John Mearsheimer et Stephen Walt sont respectivement professeur de Sciences Politiques à l'Université de Chicago, et directeur des études et professeur de Relations Internationales à la Kennedy School of Government d'Harvard. Ces deux politologues ont travaillé de concert sur l'influence du lobby pro-israélien sur la politique étrangère américaine.
Ce travail de recherche et de compilation des données a rencontré de vives critiques suite à la parution de leur article en mars 2006 dans la London Review of Books. Suite à la polémique, les auteurs, bien conscients d'avoir soulevé un énorme tabou de la politique américaine, ont décidé d'écrire un ouvrage.
Les auteurs adoptent une approche réaliste dans la définition du Lobby et de son influence sur la politique étrangère américaine. Partant du constat d'une aide matérielle et financière conséquente, ainsi que d'un soutien diplomatique manifeste des États-Unis vers Israël, Mearsheimer et Walt exposent les motifs stratégiques et moraux utilisés en guise de justification. Cependant, après avoir démontré l'insuffisance de ceux-ci, le lecteur comprend que cette relation privilégiée est le fruit de l'influence politique du lobby, « travaillant activement à l'orientation de la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien » . L'objectif des auteurs est par conséquent de démontrer via de nombreux exemples historiques et présents que cette politique est non seulement contraire aux intérêts américains, mais également aux intérêts israéliens à long terme.
[...] Pourtant, malgré cette censure le lobby pro-israélien est fier de sa propre influence et la revendique, sans pour autant permettre un débat sur celle-ci. Le pouvoir du Lobby est accentué par le manque d'opposition sur les questions relatives au Moyen-Orient. La représentation des intérêts arabes s'avère aujourd'hui plus que nécessaire pour la Région, déchirée par des conflits en tout genre. Malgré la fragmentation manifeste des Communautés arabes, celles-ci doivent prendre conscience de leur absence et des conséquences de celle-ci, pour l'avenir de la Région. [...]
[...] Il est bien entendu aisé de critiquer, cependant lorsque l'on compare le destin européen et arabe, les interrogations fusent. En effet, malgré les dissensions et fissures profondes dans le monde arabe, ces États disposent d'un énorme potentiel pour créer un espace fort avec des institutions propres, à savoir une unité linguistique, culturelle et religieuse en majorité. Ces capacités représentaient par ailleurs autant de défis lors de la construction européenne. De plus, la Ligue arabe, fondée en 1945 déjà, pourrait constituer le point de départ de la cohésion arabe, et devenir la structure institutionnelle des voix arabes sur la scène internationale. [...]
[...] Tertio, au-delà des caractéristiques propres à la société américaine, la Communauté Juive présente de nombreux atouts pour le travail du Lobby. En effet, celle-ci est relativement prospère, cultivée et dotée d'une longue tradition philanthropique En effet, une majorité de la Communauté est engagée envers Israël, à degré variable certes, mais constitue une base solide et non-négligeable pour l'action pro- israélienne . Quarto, le Lobby bénéficie d'un impressionnant niveau de ressources, de compétences et de groupes de travail spécialisés en divers domaines. [...]
[...] L'efficacité du lobby pro-israélien tient également donc au fait qu'il n'existe pas d'opposition réelle à son action. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les lobbies pétrolier et arabe n'ont pas de poids significatif sur la politique menée par les États-Unis au Moyen-Orient, qui aurait sans nul doute été différente dans le cas contraire, notamment en Irak. Les principales raisons de ce déficit ne résident dans le fait qu'il n'existe pas aux États-Unis un ancrage arabe suffisant et que le gouvernement, bien conscient de ses intérêts stratégiques, surtout énergétiques dans la région, ne considère pas l'existence d'un lobby les relayant, comme nécessaire. [...]
[...] Cependant, le lobby pro-israélien est complexe à délimiter, étant donné la diversité de ces composantes. Dans une définition large, nous pouvons considérer comme faisant partie du lobby, toute personne ou groupe travaillant activement à orienter la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien et partageant la même conviction, à savoir que les États-Unis doivent procurer une aide diplomatique, économique et militaire conséquente à Israël, et ce, également dans le cas où Israël poursuit une politique à laquelle s'oppose les États-Unis[2]. [...]
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