B. Badie souhaite nous démontrer que la souveraineté est une notion fluctuante, qui marque des épisodes de la vie internationale et évolue avec eux. Cette notion serait aujourd'hui désuète, dépassée, aux vues d'une réalité internationale faite d'économies interdépendantes : nous passons progressivement d'un monde régi par le principe de souveraineté des nations, à un monde ayant pour principe la coresponsabilité de divers acteurs vis-à-vis de questions centrales mettant en jeu l'avenir de la planète.
Si l'analyse internationale est restée pendant un temps prisonnière de ce dilemme, c'est Hobbes et les auteurs de cette lignée qui triomphent de Grotius, le point d'orgue de cette prédominance étant constitué par les traités de Westphalie de 1648, qui mettent en place un système international westphalien fondé sur la souveraineté absolue des Etats tout au long des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
Néanmoins, Badie souligne que ce principe de souveraineté, prétendument absolu, n'a en vérité jamais cessé d'être hybride et imparfait, et donc n'a pas transcendé le temps. A l'appui de cette idée, il prend l'exemple de l'Empire (musulman, chinois et occidental) et de la monarchie. Le premier malmène l'idée de souveraineté par la vassalité : cette relation bilatérale se caractérise davantage par des liens de puissance, puisqu'elle implique de ne pas percevoir l'Autre comme une souveraineté, mettant du même coup à l'écart cette logique.
Aujourd'hui, la souveraineté apparaît donc comme une notion dépassée, inutile. Il n'empêche que l'Etat est toujours là, bien qu'il soit en transaction permanente avec d'autres acteurs, dans un monde d'interdépendances. Badie met en évidence trois rationalités concurrentes avec lesquelles doivent composer les Etats : les acteurs citoyens à l'échelle étatique, les acteurs transnationaux et les entrepreneurs identitaires.
[...] Pourtant, dès le début, la formule est illusoire, à plus d'un titre : la souveraineté est de nouveau une revendication davantage qu'un attribut. (p.40). Puis la réflexion de Badie se poursuit dans le temps, pour aboutir à la mise en place d'États souverains qui s'effectuent en 1648 avec les traités de Westphalie, qui semble marquer l'aboutissement d'une souveraineté gagnant progressivement en absolu, dans le sens de la définition de Bodin, et en pérennité, phénomène accru du fait que le pape est sorti de la scène et que les Souverains le devenaient dans leur seul royaume. [...]
[...] "Un gouvernement partagé", Cahiers de la Torpille, Kime, septembre 1999. "Culture, identité, relations internationales", Études maghrébines "Los factores internacionales dei colapso de los Estados", Revista Mexicana de Ciencias Politicas y Sociales juillet 1997. "Sociologie de l'État revisitée", (avec P. Birnbaum), Revue Internationale des Sciences Sociales, juin 1994. "L'État en développement", L'Année Sociologique "Analyse comparative et sociologie historique", Revue Internationale des Sciences Sociales, août 1992. "Démocratie et religion", Revue Internationale des Sciences Sociales, août 1991. Contributions à des ouvrages collectifs Collaboration régulière à l'État du Monde (La Découverte). [...]
[...] Aujourd'hui, la souveraineté apparaît donc comme une notion dépassée, inutile. Il n'empêche que l'État est toujours là, bien qu'il soit en transaction permanente avec d'autres acteurs, dans un monde d'interdépendances. Badie met en évidence trois rationalités concurrentes avec lesquelles doivent composer les États : les acteurs citoyens à l'échelle étatique, les acteurs transnationaux et les entrepreneurs identitaires. Le nombre infini de coalitions possibles sur la scène internationale déstabilise toute idée de souveraineté, mais la puissance est quant à elle bien là, bien qu'elle ait évolué. [...]
[...] Mais ce phénomène a déjà été théorisé auparavant par Kallen : celui-ci, dans un essai sur le pluralisme culturel en 1915, faisait de la ressemblance intrinsèque entre individus partageant un héritage culturel commun (même s'ils ne l'ont pas choisi), la source d'attachements primaires et fondamentaux. Ces attachements tissent des relations d'appartenance et/ou de solidarité fondées sur des critères comme la race, l'ethnicité, la religion, la nationalité . Le primordialisme postule une spécificité de ces modes identitaires, notamment le caractère évident, irrationnel et profondément ressenti des sentiments qu'ils inspirent. Aujourd'hui, l'un des auteurs les plus pertinents de cette théorie primordialiste est Clifford Geertz. [...]
[...] Les États les plus puissants quant à eux ont compris qu'il ne s'agissait plus de parler en termes de souveraineté, et même de la valoriser : la responsabilité légitime parfaitement leurs actions. II) La préférence pour une approche en termes de responsabilité Progressivement émerge une véritable société civile mondiale, transcendant les frontières, qui se manifeste par la multiplicité des organisations, des acteurs : ce phénomène est le plus souvent bénéfique, lorsqu'il contribue par exemple à soulager la misère, à faire prendre conscience de la nécessité de protéger . [...]
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