L'auteur est un politologue de renom. Actuellement directeur de recherche au CNRS, il a vécu une vingtaine d'années au Maghreb, au Proche-Orient, et en Arabie. Ainsi, Burgat est très au courant et à l'écoute de ce qui se passe dans ces régions du monde et a pu développer un certain sens critique.
De ce fait, il a écrit trois livres sur l'islamisme : L'islamisme au Maghreb : La voix du Sud en 1988, L'islamisme à l'heure d'Al-Qaïda en 2005 et L'islamisme en face, en 1995, réédité en 2002 et 2007.
Ces trois ouvrages s'inscrivent dans un contexte assez complexe et chaotique, avec des événements qui ont agité le monde arabe (la colonisation, les occupations militaires, les embargos, la dictature, les aspirations des citoyens du monde musulman non entendus par leurs gouvernements, l'impasse des relations Occident/Orient…), qui par delà vont entrainer le développement plus soutenu de l'islamisme. Tout cela sur fond de terrorisme, depuis ces dernières décennies touchant le Sud, comme le nord géopolitique, ce qui entraine cet amalgame quasi incessant, et surtout de la part de l'Occident, entre islamisme et terrorisme, qui ne fait, d'ailleurs, qu'accroitre la radicalisation de ce courant. Ainsi, c'est de là que nait cette mauvaise perception et interprétation de l'islamisme, engendrant par exemple, les caricatures du Prophète en 2006, et que François Burgat souhaite lever, dans L'islamisme en face, pour en réhabiliter le sens premier, tout en développant une explication rationnelle et construite.
Ainsi la problématique de l'Islamisme en face, est : qu'est-ce que véritablement l'islamisme au-delà des clichés, des mauvaises perceptions et des idées reçues ?
[...] Donc, là encore Burgat met bien en avant le fait que les islamistes n'ont pas tous le même point de vu et qu'ils ne sont pas tous contre la démocratie. Il n'y a donc pas un islamisme unique mais toute une palette de couleur. Pour finir, au niveau pratique, les islamistes arrivés au pouvoir n'ont pas respecté le jeu de la démocratie, et l'exemple le plus connu est celui de la révolution islamique en Iran, en 1979. A côté du problème de la démocratie en soi se pose la question de la place de la femme face à l'islamisme. [...]
[...] Mais par la suite, il a vu en Nasser une force d'opposition à l'Occident d'où son rattachement. Il est à ce moment-là anti-islamiste et pourtant il va adhérer au Parti du Travail, parti islamiste, car il prône une indépendance culturelle, que ne prétendent pas les nassériens, et donc une réappropriation de l'islam car l'islam est l'Egypte. Cette dernière ne doit pas se construire sur les valeurs occidentales mais bien sur les valeurs traditionnelles, que seul l'islamisme peut ériger de nouveau. [...]
[...] Il aurait pu davantage parler du cas des Droits de l'Homme en général, plutôt que d'évoquer juste la place de la femme, qui certes est très importante. De plus, il aurait pu insister beaucoup plus sur la différenciation entre les différents mouvements islamistes et donc expliquer davantage les pros et les antidémocratiques, pour véritablement casser le mythe : un seul et unique islamisme La contribution de l'auteur à la réflexion sur l'islamisme n'est pas anodine, bien au contraire. Son intention démonstrative permet de dire que cette œuvre est très instructive, elle pose les bonnes questions et permet donc de relativiser les choses. [...]
[...] Cette catégorie se subdivise. Il y a les femmes pro-islamiques, portant le voile par choix personnel et symbolisant la contestation de la modernité occidentale introduite et infligée. Pour elles, le voile permet de s'affirmer dans la société, et sont militantes islamistes. Puis, il y a les féministes anti-islamiques, issues d'un milieu assez favorisé et ne portant pas le voile. Pour celles-ci, l'islamisme va à l'encontre de la femme, dans son identité et son indépendance. Or, ce type de femme est minoritaire. [...]
[...] Ainsi Burgat, souligne cette désinformation relayée par les médias, se devant d'avoir comme objectif premier de relater les faits sans jugement de valeur. Puis, Burgat retrace le parcours de trois islamistes, pour expliciter les causes de l'engouement pour l'islamisme, qui au départ ne l'étaient pas du tout. Le premier est Tareq al Bishri, communiste égyptien à ses débuts, puis devenu adepte du nationalisme nassérien prônant l'indépendance politique et économique. Il faut savoir qu'au XIXème siècle le mouvement nationaliste était fondé sur l'islam, puis s'en éloigne par la suite pour diriger une mobilisation laïque. [...]
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