Politique économique. Fond Monétaire International. Institutions financières internationales.
L'ouvrage se concentre essentiellement sur la critique des institutions financières internationales et plus particulièrement celle du FMI ( idéologie, action entreprise, résultats). La grande désillusion a donc le mérite de poser clairement, à travers le FMI certaines dérives fonctionnelles de la mondialisation.
[...] Un autre exemple évoqué par Stiglitz est celui de la Chine, qui a commencé par la création d'un cadre institutionnalisé de l'économie de marché: système de double prix (certains libérés, d'autres contrôlés), création d'entreprises et d'une COB (Commission des Opérations de Bourse), système de « joint-venture » (coopération à long terme, désignant un accord entre deux partenaires issus de pays différents qui consiste en l'acquisition ou la création conjointe d'une filiale commune sur le marché du partenaire étranger), mais surtout un refus d'ouverture brutale du marché financier. Dans tous les cas, les réussites ont été le fait de pays ayant choisi la voie nationale et gradualiste. [...]
[...] De plus, l'institution a investi des milliards de dollars dans le but de soutenir des monnaies surévaluées. Ainsi, elle a fait fi du contrat social, et elle est accusée par certains économistes « d'être le défenseur du capitalisme et d'avoir transformé sa mission. » Toutefois, le FMI mis à mal par l'auteur conserve une vertu entre toutes, celle du « prêteur en dernier recours », acceptant de réaliser des prêts lorsque les autres sources de financement les refusent. La crise Asiatique débute en 1997avec la chute brutale du Bath thaïlandais (aux 3/4 de sa valeur) résultant, selon Stiglitz, de causes diverses : la libéralisation du système financier en tant que facteur déclencheur des fuites de capitaux, l'austérité budgétaire fatale à une économie en récession et les restructurations imposées par le FMI en matière financière (notamment la fermeture des banques, contraintes d'abandonner leurs clients locaux). [...]
[...] Ainsi, les réformes rapides voulues par le FMI ont abouti à un pillage certain des actifs nationaux par les oligarques. Par ailleurs, l'Etat s'est vu dans l'incapacité d'assurer le paiement des retraites. Enfin, le FMI a incité l'emprunt Russe en devises étrangères et la dévaluation du rouble dans les trois semaines suivant l'obtention du prêt a achevé la ruine du budget étatique, plongeant le pays dans une grave crise financière. La solution adoptée a provoqué « la braderie du siècle : l'équipée sauvage de la Russie du communisme au capitalisme. [...]
[...] L'auteur a disposé d'une abondante documentation lui permettent une présentation efficace de son propre point de vue défendu ici. Cependant, il convient de souligner, d' une part, que celui-ci n'a pourtant pas l'apanage de la critique du FMI, déjà annexée par différents économistes également prix Nobel et, d'autre part, que la réforme du Fond s'annonçait déjà avant la parution de son ouvrage. Les attaques personnelles de l'auteur à l'encontre de ses anciens collègues (Le français J.Camdessus mais surtout l'Américain Fisher, accusé sans preuves apparentes d'avoir été littéralement acheté par Wall Street) sont déplaisantes, mais l'œuvre a soulevé une vague d'enthousiasme dans les milieux hostiles à la « mondialisation libérale » et met en lumière un certain nombre des problèmes majeurs de notre temps au-delà de la critique du FMI, notamment la « financiarisation » dangereuse de l'économie mondiale avec des relations financières internationales trop largement déconnectées du secteur économique réel. [...]
[...] La grande désillusion s'érige en pamphlet dont l'auteur engage une réelle polémique avec les dirigeants du FMI tant sur l'inefficacité des méthodes employées que sur les solutions qu'ils proposent au développement des pays les moins avancés. Le style est vif, les mots souvent blessants. Stiglitz dresse véritablement un acte d'accusation en soumettant l'octroi des prêts à ce qui s'apparente à un réel tribunal. Si dans un premier temps, le FMI est à la fois juge et parti, Stiglitz s'érige finalement lui-même en juge devant le « tribunal de l'histoire » : les phrases courtes et péremptoires, au caractère incisif semblent finalement toucher au cœur de la nécessité de l'existence d'un FMI dont les décisions s'égarent. [...]
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