Sur l'auteur : François Benaroya est économiste, spécialiste de la Russie et des relations économiques internationales. En poste à plusieurs reprises à Moscou au cours des dix dernières années, il est l'auteur de nombreux articles sur la transition des pays de l'ex-URSS.
Sur le texte : la question centrale du texte tourne autour des organisations régionales et mondiales, des rapports qu'elles entretiennent, de leurs rivalités mais aussi de leurs complémentarités, de la contribution du régional au mondial, du mondial au régional, tout cela pour essayer de déterminer quel niveau est le plus efficace pour la gestion, notamment, des biens publics. Chaque niveau, national, régional ou mondial, a en effet des avantages et des inconvénients bien précis. Pour chaque problème qui se pose, un niveau est plus adapté que les autres, c'est-à-dire moins coûteux et plus efficace. Un mauvais choix peut même avoir des conséquences néfastes en alourdissant par exemple les mesures administratives.
[...] C'est d'ailleurs le problème que rencontrent les organisations régionales qui ne sont pas reconnues de la même manière que les nations. Le multilatéralisme se divise en deux branches : d'un côté le mouvement unipolaire des Etats-Unis et de l'autre le mouvement régional et son chef de file, l'Union européenne. Ainsi, le multilatéralisme devient multirégionalisme ou multilatéralisme régional, dans lequel toutes les organisations régionales forment une sorte de gouvernance mondiale (on peut parler d'un fédéralisme mondial constitué par des Etats-régions). L'ONU, qui garantit la paix et la sécurité, reconnaît les régions et devient, dans ce cadre, le lieu de rencontre et de dialogue entre ces régions (qui doivent pour cela devenir des membres à part entière, au même titre que les Etats). [...]
[...] Chaque niveau ne peut pas se passer de l'autre et tous deux sont autant nécessaires à la compréhension du nouvel ordre mondial émergent. On se place trop souvent dans la logique qui consiste à chercher comment le régionalisme peut être utile au multilatéralisme, mais rarement l'inverse ; comme si le régionalisme n'était qu'une phase transitoire vers un multilatéralisme unique, ce qui ne sera pas forcément le cas puisque, comme exposé précédemment, le niveau régional de gestion des biens publics se justifie parfaitement. [...]
[...] Old and new regionalism Il est une distinction importante à faire entre le nouveau et l'ancien régionalisme[8]. Le new regionalism s'est développé dans un contexte de mondialisation et de gouvernance mondiale, d'organisations internationales, micro-regions have become intimately connected with globalization as well as the other levels of regionalisation Il est beaucoup plus extraverti qu'intraverti. L'ancien régionalisme concernait les relations entre un groupe d'Etats-Nations voisins ; le nouveau régionalisme participe à la transformation de la structure mondiale où des acteurs non gouvernementaux opèrent à différents niveaux. [...]
[...] Au système westphalien fondé sur les Etat souverains va peut-être se substituer un système post-westphalien fondée sur les régions souveraines. Cela est rendu possible par le fait que l'UE est aussi une entité disposant d'un vrai pouvoir politique et d'institutions réellement supranationales pratiquement indépendantes des Etats qui les ont créées et entrant bien souvent en conflit ouvert avec eux - et pire (ou mieux), le droit communautaire s'impose au droit national. L'UE en est même arrivée à avoir des délégations communes dans certaines organisations internationales telle que l'OMC. [...]
[...] La création d'ensembles régionaux permet des moyens de pression et la mise en place de sanctions contre des pays tiers et même dans le cas des Etats-Unis contre d'autres pays (pour des causes pas forcément économiques). L'Union Européenne est aussi visée car elle est vue comme une union protectionniste, ce contre quoi Jagdish Bhagwati lutte ardemment[5]. Les Unions régionales peuvent ainsi représenter un frein à l'échange en favorisant le protectionnisme. Elles sont tentées par l'insularité ce qui entraîne un détournement de trafic. Mais pour Fredrik Söderbaum il n'y a pas d'antagonisme entre les deux formes d'échanges commerciaux et il voit là encore un renforcement mutuel. [...]
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