Dans ce long récit chronologique Roméo Dallaire, commandant des Forces de la Mission d'Assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) et chef des observateurs militaires de la MONUOR d'octobre 1993 à août 1994, s'efforce de surmonter son syndrome de stress post-traumatique afin de témoigner de son expérience du génocide rwandais. Il ambitionne de participer à la compréhension des événements en y ajoutant la terrible réalité que sont « les bruits, la pestilence, les ravages, les scènes d'actes inhumains » (p°13), tout ce dont ne peuvent pas rendre des travaux historiques fondés sur des recherches d'archives. Militaire, il compte également faire profiter des leçons tirées de ses échecs et de ses réussites les futures opérations de maintien de la paix.
Revenu de sa fascination initiale, Roméo Dallaire permet au lecteur de dépasser l'image prestigieuse de « la miroitante tour de verre du siège des Nations Unies » (p°81) pour pénétrer les arcanes de son fonctionnement. L'auteur bénéficie pour ce faire à la fois de l'expérience de responsabilités importantes dans l'une des missions les plus emblématiques de l'organisation, ainsi que d'une distance critique du fait de son statut de militaire canadien, étranger au mode de pensée des fonctionnaires onusiens.
[...] Mais c'est dans l'évocation de la troisième force attisant la haine anti- Tutsi et planifiant le génocide, que le général Dallaire est le moins convaincant : il se contente alors de la décrire en creux, comme un agent mystérieux et organisé dont il pressent seulement l'existence. A côté des véritables responsables du génocide[4], l'auteur désigne de toute évidence un deuxième cercle de responsabilités. A commencer par les dirigeants du FPR, dont l'intransigeance a contribué au blocage politique. La critique la plus intéressante est à l'encontre de Paul Kagame : selon lui, l'offensive victorieuse conduite par le stratège du FPR aurait pu être plus fulgurante et mettre fin plus rapidement au génocide. [...]
[...] Lieutenant général Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable : la faillite de l'humanité au Rwanda Introduction Dans ce long récit chronologique Roméo Dallaire, commandant des Forces de la Mission d'Assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) et chef des observateurs militaires de la MONUOR d'octobre 1993 à août 1994, s'efforce de surmonter son syndrome de stress post-traumatique afin de témoigner de son expérience du génocide rwandais. Il ambitionne de participer à la compréhension des événements en y ajoutant la terrible réalité que sont les bruits, la pestilence, les ravages, les scènes d'actes inhumains tout ce dont ne peuvent pas rendre des travaux historiques fondés sur des recherches d'archives. [...]
[...] Malgré l'emphase du chapitre de conclusion, servant essentiellement à appuyer son argumentation, Roméo Dallaire ne se fait pas le grand inquisiteur du naufrage du processus de paix au Rwanda. Il n'empêche, le récit détaillé de la création de la MINUAR et de son installation, des réunions informelles et officielles, des médiations entre le FPR et le gouvernement en place, puis de la gestion de crise après le déclenchement du génocide, le conduisent à donner ses impressions sur les acteurs, leur degré de bonne volonté et de compétence. [...]
[...] Plus étonnante encore est son ignorance de l'Afrique couplée à la fascination qu'elle lui procure[7]. Lucide, Roméo Dallaire reconnaît la conception exotique qu'il a de l'Afrique. Le terme est pleinement justifié si l'on pense à la définition qu'en donne Tzvetan Todorov : c'est précisément ce que l'exotisme voudrait être, un éloge dans la méconnaissance. Tel est son paradoxe constitutif Mais s'il admet volontiers avoir échoué, il n'omet pas de désigner les responsables politiques de la mission, car il n'était que l'exécutant du mandat qui lui avait été confié. [...]
[...] Le général Dallaire a témoigné en 1998 et en 2004 comme témoin de l'accusation à son procès devant le TPIR. La responsabilité du génocide rwandais incombe exclusivement aux Rwandais qui l'ont planifié, commandé, supervisé et finalement dirigé p°632. le feu sacré qui animait cet homme extraordinaire p°210. Jacques-Roger Booh Booh, Le Patron de Dallaire parle : révélations sur les dérives d'un général de l'ONU au Rwanda, Duboiris les récits des missionnaires portant sur le ‘Continent noir' me fascinaient. Par conséquent, mes connaissances rudimentaires sur l'Afrique étaient démodées et teintées d'eurocentrisme p°78. [...]
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