Cet ouvrage est une deuxième édition entièrement refondue du premier ouvrage portant le même titre (La Norme sans la force. L'énigme de la puissance européenne), par Zaki Laïdi et paru aux éditions Presses de Sciences Po en 2008. La crise géorgienne de 2008 a fait resurgir des questionnements sur les relations internationales jusque-là quelque peu effacées. En effet, cette crise remet sur le devant de la scène de l'étude théorique des relations internationales l'idée de la force.
L'auteur cherche à étudier quelle place l'Union européenne peut occuper dans ce contexte. Ce qui fait la spécificité de cette organisation internationale, c'est bien qu'elle a été créée en opposition à l'idée même de puissance et en dehors de tous rapports de forces. Le projet européen était en effet basé sur une forte coopération économique, ainsi qu'un partage de la souveraineté, pour certains domaines, entre des États qui ont longtemps été en guerre.
Mais aujourd'hui le constat suivant est inévitable : l'Europe ne sera jamais une grande puissance tant qu'elle ne sera pas la garante ultime de sa sécurité. Et actuellement cette hypothèse est très incertaine, voire improbable, puisqu'au sein de l'Union européenne la sécurité reste une prérogative fortement nationale. L'Europe est avant tout un soft power, c'est-à-dire un pouvoir normatif. La question se pose alors de savoir si le pouvoir de l'Europe par la norme est encore crédible aujourd'hui.
[...] Cependant, si elle défend les valeurs du commerce, l'UE prône également celles des valeurs non marchandes. En effet, à cause de sa préférence sociale, elle est très sensible aux questions de bien-être et considère que la libéralisation des échanges n'en est pas forcément toujours un vecteur. Parmi ces valeurs non marchandes, l'auteur nous en présente quelques-unes de façon plus détaillée. Il s'agit tout d'abord de la préférence pour l'environnement et donc la volonté qu'il soit plus pris en compte dans les échanges internationaux. Au niveau européen, l'environnement est de plus en plus intégré aux décisions. [...]
[...] L'Europe est ainsi un espace politique fortement institutionnalisé et qui se construit autour de normes comme la paix, la liberté ou encore les droits de l'Homme. La norme est donc une nécessité pour l'Europe, car elle permet de dépasser la souveraineté des Etats sans l'abolir Selon Zaki Laïdi, il y aurait une volonté de libérer ces souverainetés nationales de tout instinct de conflit, au profit d'une coopération. C'est ce qui se passe depuis la mise en place de la monnaie unique. [...]
[...] La force de l'Europe réside dans sa dynamique normative intérieure très forte, qui conduit à une certaine cohésion de l'ensemble. Il existe en son sein une culture du compromis permettant aux négociations d'aboutir à des résultats satisfaisants pour tous. Dans cette perspective, un Etat ne s'opposera pas à tous les autres Etats sur un sujet. Cela s'est vu lors des négociations internationales portant sur la création d'une Cour Pénale Internationale. La France n'était pas d'accord avec tous les points abordés, mais elle a préféré rejoindre la position européenne. [...]
[...] La question se pose alors de savoir si le pouvoir de l'Europe par la norme est encore crédible aujourd'hui. Pour répondre à cette interrogation, Zaki Laïdi va étudier les différentes caractéristiques de l'Europe, notamment sa préférence forte pour la norme. Puis il resitue cette entité européenne dans un contexte mondial plus large et étudie ses relations avec les autres Etats dans un contexte de mondialisation galopante. Enfin, il réétudie les bases du projet européen afin de savoir si celui-ci est réellement adapté à la situation internationale actuelle. [...]
[...] Mais cette politique met en place une certaine asymétrie au profit de l'UE, qui n'impose pas les mêmes concessions à tous ses partenaires. La Russie a refusé d'être intégrée à cette PEV, car elle considère qu'elle doit avoir un statut particulier dans les rapports extérieurs de l'UE. Pour l'instant, elle demeure une véritable contrainte géopolitique pour l'Europe. Il n'existe en effet aucun point d'équilibre dans les relations euro-russes. La tendance de ces relations s'est inversée depuis 1994. En effet, les premiers accords signés avec la Russie étaient très asymétriques, aux dépens de cette dernière. [...]
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