leur soutien qu'ils vivront avec le regret de l'avoir fait. [...]
[...] Lorsque Kennedy a laissé seuls l'opposition cubaine intervenir dans la baie des cochons, et lorsque Clinton en 1996 a abandonné l'opposition irakienne, ces deux présidents (démocrates) ont pour Wolfowitz envoyé de mauvais signaux, et laissé penser à d'autres dictateurs, qu'ils pouvaient profiter de la faiblesse des Américains pour renforcer leur pouvoir. - Cette mission sert les intérêts des Etats-Unis : ce qui est le plus impressionnant, c'est de constater que très fréquemment, promouvoir la démocratie a en réalité, fait progresser les intérêts américains. Il vaut mieux être entouré de démocraties que de dictatures. [...]
[...] Dans ce cas, ce que le président Bush (père) a accompli était bien plus qu'une libération du Koweït ; mais cette réussite ne sera jamais aussi flagrante que l'échec de Chamberlain Les Etats-Unis se donnent donc le droit d'intervenir de manière préventive, même si leurs intérêts ne sont pas en danger, afin d'éviter plus tard d'avoir à intervenir de manière plus massive. Bush fils a ainsi justifié l'attaque de l'Irak : Saddam Hussein aurait eu l'intention de fabriquer des armes de destruction massive. - Faire la guerre pour dissuader : l'intervention militaire automatique des Etats-Unis dissuadera d'autres pays de mettre les intérêts américains en danger. [...]
[...] La chine par exemple en sachant que les Etats-Unis interviendront si Taiwan est attaquée, ne franchit pas le pas, et laisse Taiwan libre. Conclusion Le 11 septembre a renforcé le programme des néoconservateurs qui s'essoufflait. Mais l'application de ce programme pose beaucoup d'interrogations, puisque les Etats-Unis n'ont pas la capacité d'intervenir dans tous les pays appartenant selon le président Bush à l'axe du mal. [...]
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