L'intérêt d'un tel ouvrage, selon l'auteur, est son actualité, mais il reconnaît lui même sa propre limite : l'absence de recul pour l'analyse, l'absence de stabilisation de la situation.
La première question à se poser est le sens de l'ethnicité pour les Tutsis et les Hutus. En effet, selon la thèse "hutue" (telle qu'elle est exprimée par les élites de manière dominante), les Hutus viennent d'une branche bantoue datant de 3000 ans avant J-C, à l'origine des Burundais, alors que la thèse tutsie soutient que les 3 groupes (twas inclus) forment une seule et même ethnie. Cette divergence montre la dimension éminemment politique de la définition et de la reconnaissance du fait ethnique. Cependant, l'objet de ce livre n'est pas de discuter la réalité de ce fait, puisque sa pertinence sur le plan politique est prouvée par les multiples massacres qu'il a provoqués. L'étude des événements depuis 1988 se structure autour de l'idée selon laquelle les crises successives ont été "thérapeutiques", dans la mesure où elles ont permis de faire évoluer les situations et de mettre en place un nouvel ordre politique.
[...] Les partenaires bilatéraux et la France en particulier : celle ci a une responsabilité accablante dans les massacres au Burundi en 1972, elle fait parti des pays qui mettent le moins de conditions à leur aide; Au Rwanda, elle s'engage clairement du côté du gouvernement, pour des raisons de realpolitik (sauvegarder son influence face aux Etats Unis et à la Belgique), de manque d'informations et d'amitié personnelle. Sauf pour les mouvements armés, les structures sont donc semblables dans les 2 Etats. On peut d'autre part souligner l'influence déterminante des interventions étrangères, et l'échec de la stratégie française. [...]
[...] De part et d'autre cependant subsistent des ambiguïtés : quel est le rôle du FPR ? Militaire ou politique ? De plus, le pouvoir continue à mener des exactions sur les populations tutsies tout en acceptant la logique de négociation. En février 1993, le FPR reprend donc les armes, mais la faiblesse de l'armée gouvernementale oblige à la reprise des négociations. Elles aboutissent finalement à un accord de rapatriement en juin, et à un accord de paix en août 1993". [...]
[...] Or de la population dans les deux pays est rurale, ce qui pose la question de la viabilité des réformes. VI. Voie électorale au Burundi, voie négociée au Rwanda Le Burundi : Malgré la tentative de diabolisation du FRODEBU et le jeu d'accusation - diffamation réciproque, la campagne électorale pour les élections présidentielles et pour les élections parlementaires se déroule globalement librement. Dans les deux cas, la victoire du FRODEBU est écrasante, avec les meilleurs résultats dans les zones rurales, ou dans celles où l'armée a commis des excès. [...]
[...] De même, les réactions dans la régions sont importantes (Zaïre, Rwanda), car l'afflux des réfugiés est un facteur déstabilisant pour les Etats voisins. La conjonction de ces événements permet de faire évoluer le gouvernement. M. Buyoya met donc en place une commission chargée d'étudier la question de l'unité nationale, formée paritairement de Tutsis et de Hutus. C'est une évolution très importante, car pour la première fois, le principe de la parité est reconnue, et par la même, implicitement, l'existence de différentes ethnies. [...]
[...] Globalement, le passage du pouvoir se réalise calmement. Au Rwanda : les accords d'Arusha, signés le 4 août 1994, doivent conciliés les points de vue des 3 principaux acteurs de la scène politique : le FPR, le régime Habyarimana, et l'opposition intérieure. Ces accords comportent divers points : - ils sont supérieurs à la Constitution, - les pouvoirs du président sont largement limités (simple pouvoir cérémoniel), - la répartition des sièges à l'Assemblée et au sein du GTBE (gouvernement transitoire à base élargie) est prévue par le protocole, ils intègrent le FPR comme tous les autres partis,- le points le plus délicats est l'intégration des forces armées, qui doit regrouper les forces du régimes et celle du FPR, ce qui la rend très peu unie. [...]
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