Si les auteurs s'accordent pour identifier les deux phénomènes majeurs de la période : la fin des idéologies et l'essor de la mondialisation, ils n'en tirent cependant pas les mêmes conclusions pour la sécurité et la paix internationales et proposent deux visions radicalement différentes de la nouvelle donne géopolitique, l'une fondée sur les clivages civilisationnels, l'autre sur la nécessité d'un développement partagé
[...] Néanmoins, la position de l'historien sur le choc des civilisations évoqué par Huntington semble contradictoire. Dans son analyse de la situation héritée des attentats du 11 septembre, il s'oppose de manière péremptoire à la thèse du partage du monde en civilisations hostiles les unes aux autres en affirmant que le choc envisagé n'a pas eu lieu. Si l'on a assisté d'emblée à une division entre le monde musulman, l'Asie et l'Afrique d'une part, l'Occident de civilisation judéo-chrétienne d'autre part, il est cependant difficile de considérer les blocs comme unis tant le ralliement à la cause américaine ou à celle des terroristes était partiel. [...]
[...] Huntington, Le Choc des Civilisations (1999) et Rémond, Du Mur de Berlin aux Tours de New-York (2002) Introduction La chute du mur de Berlin en 1989 pose la question de l'avenir des grandes idéologies du XXème siècle. En effet, l'effondrement du bloc communiste et l'apparition d'un nouvel ordre mondial caractérisé par la prédominance du droit ont conduit de nombreux historiens à s'interroger sur la manière dont les Etats pourraient se replacer dans ce cadre globalisé. C'est dans cette optique que Samuel P. [...]
[...] Par ailleurs, alors que le cadre de l'Etat-nation invitait les belligérants à opter pour un camp précis, comme lors des conflits idéologiques, le dépassement de ces contextes a conduit les belligérants à opter pour une civilisation ou une autre, ce qui les renvoie de facto à leur identité profonde. La mondialisation réveille donc les consciences identitaires en ouvrant la voie à des fondamentalismes de toute sorte, mais, plus encore, elle prône l'intégration économique régionale, qui renforce ce sentiment d'une part, et l'instrumentalise d'autre part favorise néanmoins l'essor du droit et de la morale Tout en rejoignant Huntington sur la réactivation paradoxale des identités civilisationnelles par la mondialisation, René Rémond propose une vision plus optimiste et plus volontariste de la globalisation. [...]
[...] Les Etats ‘chevauchant' plusieurs aires civilisationnelles, comme le Mexique, reçoivent le nom de pays déchirés Huntington décrit la dynamique globale suivante : Les civilisations non occidentales sont comme cimentées par leur opposition à l'Occident, qui se trouve seul contre tous. C'est the West versus the Rest Plus précisément, Huntington oppose à l'Occident la collusion islamo-confucéenne : face à un Occident en déclin, l'Asie s'affirme par son économie et l'Islam par sa démographie. Ainsi l'arrogance occidentale est appelée à entrer en interaction avec l'intolérance islamique et l'affirmation de soi chinoise. [...]
[...] Francis Fukuyama professeur à Harvard tout comme Huntington voyait là un horizon indépassable pour l'humanité, ce qu'il résumait dans la formule la fin de l'histoire La chute des idéologies implique le déclin de la civilisation occidentale Pour Huntington, au contraire, l'histoire, et les conflits qui la caractérisent, sont loin d'être terminés : le recul des idéologies marque seulement l'entrée du monde dans une conflictualité d'une nouveau genre. Ainsi les guerres entre civilisations seraient-elles appelées, chronologiquement, à succéder aux guerres entre princes, Etats-nations et idéologies. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture