Citoyen franco-américain né à Vienne en 1928, professeur émérite de relations internationales à Harvard et fondateur du centre d'études européennes de cette même université, Stanley Hoffmann est idéalement placé pour juger de manière neutre les relations entre Europe et Etats-Unis, se trouvant au carrefour de leurs cultures. C'est ce à quoi il s'attache dans cet article en nous décrivant l'état des relations transatlantiques, les problèmes autour desquels leurs politiques s'articulent, mais aussi les éléments stratégiques et culturels qui déterminent celles-ci. Cet article se trouve dans Ramses 2007, L'Europe et le monde, qui, considérant l'Europe comme pôle, s'attache à décrypter sa présence géopolitique dans le monde et les différentes relations qu'elle tient sur la scène internationale.
[...] Les Etats- Unis s'intéressent donc toujours à l'avis des différents Etats et non à celui d'une Europe unifiée. La relation transatlantique est dominée par les trois problèmes que sont l'Irak, la Palestine et la non-prolifération nucléaire. En Irak, l'intervention américaine ne sait se montrer fructueuse et l'opinion publique reconnaît la prévoyance des Etats européens qui ont refusé de s'y engager. En Palestine et avec l'arrivée au pouvoir du Hamas, on observe un consensus entre les 5 membres du conseil de sécurité et l'Allemagne puisque tous ont coupé leurs aides financières mais le point d'achoppement est atteint sur l'aide aux Palestiniens et sur la politique intransigeante d'Ehoud Olmert sur laquelle Washington s'aligne de facto. [...]
[...] Sa relance se trouve donc à l'intérieur même de l'Europe, où partisans d'une Europe du libre-échange, de la paix et du bien-être s'opposent aux partisans d'une Europe comme puissance politique et diplomatique. Il serait donc bon de signaler que la coopération intrinsèque à l'UE va elle de plus en plus mal et éteint de jour en jour l'idée d'une Europe-puissance unifiée qui pourrait négocier avec les Etats-Unis. L'exemple du récent rachat d'Euronext par la Nyse, suite aux désaccords nationalistes entre bourses européennes, est en cela significatif. [...]
[...] L'Union Européenne est en fait un acteur majeur sur la scène internationale, or elle ne le sait pas car elle reste divisée dans ses sources et les critères comparables tout comme sa crédibilité s'en voient diminués. Le système, où les USA sont voués aux armements lourds et aux combats, où l'UE est spécialisée dans le maintien de la paix, et où l'équilibre nucléaire de la dissuasion est réel, existe bien mais n'est pas défini ni reconnu clairement. De plus, les évolutions sont d'ordre psychologique, la caractéristique principale en étant la montée significative de l'antiaméricanisme dans les opinions publiques et chez les élites politiques. [...]
[...] L'Europe et les Etats-Unis, Stanley Hoffmann Citoyen franco-américain né à Vienne en 1928, professeur émérite de relations internationales à Harvard et fondateur du centre d'études européennes de cette même université, Stanley Hoffmann est idéalement placé pour juger de manière neutre les relations entre Europe et Etats-Unis, se trouvant au carrefour de leurs cultures. C'est ce à quoi il s'attache dans cet article en nous décrivant l'état des relations transatlantiques, les problèmes autour desquels leurs politiques s'articulent, mais aussi les éléments stratégiques et culturels qui déterminent celles-ci. [...]
[...] Comme Judith Shklar montrait que la citoyenneté américaine se résumait aux deux éléments que sont le vote et le travail, on pourrait dire que la politique étrangère américaine se résume aux grandes valeurs et aux idéaux (économiques, sociaux, religieux) qui fondent sa société. Les Européens sont en fait très critiques à l'égard des Etats-Unis. Ils leur reprochent tout d'abord d'adopter une stratégie unique face au terrorisme en n'effectuant aucune distinction entre ses mouvements (indépendantistes face à un joug étranger, face à l'oppression, ou expansionnistes d'une manière totalitaire et politico-religieuse) et de lui mener une guerre du même ordre que celle qu'ils ont menée face aux nazis. L'impérialisme américain est également souvent vécu comme un néo- colonialisme et cela déplaît. [...]
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