L'Amérique latine est, selon une idée communément acceptée, le continent de la violence, tant politique que civile. Pire encore, il semblerait que la violence caractérise cette région, justifiant par là même les coups d'état et les dictatures, les guérillas, le trafic de drogue et la violence urbaine.
Daniel Pécaut, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, est spécialiste de la question, notamment du cas colombien. Dans un entretien accordé à Questions internationales, il s'attelle à expliquer les différents mécanismes et processus qui permettent de comprendre le problème de la violence en Amérique latine.
La forme particulière de l'interview ne permet pas d'analyser la trame classique suivie par un auteur pour défendre sa thèse. Toutefois la forme est intéressante, car ce jeu de questions-réponses amène Daniel Pécaut à réfuter les représentations ordinaires faites de la violence politique et civile en Amérique latine. Ainsi ce texte apporte une grille de lecture et d'analyse intéressante, permettant bien souvent de lever des préjugés ou des schémas de pensée trop réducteurs. Toutefois Daniel Pécaut ne nous livre dans cet entretien, à la fois succin et vulgarisé, que les grandes lignes de la question : il se contente de soulever les principaux enjeux de la violence dans le continent sans pour autant chercher l'exhaustivité dans une analyse au cas par cas qui se révélerait peu efficace.
[...] Les trafics en soi n'impliquent pas l'apparition de nouvelles formes de violence. Cependant ces réseaux s'appuient bien souvent sur un tissu social et politique déjà dégradé et propice à l'émergence de la délinquance ; de plus le faible pourcentage des revenus issus de ces trafics qui revient dans les pays d'origine suffit à alimenter la criminalité ou la corruption, déstabilisant davantage des structures étatiques souvent faibles. Un autre élément doit être évoqué lorsque l'on évoque la question des réseaux transnationaux : il s'agit du terrorisme international. [...]
[...] Peut-être cela aiderait-il à trouver des solutions à un problème qui reste brûlant : comment sort-on de la violence ? Et, surtout, est-il possible d'en sortir par la négociation plutôt que par des réponses militaires ou répressive qui, finalement, ne permettraient pas d'en sortir ? Dans Questions Internationales, Amérique latine, 18, mars-avril 2006, pp. 60-68. Un nouveau paradigme de la violence dans Cultures & Conflits, pp.7-8. Les dimensions de la violence dans Amérique latine. Introduction à l'extrême occident, Seuil pp.117-122. [...]
[...] Mais cela veut aussi dire que la démocratie n'est pas encore consolidée Dans tous les cas les questions sociales paraissent prédominantes, et l'accumulation des déceptions et frustrations dans ce domaine ne peut qu'entraîner des sursauts de violence. C'est pourquoi Daniel Pécaut se refuse à une conclusion trop rapide sur la pérennité du processus en cours, qui finalement s'inscrit à bien des égards dans la tradition sociopolitique des pays concernés. La violence politique et civile en Amérique latine est un thème passionnant, dont les ressources paraissent inépuisables. [...]
[...] Pourquoi persiste-t-elle malgré la vague de démocratisation ? Comment est-elle perçue et représentée, et quelles réponses politiques cette vision implique-t-elle ? Daniel Pécaut nous invite à une lecture plurielle de ce phénomène, afin de comprendre ce processus dans son articulation avec les cultures politiques nationales. Le principal problème lié à l'étude de la violence politique et civile semble être sa définition. Il faudra, dans un premier temps, se demander s'il est possible d'établir une typologie de la violence en Amérique latine. [...]
[...] Bien souvent l'expérience a prouvé qu'il suffisait d'un retournement de la conjoncture économique pour renverser un régime. Ainsi la politique est intimement liée aux attentes sociales, car les gens espèrent avant tout d'un gouvernement qu'il améliore leurs conditions de vie. Le passage à la démocratie n'a pas été, dans ce sens, concluant. En effet la libéralisation politique n'implique pas un soudain développement des régions les plus isolées ou l'assurance d'un travail décent à tous les citoyens. Ce point est fondamental pour comprendre la violence en Amérique latine. [...]
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