Issue d'un travail de spécialistes, cette problématique est une grille de lecture et d'interprétation extrêmement convaincante du système international. Plus encore, les auteurs s'interrogent sur les sources de ce nouvel ordre mondial (pas seulement la Guerre froide) mais aussi sur ses conséquences possibles et sa nature, transitoire ou définitive. Cet ouvrage présente une réflexion particulièrement intéressante sur le nouvel ordre mondial (I). Il est d'un intérêt majeur pour l'analyse des relations internationales (II)
[...] Aussi, se demandent-ils si la problématique de sens ne pourrait pas être réintroduite. Le concept de sens recouvre une triple signification : une représentation globale du monde, une ambition à répandre des valeurs que l'on croit universelles et enfin la présence de modèles. L'analyse des cas du Japon et de l'Allemagne amène à penser que ces puissances refusent de faire sens par elles mêmes, sauf à un échelon régional : " le sens de la puissance allemande est donc à comprendre comme une capacité à apporter des réponses à des problèmes d'organisation politique, économique et sociale, sans réelle volonté d'en étendre les bienfaits au reste du monde " (p. [...]
[...] Théorie séduisante, elle n'est toutefois pas la seule. On pourrait par exemple considérer que la véritable rupture de 1989, est la fin du modèle classique de l'Etat nation (la guerre froide s'inscrirait alors plutôt dans le prolongement des traités de Westphalie). Surtout, cet ouvrage peut parfois paraître cynique dans sa vision de l'histoire et des relations et politiques diplomatiques. Ainsi, l'Allemagne est comprise comme une " puissance hégémonique " dont la politique est orientée autour de deux pôles : la stabilité et la subversion. [...]
[...] Mais, dans un monde de plus en plus interdépendant, où la mondialisation joue à plein, il pourrait sembler que l'ordre n'a jamais été aussi bien assuré. C'est cette conjonction de forces contraires voire même apparemment antagonistes que les auteurs mettent en évidence. Cet ouvrage est donc d'un intérêt extrêmement marqué pour quiconque essaye de penser le monde moderne comme système international. Même si cette grille de lecture ne prend pas en compte l'ensemble des phénomènes ou problèmes qui se posent dans le monde actuellement (la question écologique par exemple est passée sous silence de même que la montée des acteurs infra- ou supra-étatiques), elle en aborde une grande part de manière extrêmement convaincante : la notion de puissance, le besoin de sens et en même temps son absence dans nos sociétés (du fait de la disparition d'un point de référence notamment) . [...]
[...] Les deux pôles de la puissance, l'économique et le politique, sont en tension et on assiste à la fin du primat du politico-militaire sur l'économique. Or ceci ne s'explique pas uniquement par la fin de la Guerre froide mais aussi par l'idée de la " non fongibilité des vecteurs en puissance " (p. 19) : puissance politique et puissance économique empruntent des trajectoires de moins en moins corrélées. Cette idée est appuyée par le fait que les Etats-Unis (la grande puissance militaire mondiale) n'arrivent pourtant pas à imposer leur volonté économique à l'Allemagne ou plus encore au Japon (déséquilibre de la balance extérieure). [...]
[...] Trois ans seulement après la chute du Mur, cette affirmation pourrait paraître prématurée. Aussi, les auteurs s'attachent-ils à mettre en évidence l'idée de la non fongibilité des vecteurs en puissance (économique/politique). S'il est encore difficile en effet de mettre à jour un nouveau sens à l'histoire, cela n'implique pas toutefois que toute idée de sens aurait disparu définitivement. Elle pourrait, par exemple, être prise en charge à un niveau non étatique, par des ONG notamment ou à travers les opinions publiques. [...]
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