Dans ce livre, « Intent for a nation, a relentlessly optimistic manifesto for Canada's role in the world »,Byers cherche à dresser un constat moins alarmiste et plus optimiste que celui dressé par un des livres référence abordant le sujet du nationalisme canadien : « Lament for a nation », écrit par le philosophe politique George Grant en 1965. Même si le ton du livre de Byers est plus optimiste, l'auteur n'en reste pas moins conscient du côté parfois précaire de la situation canadienne en termes de souveraineté commerciale (on pense aux conséquences de L'ALENA) ou politique (la politique étrangère canadienne est dans une certaine mesure contrainte par les impératifs sécuritaires états-uniens).
On peut dire que ce qui fait le propre de ce livre est de croire que le Canada, même s'il peut apparaître au bord du gouffre de l'américanisation et de la perte d'identité, n'y est pas encore et a même toutes les ressources à sa portée pour s'en éloigner. L'objectif du livre est donc de refonder le ciment de la nation canadienne, en mettant l'accent sur les valeurs d'une puissance moyenne soucieuse du respect du multilatéralisme. Ainsi, le livre est une déclinaison des domaines porteurs d'enjeux pour la nation canadienne, dans la perspective de la mondialisation et dans le contexte de la proximité avec le « géant » américain. Il évoquera des domaines tels que la politique étrangère canadienne (aussi bien dans sa dimension diplomatique que militaire, internationale que régionale dans les quatre premiers chapitres ainsi qu'au chapitre 8) et les enjeux auxquels elle a dû faire face dans le contexte de l'après 11 septembre et du potentiel retour du « cauchemar nucléaire ». La dimension économique sera également abordée dans la perspective de la pertinence et des risques associés à l'intégration régionale, d'un point de vue commercial et légal (au chapitre 9). On comprendra ainsi que derrière ces deux grandes thématiques, ce sont les questions de souveraineté qui sont au centre des préoccupations de l'auteur, souveraineté dans le sens de capacité à exister aux yeux du monde comme nation autonome. C'est pour cela que d'une part, il évoque dans les chapitres 5 et 10 les notions de gouvernance mondiale et de citoyenneté du monde, afin de déterminer et promouvoir les valeurs canadiennes, valeurs qu'il faut mettre en action. Et c'est pour cela également qu'il évoque dans le chapitre 7, la nécessité pour le Canada de changer sa perception du nord du pays, afin d'en cerner tous les enjeux et pouvoir ainsi prétendre à être une nation complète. Il n'hésitera pas également à pointer les contradictions de la position canadienne, celles-ci se manifestant de façon paroxystique dans le domaine des changements climatiques, où le Canada, pourtant principal intéressé par le réchauffement climatique du fait de sa position géographique, reste pourtant parmi les derniers pays à ne pas être en règle avec les réglementations internationales.
Ainsi, ce livre présente une vision synthétique des enjeux auxquels doit faire face le nationalisme canadien dans le contexte de la mondialisation et de l'unilatéralisme dont fait preuve l'hyper puissance américaine. Il en va de l'avenir du Canada comme puissance moyenne autonome, capable de donner un écho international à ses valeurs, valeurs que l'auteur cherchera à cerner tout au long du livre.
[...] Intent for a nation, a relentlessly optimistic manifesto for Canada's role in the world, Byers Fiche de lecture: Intent for a nation, a relentlessly optimistic manifesto for Canada's role in the world BYERS INTRODUCTION Dans ce livre, Intent for a nation, a relentlessly optimistic manifesto for Canada's role in the world »,Byers cherche à dresser un constat moins alarmiste et plus optimiste que celui dressé par un des livres référence abordant le sujet du nationalisme canadien : Lament for a nation écrit par le philosophe politique George Grant en 1965. [...]
[...] En effet, il évoque les manifestations de la dépendance mais ne démontre pas comment les raisons de cette dépendance pourraient être combattues en vue d'une véritable indépendance. Par exemple, il préconise un contrôle de l'usage que font les clients des radars fabriqués par l'industrie canadienne pour s'assurer qu'il n'en est pas fait un usage contraire aux engagements internationaux pris par le Canada. Mais les lois économiques dans lesquelles évoluent tous les pays dans une économie mondialisée empêchent un contrôle effectif des utilisations des produits vendus. [...]
[...] En effet, un plein soutien des Inuits et autres populations locales au gouvernement canadien donnerait du poids à ses revendications nationales sur les zones maritimes qu'il convoite, sur la surveillance du passage au Nord-Ouest et sur le contrôle des transits internationaux. On comprend ainsi l'objectif de Byers : une nation ne peut être complète et exister véritablement si elle ne prend pas en compte l'intégralité de ces régions en les intégrant dans les schèmes mentaux nationaux, dans la conscience qu'une nation a d'elle-même. [...]
[...] Ainsi, il n'insiste pas assez sur le fait que la volonté d'apparaître plus fort sur la scène internationale pourra être contrainte par les caractéristiques internes propres au Canada. Cependant, le ton et le contenu de ce chapitre s'inscrivent bien dans la cohérence du livre qui se veut manifeste. Il agit comme un moteur de l'action du fait de la dénonciation d'une situation jugée peu vivable sur le long terme (le délaissement du Nord, pourtant indispensable dans le contexte actuel) : il joue d'une certaine façon le rôle d'éveilleur des consciences politiques des Canadiens peu enclines à penser naturellement le Nord du pays comme vecteur de tant d'enjeux stratégiques. [...]
[...] Donc pour l'auteur, ce qui est en jeu dans la non réponse du gouvernement canadien aux attentats de 1970 et actuellement à ceux du 11 septembre, n'est rien de moins que la crédibilité du Canada en tant que pays respectueux de ses engagements humanistes. Ainsi sont résumées les raisons qui doivent pousser le gouvernement et la société canadienne à réagir : au nom de son passé de promoteur des droits de l'homme et au nom du futur de ses relations internationales, le Canada gagnerait moralement et politiquement à se démarquer de son voisin en dépit de la grande dépendance économique qui le lie aux Etats-Unis. [...]
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