Hervé Kempf est journaliste au Monde, spécialiste des questions environnementales et est l'auteur de plusieurs ouvrages dont La guerre secrète des OGM qui a eu un grand retentissement. Jérôme Equer est photographe et réalisateur ; il a été plusieurs fois primé, aussi bien en France qu'à l'étranger et a participé en 2005 au Visa pour l'image de Perpignan. Par leur ouvrage ils ont voulu explorer d'une manière originale l'histoire et la géographie de la bande de Gaza. Souvent d'actualité lorsqu'il s'agit de violence, d'attaques israéliennes ou de kamikazes, la bande de Gaza apparaît dans les médias comme un évènement complexe à traiter et surtout difficile à saisir et à comprendre dans sa globalité et dans ses origines. C'est pourquoi le journaliste et le photographe ont souhaité rendre compte d'une réalité qui ne se base pas sur de simples évènements épisodiques ponctués de violence mais sur une continuité qui permet d'aborder la question palestinienne de part différentes ramifications. Ainsi, Hervé Kempf et Jérôme Equer apportent au lecteur un regard différent sur « cette prison à ciel ouvert » et nous donnent à voir et à lire des tranches de vie qui permettent de comprendre comment les palestiniens de Gaza peuvent vivre au quotidien dans un territoire minuscule, surpeuplé et en proie à la guerre et comment ces derniers essayent de vivre normalement malgré la violence omniprésente. La vision neuve qu'apporte les deux auteurs part elle aussi d'une démarche qui a de moins en moins court dans le traitement des évènements journalistiques, à savoir prendre le temps d'observer, d'établir des liens de confiance avec les gens, de s'imprégner de l'atmosphère ambiante. En effet, Hervé Kempf et Jérôme Equer y sont allés quatre fois quinze jours entre Janvier et Novembre 2004, année où les incursions israéliennes se sont intensifiées. Par ailleurs, il est également important de signaler que leur projet a été autofinancé et que par conséquent ils ont été totalement libres au niveau des angles, des sujets et des modes de récit.
[...] Israël et le Gouch Katif Hervé Kempf et Jérôme Equer consacrent un chapitre à cette colonie israélienne enserrée dans la bande de Gaza. Là encore ils utilisent le même procédé en décrivant la vie quotidienne des colons, leurs activités économique et agricole. Là aussi, les deux auteurs font part de la réalité brute en détruisant le mythe israélien de terre promise luxuriante, mythe déjà largement écorné. Ainsi, les deux hommes racontent que le Gouch Katif ressemble plus aux banlieues pauvres des métropoles américaines qu'à la Floride rutilante à laquelle ils voudraient tant s'identifier. [...]
[...] C'est pourquoi le photographe n'exprime pas uniquement au travers de ses clichés le quotidien négatif de la vie dans la bande de Gaza. La peur, l'attente, la douleur font certes partie de leur vie mais cette vie n'est pas seulement faite de malheurs. Et c'est en cela que les photographies de cet ouvrage sont originales. Ici, et contrairement aux images diffusées par les médias de masse, le spectaculaire, l'atroce, le dramatique de la question Palestinienne ne sont pas mis en exergue. C'est la réalité brute, sans artifices et sans spectacularisation que Jérôme Equer nous donne à voir. [...]
[...] Hervé Kempf et Jérôme Equer font toutefois ce constat : la guerre livrée dans le Gouch Katif est plus celle de l'armée. Ainsi, proportionnellement, beaucoup moins de civils israéliens que de civils palestiniens sont tués. Cela n'empêche pas chaque famille de cette colonie d'avoir au moins un drame dans sa famille, une histoire atroce à raconter dans le conflit qui les opposent aux Palestiniens. Hervé Kempf rapporte aussi beaucoup de paroles très dures proférées par les Israéliens à l'encontre des Palestiniens. [...]
[...] Sa parole reste aussi concentrée ses ressentiment et sur ceux de son ami, sur ce qu'il observe. Ce sont des mots bruts, sans volonté de création littéraire. Il laisse divaguer ses pensées comme bon lui semble, sans jamais s'auto-censurer me semble-t-il. Par ailleurs, le journaliste fait ressentir ses émotions au lecteur, émotions qui sont d'autant plus pertinentes et justifiées que le lecteur entre dans une vision de la Palestine qui reste méconnue du grand public. La vie quotidienne, les évènements quotidiens nous donne à voir une autre Palestine que celle diffusée par les médias traditionnels. [...]
[...] Il est donc important que le lecteur puisse mettre un visage, une habitation, une blessure sur le texte. Dès lors, la réalité de la bande de Gaza devient encore plus crue, plus poignante ; l'impact est plus retentissant. Enfin, l'articulation entre le texte et la photographie permet de donner à voir des évènements de deux manières différentes. Hervé Kempf a sa propre analyse puisqu'il va utiliser tel ou tel mot plutôt qu'un autre qui aura une signification politique autre et Jérôme Equer est également subjectif dans la manière de prendre ses clichés puisqu'il choisit tel ou tel angle, tel ou tel jeu de lumière. [...]
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