Michael Mann, Britannique naturalisé américain, est une des références mondiales de la sociologie historique et politique, qu'il enseigne à l'université de Californie (UCLA). Il est connu pour The Sources of Social Power, une somme en deux volumes où il analyse les fondements politiques, militaires, économiques et idéologiques du pouvoir et de la puissance depuis les origines (le troisième volume, sur l'époque contemporaine, est en cours d'achèvement). C'est donc dans une perspective comparatiste qu'il examine l'évolution contemporaine de l'« Empire américain », ajoutant un nouvel essai à la liste déjà longue des ouvrages sur ce thème. C'est un essai engagé, passionné, véhément parfois, mais servi par une érudition et une réflexion approfondie sur les constantes historiques des entreprises impériales.
[...] Il voudra le bien. Il cherchera à répandre l'ordre et la bienveillance, mais, au lieu de cela, ne parviendra qu'à créer davantage de désordre et de violence ( . ) il faut espérer que les Américains abandonneront volontairement le projet impérial, ce qui permettrait de préserver l'essentiel de l'hégémonie des Etats-Unis C'est avec ce viatique que Mann convie le lecteur à examiner les fragilités du nouvel impérialisme qui n'a cure de régenter directement des territoires et néglige le monde développé ou la plupart des pays du sud pour ne s'intéresser qu'à deux régions d'enjeu stratégique, l'Asie du nord- est, à cause de la Corée du nord, et le Moyen-Orient. [...]
[...] Car il ne peut se contenter de remporter des victoires, de conquérir des territoires. Il doit ensuite les pacifier, une opération qui requiert un niveau de forces élevé : les effectifs de 1,45 millions affichés par les forces armées américaines sont certes nombreux, mais insuffisants pour patrouiller dans le monde entier Les empires du passé s'appuyaient sur des troupes locales, dont la loyauté était acquise moyennant quelques contreparties. Mais les Etats-Unis sont mal outillés, de par leur culture individualiste et égalitaire, pour déléguer les responsabilités du contrôle à des forces locales et pour soutenir, en cas de besoin, une répression de longue durée. [...]
[...] Le seul véritable domaine de suprématie incontestée est celui des marchés financiers et du dollar, qui permettent de financer les déficits budgétaires américains. Mais les Etats-Unis sont là largement dépendants de ces marchés et de leur confiance dans l'économie du pays et sa capacité d'assurer la stabilité mondiale. Que cette confiance soit ébranlée et tout l'édifice serait menacé. Mais pour l'heure, convient Mann, les moteurs tournent et permettent de dégager les surplus à même de soutenir les politiques économiques impériales : sanctions économiques unilatérales, distribution de faveurs économiques (aides financières, prêts, avantages tarifaires . [...]
[...] Michael Mann, Incoherent Empire, Verso, New York, octobre 2003 L'auteur : Michael Mann, Britannique naturalisé américain, est une des références mondiales de la sociologie historique et politique, qu'il enseigne à l'université de Californie (UCLA). Il est connu pour The Sources of Social Power, une somme en deux volumes où il analyse les fondements politiques, militaires, économiques et idéologiques du pouvoir et de la puissance depuis les origines (le troisième volume, sur l'époque contemporaine, est en cours d'achèvement). C'est donc dans une perspective comparatiste qu'il examine l'évolution contemporaine de l'« Empire américain ajoutant un nouvel essai à la liste déjà longue des ouvrages sur ce thème. [...]
[...] ) et promotion de la libéralisation du commerce international. Les montants, relativement faibles, consacrés à l'aide extérieure - 12 milliards de dollars en 2001 - le sont à des fins essentiellement stratégiques, liées à la sécurité, ou utilitaires : près de la moitié est en effet allouée, directement ou indirectement, à la sécurité d'Israël. Quant à la promotion de politiques économiques libérales, elle a été imposée, avec des œillères idéologiques et avec la connivence des autres Etats développés, par des institutions contrôlées par les Etats-Unis, comme le FMI ou la Banque Mondiale, à des pays du sud mal préparés, générant incongruités et désastres - en Amérique latine, en Asie du sud-est - et alimentant l'anti-américanisme. [...]
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