Après l'empire est le dernier livre d' Emmanuel Todd. Celui-ci renoue avec l'analyse des grandes puissances puisqu'il avait déjà prédit dès 1976, avec La Chute finale, la chute de l'Union soviétique.
L'objectif de l'ouvrage est de « proposer un modèle explicatif rigoureux du comportement international des États-Unis ». Pour cela, il part d'un constat très clairement établi: durant un demi-siècle, les Etats-Unis ont été garants de la liberté politique et de l'ordre économique, ils étaient donc une source de paix et de stabilité pour le reste du monde. Aujourd'hui, ils sont devenus un facteur de désordre et engendrent conflits et incertitudes. A l'appui, certains conflits ou contentieux récents engageant la puissance américaine et les Etats de l' « axe du mal »: Irak, Iran…
D'où vient donc ce renversement?
Pour Todd, la réponse ne doit pas être cherchée dans la force, mais dans la faiblesse des États-Unis. C'est pourquoi il s'appuie sur les analyses des penseurs de l'establishment américains plus utiles selon lui que celles des penseurs anti-américains qui présupposent une Amérique mauvaise, agressive et puissante par nature.
[...] Par extension, cette hypothèse permettrait de mieux mettre en évidence la diversité persistante et toujours d'actualité du monde démocratique actuel. Todd utilise entre autres les exemples de la famille arabo-musulmane ou russe pour démontrer que les peuples (aux traditions très diverses) sont tous à un moment ou un autre entraînés dans un même mouvement de déracinement. Ce mouvement est lié à la crise de transition développée ci- dessus : les peuples, désorientés par les progrès culturels résistent inconsciemment ou non à la modernisation d'où l'essor de mouvements violents intégristes ou fondamentalistes qui se veulent modernes mais qui sont en fait totalement rattachés aux traditions anciennes. [...]
[...] En fait, selon Todd, les Etats- Unis ont toujours évité les conflits difficiles et sanglants, leur action est plutôt bureaucratique (Afghanistan De plus les américains ont développé un concept de guerre sans morts ainsi ils ne connaissent pas (comme la Russie par exemple) la tradition de la rude guerre qui impose des sacrifices ce qui est une faiblesse face à des adversaires plus endurcis On dénonce souvent la volonté dominatrice des Etats-Unis sur le reste du monde. Pourtant ce projet n'est pas certifié, on peut recenser deux phases depuis la chute de l'URSS en ce qui concerne la stratégie militaire américaine. Les années de 1990 à 1995 ont connu un recul certain des Etats- Unis dans leur logique impériale. Puis cette tendance s'est inversée et en 2001 la remilitarisation du pays était certaine. [...]
[...] Elle commerce avec toute la planète, affiche un partenariat solide avec la Russie et surtout est proche du monde musulman (proximité géographique et très importantes migrations) et se doit d'être en relative entente lui. Conclusion La quasi-totalité des pays du monde a déjà achevé sa transition (ou est en train de l'achever) démographique et éducative. Le rôle et la présence militaire des Etats-Unis sur tous les continents se justifient donc de moins en moins. En revanche, si une menace pèse sur le monde actuel, c'est bien l'agressivité américaine. [...]
[...] Ne pourrait-on pas expliquer ce phénomène par le fait que les Etats-Unis ont besoin, pour se rassurer, d'une puissance qui commet encore plus d'injustices qu'elle ? Affronter le fort, ou attaquer le faible ? Les Etats-Unis souffrent aujourd'hui d'une triple faiblesse : un déclin économique, une fragilité militaire, et enfin le recul de l'universalisme. Pourtant, pour acquérir le titre d'empire, les Etats-Unis doivent assurer un réel équilibre économique, or ils n'en n'ont pas les moyens. L'idée d'une option impériale naît après la chute de l'Union Soviétique, lorsque les Etats-Unis deviennent la seule puissance militaire. [...]
[...] Le retour de la Russie Face à la question russe, les Etats-Unis ont deux objectifs. Premièrement ils cherchent à désintégrer la Russie en supprimant la cohésion des provinces dans le pays. Mais ce combat est perdu d'avance. Deuxièmement, ils cherchent à empêcher la Russie de se rapprocher de l'Europe. Mais cet objectif est de plus en plus difficile à atteindre car le rapprochement est déjà entamé. L'Europe s'intéresse de plus en plus à ce pays, seul capable d'être un réel contrepoids à l'influence américaine. [...]
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