Thérèse Delpech, ancienne élève de l'École normale supérieure, est professeure agrégée de philosophie, est directrice des Affaires stratégiques au CEA et chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales (CERI, FNSP). En 1905, avec la guerre russo-japonaise, la première révolution russe et la crise de Tanger entre la France et l'Allemagne, de nombreux signaux annonçaient l'orage que seuls quelques observateurs perspicaces ont vu venir : la guerre de 1914-18, qui portait elle-même en germe la nuée de 1939-45.
En 2005, le Moyen-Orient et peut-être surtout l'Extrême-Orient sont de bons candidats pour de nouvelles catastrophes historiques. Dans le même temps, l'Europe cultive un romantisme aveugle face à ces enjeux, et n'est plus un modèle pour le monde. En se référant au sens du mot "barbare", qui désigne des actes cruels, inhumains, la production délibérée de la souffrance et le meurtre délibéré de non-combattants que sont les civils, les enfants... aucun siècle de l'histoire n'a connu des manifestations de barbarie aussi étendues, aussi massives et systématiques que le XXe siècle. Les paris sur l'avenir sur lesquels prospecte Thérèse Delpech nous amènent à penser que la brutalisation caractéristique du XXe siècle nous aurait menés dans un 'monde à la dérive', un XXIe siècle de la peur.
[...] Ce sentiment n'est pas présent en Europe d'aujourd'hui, mais l'Amérique commence à comprendre que là se trouve la véritable question stratégique du XXIe siècle car 20 ans c'est la période dont la Chine a besoin pour moderniser son armée. Delpech assure que la Chine ne s'intéresse qu'à l'Europe que comme fournisseur de haute technologie ou comme l'alternative politique aux États-Unis. Là ou encore Delpech parait radicale c'est quand elle certifie que la Chine ne se donne même pas la peine de manifester une sympathie de façade pour le modèle européen. [...]
[...] Les méthodes sont différentes - l'électricité remplace le feu et les tenailles - mais la torture de prisonniers politiques est devenue, au cours du XXe siècle, une pratique routinière de régimes totalitaires, dictatoriaux, et même, dans certains cas (les guerres coloniales) "démocratiques". Un usage barbare que le procès de civilisation semblait avoir supprimé au cours du XIXe siècle est revenu au 20e, sous une forme plus "moderne" - du point de vue des techniques - mais non moins inhumaine. La prise en compte de la barbarie moderne du 20e siècle exige d'abandonner l'idéologie du progrès linéaire. Cependant, cela ne veut pas dire que le progrès technique et scientifique est intrinsèquement porteur de maléfices. Simplement, la barbarie B. [...]
[...] Il s'agit d'une barbarie spécifiquement moderne. Ainsi, la Première Guerre mondiale a inauguré ce nouveau stade de la barbarie civilisée. Jamais dans le passé des technologies aussi modernes - les tanks, le gaz, l'aviation militaire - n'avaient été mises au service d'une politique impérialiste de massacre et d'agression à une échelle aussi immense. Les quatre massacres qui incarnent de la façon la plus achevée la modernité de la barbarie sont: le génocide nazi contre les Juifs et les Tsiganes, la bombe atomique à Hiroshima, le Goulag stalinien, la guerre américaine au Vietnam. [...]
[...] Des paris contestés Le terrorisme international Le premier pari sur l'avenir que réalise Delpech concerne les chances d'avoir encore à lutter contre le terrorisme international en 2025. À la fin du mois d'août 2004, Georges Bush lors de la Convention républicaine qui s'est tenue à New York a admis qu'une victoire était douteuse et que la priorité était de créer des conditions pour que ceux qui utilisent comme outil le terrorisme soient moins acceptables dans certaines parties du monde Il compare cette lutte à la guerre froide. [...]
[...] En quoi le 11 septembre marque-t-il une rupture, nous plongeant ainsi dans le "siècle de la peur"? A. L'ordre sécuritaire américain La Peur, histoire d'une idée politique est un essai écrit par l'américain Corey Robin allie à son analyse entre la peur et la politique une analyse minutieuse de la vie politique concrète dans l'Amérique post-11 septembre ainsi que dans nos démocraties occidentales. Il y explique qu'en 2004 à de nombreuses reprises, des membres du gouvernement ont déclenché des alertes : risques d'attentats à l'arme chimique dans les réseaux de bus et de train du pays, attaque imminente d'Al-Qaida, déclaration du ministre de la Justice en exercice à l'époque, John Ashcroft, que des dispositions prises par Al-Qaida pour attaquer les États-Unis étaient maintenant prises" . [...]
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