Homme politique, diplomate, chercheur et professeur à l'IEP de Paris, Ghassan Salamé dévoile dans Quand l'Amérique refait le monde, le projet impérial américain, ses moteurs, ses manifestations mais également ses limites. Dans son chapitre intitulé « La Fin de l'Occident », il met en lumière la désagrégation de l'unité occidentale, sapée d'une part par le projet proto-impérial américain - qui s'accompagne d'un unilatéralisme propice à briser la solidarité transatlantique – et d'autre part par l'asymétrie idéologique qui se fait jour entre une Europe de la « Norme sans la Force » et une Amérique de la Puissance coercitive.
Ainsi, l'unité occidentale est dans un premier temps mise à mal par le « divorce » des Etats-Unis et de l'Europe et par la crise relationnelle qu'il suscite. Mais elle l'est également, et plus profondément encore, par l'asymétrie idéologique qui oppose les deux rives de l'Atlantique et par la nécessaire rivalité qui en découle. L'identité occidentale quant à elle survit tant bien que mal entre universalisation et dilution.
[...] Or, l'interventionnisme américain est né avec la fin de la seconde guerre mondiale, en même temps que la notion d'Occident stratégique, peut-être disparaîtra-t-il en même temps qu'elle. Ainsi, le déclin de l'unité stratégique occidentale va peut-être s'accompagner d'un renouveau de la conscience isolationniste des américains (par ailleurs échaudés par une mondialisation qu'ils ne semblent plus en mesure de maîtriser). Il est donc bon de relativiser le support que trouve le projet impérial dans l'opinion publique américaine. J'ajouterai également que si les Etats-Unis et l'Europe divergent par leur vision de la puissance, ils ne s'en sentent pas moins tous deux investis d'une mission. [...]
[...] Ainsi, l'Europe entrée de plein pied dans la postmodernité semble avoir fait le deuil de l'emploi coercitif de la Puissance comme moyen d'existence sur la scène internationale. Elle privilégie désormais la diplomatie, le soft power et promeut l'internationalisation du droit au travers d'organisations à vocation universelles comme l'ONU ou le Tribunal Pénal International, afin de mieux lutter contre l'unilatéralisme et de répandre sa vision normative et apaisée des relations internationales. L'Europe se veut la défenseuse de la Norme sans la force pour reprendre le titre de l'ouvrage de Zaki Laïdi (dont le point de vue sur l'asymétrie idéologique transatlantique n'est guère éloigné de celui de Ghassan Salamé). [...]
[...] En effet, l'Occident semble aujourd'hui victime de son succès ; avec la fin de la guerre froide, il a triomphé de son dernier adversaire en date : l'Union Soviétique. Or l'Occident, s'il recouvre des frontières et des valeurs quelque peu floues, se définit par opposition à un Orient. Mais d'après Ghassan Salamé, il n'y a pas à l'heure actuelle d'Etats ou d'entités susceptibles de jouer le rôle qu'a joué l'URSS en tant qu'ennemi redouté et par la même en tant que protecteur inconscient de l'unité occidentale. [...]
[...] Ghassan Salamé La fin de l'Occident ? dans Quand l'Amérique refait le monde Homme politique, diplomate, chercheur et professeur à l'IEP de Paris, Ghassan Salamé dévoile dans Quand l'Amérique refait le monde, le projet impérial américain, ses moteurs, ses manifestations mais également ses limites. Dans son chapitre intitulé La Fin de l'Occident il met en lumière la désagrégation de l'unité occidentale, sapée d'une part par le projet proto-impérial américain - qui s'accompagne d'un unilatéralisme propice à briser la solidarité transatlantique et d'autre part par l'asymétrie idéologique qui se fait jour entre une Europe de la Norme sans la Force et une Amérique de la Puissance coercitive. [...]
[...] Ainsi, l'histoire de l'occident a toujours été houleuse et si son unité a semblée assurée pendant la guerre froide, les tensions en son sein n'en étaient pas moins présentes. Ce n'est donc pas du côté de la stratégie qu'il semble falloir chercher le liant de l'identité occidentale mais dans une culture commune, appelée à s'épanouir dans le cadre de la société monde sans s'opposer pour autant aux autres cultures et civilisations comme l'imagine Huntington. Si l'Occident stratégique semble incontestablement moribond, à l'image de l'OTAN, c'est qu'il est parvenu à triompher de ses ennemis et, dans une perspective téléologique, peut-être peut-on affirmer que cette désintégration est l'inévitable contrepartie de sa victoire. [...]
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