Le leadership américain: résumé du livre de Joseph Nye, 'Quand les règles du jeu changent'

Résumé du document

En 1989, la moitié des américains sont convaincus que leur pays est sur la pente du déclin. Pour faire face à cette situation, beaucoup d'entre eux pensent que la réduction du nombre des engagements internationaux des Etats-Unis est nécessaire. Selon Nye, de telles idées présentent deux défauts majeurs. D'une part, Nye estime qu'une telle politique de renonciation serait prématurée et pourrait même engendrer le fléchissement de la puissance américaine qu'elle est supposée éviter. D'autre part, ce débat détourne l'attention de la véritable question : comment le pouvoir se modifie-t-il au sein du monde politique international ?

Extraits

[...] De la réponse à cette question découlera l'avenir de l'Europe sur la scène mondiale. Quant au Japon, si sa puissance économique a connu, au cours du siècle, une croissance spectaculaire, sa puissance future dépendra en grande partie de sa capacité à abandonner sa stratégie néo-mercantiliste pour éviter des représailles qui lui seraient dommageables. En outre, des interrogations importantes demeurent sur ses ressources de pouvoir les moins tangibles telles que sa cohésion nationale, l'universalité de sa culture et sa capacité d'influencer les institutions internationales. [...]

[...] Nye dénonce en effet le fait que toute comparaison sérieuse soit rendue impossible par le fait que la plupart des théoriciens des changements d'hégémonie (parmi lesquels les théoriciens du passage de la pax britannica à la pax americana) tentent de modeler l'histoire selon leurs propres théories, s'attachant avec obstination à telle ressource de puissance tout en dédaignant toutes les autres. Toujours est-il que le débat sur le déclin américain montre bien l'enjeu des réflexions en cours : peut-il y avoir encore des puissances hégémoniques après la guerre froide ? Quelle définition de la puissance retenir si tant est qu'il puisse exister une définition statique, universelle et pérenne de ce terme ? [...]

[...] Le leadership américain ou la réfutation de la thèse du déclin américain A-. Les Etats-Unis et le débat décliniste Ce débat s'est imposé à l'Amérique reaganienne dans la seconde moitié des années 1980 et a atteint son apogée 1988 avec la parution de l'ouvrage de Paul Kennedy " Naissance et déclin des grandes puissances Dans cet ouvrage, qui eut un énorme retentissement, Kennedy s'appuie sur une comparaison historique des puissances dominantes qui se sont succédées depuis le seizième siècle (Espagne, Pays- Bas, France, Grande-Bretagne et Etats-Unis) pour constater que leur déclin a toujours commencé lorsque leurs dépenses militaires devenaient excessives au regard de leur économie. [...]

[...] Selon lui, dès la fin des années 1940, la domination que semblait annoncer la prépondérance économique américaine, loin d'être hégémonique, était limitée de facto par les réalités de l'équilibre militaire bipolaire. Pour Nye, les théoriciens du transfert d'hégémonie ont donc eu tendance à surestimer l'influence qu'assurait à l'Amérique sa prépondérance au cours de l'immédiat après-guerre. Nye dresse ainsi le constat suivant : si la puissance des Etats-Unis, analysée en terme de ressources et d'influence, n'est évidemment plus ce qu'elle fut dans les années 1950, ce déclin ne doit pas pour autant être exagéré. [...]

[...] De plus, alors que l'Empire fut la proie du nationalisme et cessa de ce fait de former une base fiable pour les plans stratégiques britanniques, les Etats-Unis demeurent, eux, depuis 1865 du moins, imperméables à toute désintégration nationaliste. Troisièmement, les américains ont toujours eu un choix plus vaste que les britanniques quant aux modes et aux niveaux de leur engagement de défense. Enfin, si en 1900, l'Angleterre devait affronter des concurrents en pleine expansion (l'Allemagne, les Etats-Unis et la Russie), le principal concurrent des Etats-Unis est lui en grande difficulté. En effet, l'Union Soviétique souffre d'une extension excessive, domine un empire d'Europe centrale instable et connaît une décélération croissante de son économie. [...]