Le but de la première partie de ce livre est d'analyser les multiples ruptures entre l'Empire et les nouveaux barbares et ainsi de définir la ligne idéologique les séparant. La deuxième partie porte sur le limes séparant Nord et Sud et impliquant des règles dans cette opposition. Le limes qui rassure en tenant la civilisation séparée de la barbarie implique en fait un abandon ; les inégalités sont aggravés par ce limes qui porte en lui les germes de l'affrontement. La dualité Est/Ouest était belliqueuse mais installait un équilibre de paix, tandis qu'aujourd'hui, le limes Nord/Sud qui semble pacifique mène en fait au conflit...
[...] Tout comme l'Empire romain, on distingue aujourd'hui les différents barbares selon leur position par rapport au limes. Les plus proches sont utilisés comme Etats tampons car leur stabilité est indispensable à la sécurité du Nord. Dans ces Etats comme le Mexique, le Maroc ou la Turquie, le Nord, par une politique de coopération, tente de maintenir la stabilité quelque soit la nature du régime. On ne leur demande que de contenir le Sud tout en les maintenant à l'écart du Nord. [...]
[...] Cette nouvelle opposition est marquée par une fracture assez nette, le Nord est fini, ordonné, sédentaire, régit par le Droit et la raison, tandis que le Sud est multiple, nomade, violent, irrationnel, et en rupture avec les valeurs occidentales. L'idéologie fondée sur l'idée de division et d'opposition entre l'Empire romain et les barbares en cours aujourd'hui avec le couple Nord/Sud n'arrange en rien cette division mais ouvre une nouvelle ère où la confrontation semble inévitable. La frontière idéologique entre ces deux mondes se concrétise peu à peu ; c'est le limes. [...]
[...] "L'Empire et les nouveaux barbares" de Jean-Christophe Rufin Introduction La chute de l'URSS laissa l'Ouest (les démocraties libérales) seul, sans ennemi clairement identifiable tel Rome après la défaite de Carthage. Malgré tout, un nouvel ennemi apparut ; le Sud, composé lui-même de multiples éléments, menaçant le Nord. L'affrontement Est/Ouest a fait place à un affrontement Nord/Sud, qui reste largement inexploré. L'Est était composé d'Etats assez semblables regroupés principalement en un bloc allant de la RDA à la Chine. A côté le Sud est morcelé, divisé et composé d'Etats très différents. [...]
[...] En certaines zones, le limes ne s'est pas stabilisé et reste incertain. En Extrême-Orient, la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines malgré leurs performances économiques semblent bien appartenir au Sud. Taiwan et la Corée sont tiraillés entre le Japon (appartenant au Nord) et la Chine. L'Asie du Sud-est est en fait duale, divisée entre ses masses misérables et ses îlots de richesse et de développement (Hong Kong, Singapour, quelques secteurs malais, thaïlandais ou philippins De même, au Moyen-Orient, les choses restent incertaines, malgré leurs immenses richesses, les Etats pétroliers, de par leurs valeurs (religieuses et antidémocratiques) sont à rattacher au Sud. [...]
[...] Et si l'on s'étonne que ces guerres par procuration que se livraient les deux camps perdurent c'est parce qu'on a longtemps sous- estimé le rôle des acteurs locaux, voire nié qu'ils aient une volonté propre. On peut considérer au contraire que ce sont ces acteurs locaux qui, au vu des circonstances, se sont servis des soutiens occidentaux ou soviétiques. Ainsi les guerres dues -croyait-on- à la guerre froide ne cessent pas, mais se multiplient, les protagonistes, autrefois divisés en deux camps, se retrouvant dans une situation beaucoup plus complexe et non régulée. [...]
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