Au cours de sa séance du 24 juin 2009, le Conseil économique, social et environnemental a adopté un avis concernant le message culturel de la France et la vocation interculturelle de la Francophonie. Partant du constat d'un certain nombre d'insuffisances ou de contradictions dans la politique jusqu'ici développée par la France dans ce domaine, mais aussi d'actions déjà engagées et prometteuses, le rapport émet des propositions pour consolider ces dernières et les rendre plus cohérentes.
Ainsi, l'engagement des institutions demeure parfois trop velléitaire, trop dispersé ou trop empreint d'une position d'apparat : il faut donc clarifier les attributions des différentes instances pour rendre cet engagement efficace. Deuxièmement, pour dissiper les soupçons, qui pèsent parfois sur la francophonie, pouvant aller jusqu'à l'accusation de néo-colonialisme déguisé, il convient d'en redéfinir le concept et la politique, dans ses relations avec le désir bien réel que suscite la langue française, et le plurilinguisme. Enfin, c'est en visant, au-delà de simples considérations linguistiques, la diffusion d'un « message culturel français » hérité de la tradition des Lumières que spécificités culturelles et universalisme (par opposition à une uniformisation des cultures) pourront être conciliés et sauvegardés.
[...] Pour pallier au manque de continuité entre la politique culturelle nationale et sa diffusion à l'extérieur, le CESE préconise de transformer CulturesFrance en établissement public culturel et commercial, et de lui confier la gestion des Instituts français. Au niveau de l'Etat Plusieurs structures se côtoient sans réelle coopération, conduisant à une fragmentation de l'action : non seulement l'OIF fait face aux ministères, mais ceux-ci manquent eux-mêmes de coordination, l'action étant scindée entre le Ministère des Affaires étrangères et européennes et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du Ministère de la Culture et de la communication. [...]
[...] Ainsi la Holding Audiovisuel extérieur de la France a certes une dimension politique et médiatique : il s'agit de renforcer la position de la France, mais ceci s'assortit d'une mission culturelle de promotion de certaines valeurs. Parmi les dispositions à prendre pour en améliorer la diffusion, le CESE souligne la nécessité pour TV5 de développer une politique de sous-titrage, de revoir le choix des langues (notamment en faveur de l'arabe), et de diversifier les programmes. Des dispositifs d'aide à la production et à la distribution sont déjà en place, comme Programme Média, et bientôt Média Mundus. [...]
[...] Le CESE estime que la France doit multiplier ses initiatives, par exemple en prolongeant sa réflexion sur le patrimoine européen, ou en créant à Paris un forum intitulé La culture européenne existe-t-elle ? C'est en effet par le biais d'une culture européenne déjà tangible que la francophonie pourra insuffler dans une culture à échelle mondiale son refus de la standardisation et de l'uniformisation. Il ressort du rapport du Conseil économique, social et environnemental sur la Francophonie que la vocation interculturelle de la France doit s'incarner dans une visibilité institutionnelle qui ne peut néanmoins pas faire l'économie de la prise en compte de multiples diversités : la diversité inhérente à la Francophonie elle-même, en vertu de laquelle plusieurs rapports différents à la langue française sont possibles, mais aussi celle qui émerge de la confrontation avec d'autres langues qui véhiculent d'autres cultures. [...]
[...] Des actions comme Afrique et Caraïbes en création y associent une prise en compte de la création contemporaine étrangère. La fonction diplomatique demeure, mais, plus profondément, l'art est un facteur de dialogue entre les peuples, notamment dans certains lieux qui lui sont dédiés : les galeries, qui peuvent procéder à des échanges (ainsi, entre Paris et Berlin), les résidences d'artistes, dont il convient de coordonner les programmes. De manière générale, le CESE préconise une aide accrue aux professionnels qui véhiculent le savoir-faire et l'image de la France. [...]
[...] Au-delà de l'aspect linguistique, en effet, la Francophonie doit viser à faire partager un message culturel qui, en tant qu'état d'esprit faisant une large place à la diversité, est traductible en une infinité d'actions, et non pas seulement de langues. Source Le message culturel de la France et la vocation interculturelle de la francophonie KRISTEVA-JOYAUX Julia; FRANCE. Conseil économique, social et environnemental 09/07/2009 Rapport public disponible sur http://larecherche.service- public.fr/df/oxide?criteriaContent=Culture&page=resultatsrapports&action=lau nchsearch&DynRubrique=&DynCorpus=&DynDomain=BRPThemes Julia Kristeva Joyaux, est docteure ès lettre, psychanalyste, philosophe et écrivain français d'origine bulgare. Le Conseil économique, social et environnemental a pris la suite du Conseil économique et social lors de la révision de la Constitution en juillet 2008. Il a une fonction essentiellement consultative. [...]
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