Susan Strange, laisse derrière elle, une œuvre importante sur les relations internationales. Cependant, son nom, empreint de notoriété et de révérence, ne saurait être dissocié de la maternité d'une nouvelle approche en relations internationales : l'économie politique internationale (EPI) ou mondiale. Le dessein poursuivi par cette approche, est de permettre, grâce à de nouveaux outils, une meilleure lisibilité de l'exercice du pouvoir dans une économie mondialisée.
Bien que britannique, et en dépit des condamnations théoriques renouvelées qu'elle fit aux universitaires américains, Strange eut l'honneur d'être élue présidente de l'International Studies Association (ISA), qui regroupe les sommités américaines des relations internationales.
Les premiers balbutiements de l'EPI, survinrent presque simultanément aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, au début des années 1970. Historiquement, l'article de Susan Strange « International Economics and International Relations : a Case of Mutual Neglect », paru dans la revue International Affairs, en 1970, fonde les approches en termes d'EPI. Arrêtons nous y un moment car il dessine les contours de la pensée strangienne.
Susan Strange, va apporter des analyses novatrices sur trois plans. D'abord sur le plan du questionnement : comment le système politique international en général, et les Etats en particulier, vont-ils s'adapter aux mutations que connaît le système économique international ? Son questionnement, va récuser l'argument réaliste selon lequel la montée en puissance des acteurs économiques transnationaux, auxquels s'intéressent en même temps les Américains Robert Keohane et Joseph Nye, ne ferait qu'accroître les affrontements politiques des Etats-nations.
Ensuite, sa méthode diffère de celles proposées jusqu'à maintenant. Son originalité, réside dans cette volonté de fusionner la science économique et la science politique, parce que ce découpage académique ne rendait qu'une intelligibilité parcellaire du monde : « It is now more than 20 years since I and others first pleaded for an end to the long and harmful divorce of politics and economics in the study of the world system ». Cette interdisciplinarité, qui s'oppose au courant réaliste, est donc la posture épistémologique de ses recherches. Elle deviendra le point de départ, et le fil conducteur permanent de toute son œuvre.
Elle va enfin se lancer dans trois pistes de recherche ; à savoir le rôle de la finance internationale sur la souveraineté des Etats, le rôle des firmes multinationales, le rôle des régulations internationales. Cependant, cet article n'est qu'une ébauche. La problématique de sa réflexion, paraîtra dans un article de 1975 : la compréhension du système international, ne peut reposer que sur une politique centrée sur l'analyse du pouvoir, de ses sources, et de sa dynamique.
L'EPI s'institutionnalise comme discipline dans les années 1980, et s'épanouit vraiment dans les années 1990 dans le monde anglo-saxon.
Raymond Aron, dans ses Mémoires, reconnaîtra avoir sous-estimé l'importance de l'analyse du marché mondial. Stanley Hoffmann, quant à lui, comparera le monde à un autobus dont le conducteur, serait l'économie planétaire.
Pour s'initier aux travaux de Susan Strange, intégrer ses raisonnements sur la mondialisation de l'économie, l'article de Jonathan Story, paru dans Problèmes économiques n°2724, semble idoine. Intitulé « Le système mondial de Susan Strange », il est un hommage à un des spécialistes les plus éminents des relations internationales. L'article révèle les traits majeurs que développe Strange dans son ouvrage : The Retreat of the State. The Diffusion of power in the World Economy. Son observation est la suivante : depuis les années 1960, l'économie politique mondiale a connu des mutations fondamentales, qui ont notamment transformé la répartition du pouvoir entre Etats, marchés et firmes multinationales.
La première partie du devoir s'intitulera (I) Les caractéristiques de l'EPI de Susan Strange. Dans la seconde partie, nous aborderons la réception de l'EPI de Susan Strange (II).
[...] Intitulé Le système mondial de Susan Strange il est un hommage à un des spécialistes les plus éminents des relations internationales. L'article révèle les traits majeurs que développe Strange dans son ouvrage : The Retreat of the State. The Diffusion of power in the World Economy. Son observation est la suivante : depuis les années 1960, l'économie politique mondiale a connu des mutations fondamentales, qui ont notamment transformé la répartition du pouvoir entre Etats, marchés et firmes multinationales. La première partie du devoir s'intitulera Les caractéristiques de l'EPI de Susan Strange. [...]
[...] Elle peut tout autant, être proposée contre quelqu'un ou quelque chose. Celle qui fut présidente de l'ISA, rejetait les théories bien instituées et dominantes de son époque en économie, comme en relations internationales[4]. Elle avait fini par considérer, que son travail se trouvait hors de la pensée dominante, et constituait en pratique, une approche critique[5]. La théorie de la stabilité hégémonique ainsi, fut critiquée. Elle lui reprochait son approche du pouvoir en termes de ressources matérielles, de hiérarchie fondée sur la domination. [...]
[...] C'est cette définition de la puissance que l'on retrouve dans son œuvre et qui transparaît dans ses analyses des jeux de pouvoir. Le pouvoir structurel, nous donne un schéma de l'EPI, qui établit clairement l'importance de l'autorité. L'attention portée aux structures de pouvoir, force donc à dépasser le cadre des analyses stato-centrées pour s'intéresser à toutes les formes de pouvoir. Susan Strange, admet ainsi l'existence de relations de puissance, en dehors de tout conflit, par le seul jeu de ce que François Perroux, avait appelé l'emprise de structure Comment repérer le pouvoir structurel ? [...]
[...] La multinationalisation des entreprises, en modifiant les rapports de force entre Etats et entreprises, complique les problèmes de citoyenneté et d'allégeance. Il ne faut cependant pas pour autant sous-estimer l'importance des relations entre Etats, qui ne sont pas stabilisées par l'hégémonie américaine. Mais quel auteur, emporte l'adhésion commune et peut se targuer d'être exempt de l'accusation des critiques ? L'économie politique internationale de cet universitaire de premier plan, a le mérite d'avoir grandement nourri la discipline des relations internationales même si sa contribution intellectuelle, a été unique. [...]
[...] II- La réception de l'EPI de Susan Strange L'étude de la mondialisation, concerne les interactions entre l'Etat et le marché. Elles ont été, depuis plusieurs décennies, au centre des travaux du transnationalisme et surtout des analyses se réclamant de l'économie politique internationale, qui conceptualisa les enjeux de la mondialisation. La mondialisation économique, est souvent considérée comme une expansion inextinguible des forces du marché, à la tête desquelles, figurent notamment les firmes multinationales, qui dicteraient aux gouvernements, leur volonté. Susan Strange, s'appuyant sur l'histoire longue, observe que le pouvoir au cours des dernières décennies, dérivé vers le marché. [...]
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