L'auteur cherche à démontrer que ce n'est pas la modernité démocratique qui est rejetée, mais ses déviances et ses arrogances. Il réfute ainsi l'idée de certains selon laquelle les idéaux issus des Lumières seraient aujourd'hui dépassés, insistant sur le fait que, loin d'être obsolètes, ils ont été simplement trahis, d'où le titre de l'ouvrage. L'ouvrage commence par exposer les bases de ce monde contemporain qui serait aujourd'hui en désarroi selon le sous-titre du livre "Enquête sur le désarroi contemporain". Pour désigner notre époque, J.-C. Guillebaud parle d'un "siècle prématuré".
[...] Jean-Claude Guillebaud, "La trahison des Lumières" Jean Claude Guillebaud est un écrivain contemporain qui fût également journaliste dans Sud Ouest, Le Monde ou encore le Nouvel Observateur. Il est l'auteur de très nombreux ouvrages dans lesquels il aborde le monde contemporain comme La tyrannie du plaisir ou Refondation du monde. La trahison des Lumières, publié pour la première fois en janvier 1995 a pour but d'interroger les caractéristiques de la modernité démocratique, un concept dont l'Occident se dit l'inventeur et qui semble aujourd'hui rejeté par le reste du monde. [...]
[...] Pour désigner notre époque, JC Guillebaud parle d'un siècle prématuré Le 9 novembre 1989, date de la chute du mur de Berlin, marquerait ainsi la fin prématurée du 20e siècle. L'effondrement du deuxième grand totalitarisme du siècle marqua l'émergence de la promesse d'un monde réconcilié dans lequel les hommes partageraient pour la première fois des valeurs compatibles et des convictions communes. Mais cet espoir d'un monde apaisé s'est vite effondré, laissant la place à la renaissance des nationalismes et à un réveil des pays sur fond de lassitude impériale Les déterminations belliqueuses et les particularismes ont finalement ressuscité et vite effacé cet espoir. [...]
[...] Cet humanitaire d'Etat instrumentalisé est basé sur des mensonges et masque ses véritables intentions, il s'agit pour JC Guillebaud d'une seconde trahison des Lumières. Cette volonté d'imposer au reste du monde ses vues et sa vision de la modernité est donc dénoncée vigoureusement tout au long de l'ouvrage, car elle trahit là aussi un des fondements les plus importants des Lumières : comprendre. En rejetant systématiquement les modèles alternatifs et en voulant s'imposer comme un modèle que le monde entier doit suivre, l'Occident s'enferme dans un autisme et cherche à procéder à une véritable acculturation sans comprendre que c'est justement cette arrogance que le reste du monde dénonce, et non les valeurs originelles de la modernité qui restent largement approuvées. [...]
[...] Jean Claude Guillebaud parle d'un moi devenu fou qui entraîne un besoin grandissant de traditions, une volonté de retour en arrière qui pose problème pour avancer vers l'avenir. Cette tendance pose problème car on ne peut pas faire revivre ce que l'Histoire a dissous, néanmoins, la modernité n'est pas une donnée définitive à laquelle nous serions sommés d'adhérer et l'auteur suggère de trouver un juste milieu, de promouvoir de nouvelles traditions basées sur ce que la modernité a de bon, et, comme le suggérait JM Domenach un intellectuel français, faire sur la modernité le même travail que la Renaissance fit sur l'Antiquité, en faire un objet d'admiration et non d'imitation pure et simple. [...]
[...] Ce n'est pas la force des principes qui est en question, c'est leur trahison. L'Occident s'est fourvoyé dans l'interprétation de principes qui l'ont longtemps maintenu au centre du monde, mais il doit maintenant accepter de perdre sa position centrale et admettre une modernité qui viendrait aussi d'ailleurs, sans quoi il trahirait à nouveau l'esprit des Lumières. Dans cet ouvrage richement documenté, JC Guillebaud essaie donc de mettre en avant les principaux problèmes et symptômes du désarroi contemporain pour tenter d'en comprendre les origines. [...]
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