Ce livre est la publication la plus récente exposant la situation dans les Balkans depuis la fin de la guerre en Bosnie. La paix reste très fragile, car elle se fonde sur le principe d'Etats-Nations supposés ethniquement homogènes, alors que les Balkans, malgré les "purifications ethniques", restent caractérisés par l'imbrication des nationalités. A travers la description des différentes entités territoriales des Balkans, les auteurs montrent la «nouvelle donne» stratégique régionale, insistant sur les deux problèmes indissociables: la cohabitation des différents Etats et nationalités, et la démocratisation.
Les auteurs sont tous des spécialistes de la région. Jacques RUPNIK, qui a dirigé l'ouvrage, est directeur de recherche à la FNSP (CERI), et a été le directeur exécutif de la Commission Internationale sur les Balkans (rapport Unfinished peace publié par la fondation Carnegie en 1996). Il a publié en 1989 l'Autre Europe, et a dirigé en 1992 De Sarajevo à Sarajevo. L'échec yougoslave. Xavier BOUGAREL, qui a rédigé le chapitre sur la Bosnie-Herzégovine, prépare une thèse de doctorat sur «Islam et politique» et a publié Bosnie, anatomie d'un conflit en 1996. Joseph KRULIC, sur la Croatie, est agrégé d'histoire et auteur notamment de Histoire de la Yougoslavie de 1945 à nos jours, publiée en 1993. Le chapitre sur la Serbie a été rédigé par Ivan DJURIC, historien, qui était jusqu'en 1991 professeur à l'Université de Belgrade et qui enseigne maintenant à Paris VIII. Le chapitre sur le Kosovo a été rédigé par Michel ROUX, géographe, professeur à l'université de Toulouse, auteur de Les Albanais en Yougoslavie (1992). Ivaylo DITCHEV, sur la Macédoine, est professeur de philosophie à l'Université de Sofia et a publié en 1996 Albanie Utopie.
J. Rupnik entame l'ouvrage en nous donnant une vue générale des enjeux dans les Balkans, et les différents ensembles régionaux sont ensuite repris plus précisément par les autres auteurs.
[...] La différence ne peut donc se faire que sur des critères très ténus. Cela explique, et c'est le deuxième thème récurrent à travers les chapitres, que ces enjeux identitaires aient été si instrumentalisés par les anciennes élites pour se maintenir en place. Tous ont joué du nationalisme, que se soient les Serbes de Milosevic, les Croates de Tudjman, les Bosniaques d'Izetbegovic, les Macédoniens de Gligorov . Ils ont volontairement manipulé les foules pour faire oublier leur appartenance à l'idéologie communiste et pour poursuivre leur appropriation de l'économie. [...]
[...] La Serbie reste la clé de toute solution durable en ex-Yougoslavie. La très mauvaise situation du pays, aussi bien économique, sociale, que politique ne semble donc pas être très encourageante. Face à une classe dirigeante corrompue et incompétente mais encore très solide, il n'existe que peu d'espoir de démocratisation. Le calme trompeur du Kosovo La particularité du Kosovo est sa population composée à 90% d'Albanais, bien que le contrôle politique de la région soit assuré par les Serbes. Le problème fut d'ailleurs récurrent le long du XIXème et du XXème siècle. [...]
[...] Rupnik entame l'ouvrage en nous donnant une vue générale des enjeux dans les Balkans, et les différents ensembles régionaux sont ensuite repris plus précisément par les autres auteurs. Nouvelle donne dans les Balkans La guerre en Bosnie a montré l'échec d'une société multiethnique dans les Balkans, même s'il s'agissait autant d'une tentative des anciennes élites communistes de se perpétuer au pouvoir que d'une guerre témoignant des nouveaux clivages, ethniques et religieux, du monde de l'après-guerre froide. Après les accords de Dayton, la paix est-elle réellement assurée, ou les affrontements vont-ils reprendre que ce soit dans le "foyer mal éteint" de Bosnie, ou dans le foyer potentiel du sud-est de l'ex-Yougoslavie? [...]
[...] Les trois partis nationalistes, alors unis en une coalition gouvernementale, se déchirent, paralysant les institutions, pendant que les communes, les régions, prennent leur autonomie en fonction de l'appartenance ethnique de la majorité de la population. La particularité du conflit bosniaque est la multiplicité des acteurs en interactions constantes: les trois partis nationalistes de Bosnie et leurs leaders, les Etats serbe et croate, les organisations internationales et les grandes puissances. Le conflit a évolué davantage en fonction des alliances et des configurations politiques qu'en fonction des rapports de forces militaires. L'auteur dégage ainsi quatre phases. [...]
[...] Les Croates rejoignent finalement les Musulmans en mars 1994 par l'accord de Washington. La reconquête croate en Krajina s'effectue alors, au moment de l'entrée de la communauté internationale dans le conflit (Août 1995: frappes aériennes massives, qui désenclavent Sarajevo). Les Serbes, repoussés, doivent signer les accords de Dayton en novembre 1995, accords préparés par un médiateur américain prenant le relais des négociateurs de l'ONU et de l'UE. La guerre et les nettoyages ethniques ont laissé la société bosniaque détruite. Même si les fortes pressions internationales maintiennent une sorte de "paix armée" (bien qu'une reprise des combats entre les Croates et les Musulmans soit envisageable compte-tenu des tensions au sein de leur alliance), la recomposition sociale tardera et les communautés serbe et croate auront tendance à s'intégrer vers leur Etats respectifs, ce qui hypothèque la survie d'une Bosnie unifiée. [...]
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