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Cette recherche, à la portée pluridisciplinaire, tente d'amener des éléments de réponse à la question des mutations de l'occupation de l'espace et des conflits qui en résultent, en proposant une mise en lumière des différentes problématiques liées à la territorialisation des conflits engendrés par les usages des acteurs. Kirat et Torre rappellent tout d'abord que les différentes propensions des acteurs territoriaux quant à l'usage des espaces sont le plus souvent incompatibles entre elles. Pour illustrer ce genre de propension on peut prendre pour exemple l'étalement résidentiel et le processus de périurbanisation qui jouent sur les espaces ruraux, ou bien encore les questions traitant de la gestion des espaces dits "naturels", et qui servent donc à alimenter les manifestations de clivages et de tensions entre les différents acteurs. Le lien établit entre la notion de territoire, d'espace et celle de conflits revêt ici une importance singulière et donne un premier axe de réflexion aux chercheurs.
Des travaux, antérieurs à l'ouvrage et au colloque, ont été réalisés dans cette thématique du conflit en lien avec le territoire et portaient sur la multifonctionnalité des espaces ruraux, l'évolution des débats publics liés aux aménagements du territoire, ou encore sur la gestion des usages des espaces et qui ont permis de dégager plusieurs phénomènes qui semblent essentiel à l'explication des évolutions des conflits liées aux mutations territoriales. Kirat et Torre en relèvent cinq d'importance majeure : la multiplication des confrontations entre les différents acteurs (individuels, collectifs et institutionnels) à propos de la localisation des activités susceptibles de porter atteinte aux intérêts des acteurs, à leur confort de vie, et à l'environnement ; la montée des revendications locales démontrant l'augmentation de l'implication d'acteurs jusqu'à présent absents des débats ayant trait à l'aménagement du territoire ; la modification des réglementations et de l'encadrement juridique des permissions d'utilisation des sols ; la difficile élaboration de prise de position publique due à des intérêts contradictoires émanant des différents acteurs ; enfin la complexification de la gestion des conflits et sa difficile mise en oeuvre à des niveaux d'échelles différentes (...)
[...] De ces travaux Thierry Kirat, André Torre et les autres chercheurs s'attellent à une question transcendant les différentes disciplines des sciences sociales : celle de la territorialisation des conflits d'usage des espaces et des ressources. Qu'il s'agisse du partage de l'espace pour sa possession ou son aménagement, de la présence de groupes d'acteurs ayant un poids dans la gestion et l'organisation des territoires ou encore de projets liés à l'aménagement et la mise en valeur des territoires nous pouvons d'autant plus percevoir le lien quasi-indissociable des conflits et du territoire. [...]
[...] Dans une troisième partie Les conflits d'usage, entre règles et négociations, sont traitées les différents modes de gestion des conflits : tant public que privé et sous entendant qu'un ensemble de règles vient rythmer ces procédures. Les usagers, salon David Aubain[5], règlent leurs rivalités par eux même au lieu d'attendre l'intervention de l'État. Cette résolution s'effectue par une activation de règles (les droits à la propriété, les droits d'usages, etc.) et à une confrontation de celles-ci pour parvenir à un accord rapidement. [...]
[...] Kirat et Torre rappellent tout d'abord que les différentes propensions des acteurs territoriaux quant à l'usage des espaces sont le plus souvent incompatibles entre elles. Pour illustrer ce genre de propension on peut prendre pour exemple l'étalement résidentiel et le processus de périurbanisation qui jouent sur les espaces ruraux, ou bien encore les questions traitant de la gestion des espaces dits naturels et qui servent donc à alimenter les manifestations de clivages et de tensions entre les différents acteurs. Le lien établit entre la notion de territoire, d'espace et celle de conflits revêt ici une importance singulière et donne un premier axe de réflexion aux chercheurs. [...]
[...] Cependant les auteurs dégagent une limite certaine à ce genre de procédé : la non-flexibilité pour certains types de conflits car trop dépendant de la volonté politiques des acteurs et de leur degré d'implication. Enfin dans une ultime partie Conflits, institutions et politiques, l'idée centrale exploitée par les différents contributeurs est l'analyse des conflits d'usages d'un point de vue institutionnel sur les politiques publiques ou la structuration des droits de propriété. Jean-Christophe Paoli[7] dans sa contribution effectue son analyse en examinant l'approche des conflits par la presse quotidienne régionale (PQR) en Corse : il en tire la conclusion que selon l'institution qui est appelée à réguler un conflit, celui-ci sera classé différemment. [...]
[...] Sans pour autant amener des idées nouvelles l'ouvrage vient remettre à l'ordre du jour, dresser un état des lieux de la réflexion en matière de conflits issus des changements d'utilisations, d'occupations de l'espace et du territoire. On regrettera par ailleurs l'absence d'une conclusion générale rassemblant les principales pistes à arpenter pour les chercheurs à la suite des travaux menés dans le livre. Cette approche permet de mettre en évidence plusieurs choses. Cette thématique place une fois encore la géographie dans une collaboration transversale avec les autres sciences humaines : la compréhension des conflits d'usages requiert des approches autres qu'uniquement géographique et fait appel à la psychologie, la sociologie, la philosophie pour parvenir à cerner les représentations, les images construites des sujets de discordes et de leurs cadres. [...]
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