En distinguant le nucléaire civil du nucléaire militaire, l'auteur cherche à remonter le temps jusqu'aux traumatismes fondateurs que sont les deux bombes lâchées en août 1945 sur le Japon par les Etats-Unis et la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine le 26 avril 1986. Les deux peurs qui en sont les conséquences sont de natures différentes, la peur de l'arme nucléaire ayant imposé aux Etats la 'dissuasion nucléaire', tandis que la peur de l'énergie nucléaire s'affirme plus comme une 'peur citoyenne'
[...] Cet accident est devenu un mythe symbolisant la faillite des nouveaux alchimistes tout en s'inscrivant dans la tradition des grandes peurs de l'Occident (expression de Jean Delumeau, historien qui a travaillé sur les grandes épidémies en Europe). Pour l'auteur, ce que Delumeau écrit de la peste s'applique à Tchernobyl. Cette catastrophe a déstructuré l'environnement quotidien local, produit des héros (les liquidateurs et des lâches (les hommes politiques, les experts . a entraîné la recherche de coupables et a isolé les personnes irradiées et leurs familles du reste de la population (peur de la ‘contagion'). [...]
[...] Jusqu'en 1952, son orientation était essentiellement scientifique, avant qu'il ne prenne une dimension militaire et industrielle. Toutefois la réalisation d'une bombe ne fut décidée qu'après l'arrivée de De Gaulle au pouvoir. Dans le cas français comme partout ailleurs, l'absence d'un débat démocratique et le culte du secret nécessairement lié à la recherche atomique fut la règle. II. Les traumatismes fondateurs Hiroshima fut le traumatisme fondateur de la peur de l'arme atomique. En quelques secondes, le 6 août 1945 au matin, une bombe à uranium provoqua la mort de personnes (dont sur le coup) et hibakushas (personnes irradiées). [...]
[...] Avant le bombardement, le physicien Compton, rejoint par le général Marshall avaient pourtant critiqué le lancement d'une bombe sur un objectif civil. Le lendemain de la catastrophe, des voix se sont élevées en Europe, comme celles des Eglises ou encore celle de Camus et sa phrase célèbre : La civilisation technologique a atteint son degré final de sauvagerie En 1995 encore, un vif débat secoua l'opinion publique américaine à l'occasion du cinquantième anniversaire d'Hiroshima, les rédacteurs du livre Hiroshima's Shadow estimant que la bombe n'aurait pas dû être larguée parce que d'autres mesures auraient pu contraindre le Japon à capituler. [...]
[...] Une peur discontinue est celle du contrôle des transports nucléaires. Les transports nationaux de déchets ont ainsi fait l'objet d'une vive polémique en France en 1998, après la révélation d'insuffisance dans le contrôle (un rapport de la DSIN mettait en cause EDF mais aussi l'Etat chargé du contrôle pour non-respect des normes de décontamination). Ces graves insuffisances ont incité Lionel Jospin à déposer un projet de loi sur l'organisation effective de la transparence du contrôle et de la sûreté nucléaire. [...]
[...] L'URSS va réussir ce tour de force de respecter le même délai de moins de trois ans entre la divergence d'un réacteur nucléaire (décembre 1946) et l'explosion d'une bombe (août 1949), en bénéficiant notamment d'informations secrètes fournies par des savants étrangers communistes. Israël de son côté obtint la bombe (sans l'avoir jamais revendiqué) grâce à des efforts de recherche interne et grâce à la coopération nucléaire de la France (accord signé avec le CEA en 1953). Les origines du nucléaire français correspondent aux débuts du CEA, créé en 1945 et consacré à l'énergie atomique. [...]
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