La réflexion menée par Pascal Ménoret est construite de manière négative par l'infirmation des trois mythes qui fondent la vision occidentale de l'Arabie Saoudite : l'Etat rentier, l'islam et la tradition. L'auteur propose donc sa propre grille de lecture de la réalité saoudienne à partir du refus de ces préjugés.
[...] L'énigme saoudienne Les Saoudiens et le monde, 1744-2003 Le livre que nous allons étudier, L'énigme saoudienne, Les Saoudiens et le monde, 1744-2003, a été publié en octobre 2003 aux éditions de La Découverte. Il est d'ors et déjà traduit dans plusieurs langues, notamment en anglais, en arabe et en italien, ce qui nous permet de mesurer l'impact de ce livre dans l'approche académique de l'Arabie Saoudite. L'auteur du livre, Pascal Ménoret est un jeune chercheur français, agrégé de philosophie, qui prépare en ce moment une thèse sur la jeunesse saoudienne au Centre d'archéologie et de sciences sociales de Sanaa, au Yémen. [...]
[...] A propos du contenu, deux remarques nous semblent s'imposer. En premier lieu, Pascal Ménoret semble s'être donné la mission de réfuter deux postulats : la structure de l'état rentier et l'influence de l'islamisme radical. Or même s'il revient de manière répétée sur ces axiomes, les faits que l'auteur relate ne font que les confirmer. Il y a donc contradiction totale entre la théorie défendue et la réalité décrite. En second lieu, nous pouvons remettre en cause l'objectif même que le livre poursuit. [...]
[...] L'Occident tend également à raisonner en termes de divisions entre sunnites et chiites. Or ce clivage a perdu de sa légitimité depuis que l'Arabie Saoudite mène une politique d'ouverture vers les chiites, notamment en se rapprochant de l'Iran à partir de 1973. Enfin, Pascal Ménoret rejette la vision occidentale qui confond tradition et traditionalisme, modernité et modernisme. En effet, même si la société saoudienne est fortement influencé par la tradition, celle-ci se transforme souvent en une tradition réélaborée par le pouvoir saoudien ou par l'idéologie dominante (ex : le bédouinisme) et devient donc un fausse piste pour comprendre le pays. [...]
[...] Jusqu'en 1843, l'Arabie Saoudite subit l'influence directe du Caire. En 1843, le deuxième état saoudien naît grâce au soutien des Egyptiens, mais il tombe en 1887 suite aux pressions intensives et désorganisatrices de l'Egypte, des Ottomans et des Britanniques dans les domaines économique et militaire. En 1932, la naissance du troisième état saoudien s'appuie sur plusieurs facteurs : l'aide britannique au début du XXe siècle qui structure la forme rentière de l'état, le soutien des Etats-Unis, l'alliance passée avec les marchand du Hedjaz qui organise la base oligarchique du pouvoir et enfin la stratégie matrimoniale des Al-Saoud qui permet, en prenant comme épouses les femmes des tribus, d'humilier ces dernières et ainsi de les maintenir dans la subordination. [...]
[...] Les trois états saoudiens convergent sur un certain nombre de caractéristiques : la concentration des capitaux par une bourgeoisie marchande et citadine, la soumission des bédouins par les sédentaires, la centralisation politique, et l'ouverture commerciale vers l'étranger. Le premier état saoudien, dominé clairement par le Nadjd, né en 1744 par le contrat établi entre Al-Saoud et al-Wahhab est anéanti en 1818 par les Egyptiens. Cette période a permis par l'amélioration des routes d'accroître le commerce et les échanges intellectuels faisant du Nadjd le centre économique et culturel du monde musulman. [...]
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