Dominique DAVID est le Responsable des études de sécurité à l'Institut français des Relations Internationales (IFRI), rédacteur en chef de Politique étrangère, et enseignant à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëquidan. Son travail porte ici sur la pertinence du concept de puissance, dans le monde moderne actuel, et sur la recherche de nouvelles options défensives judicieuses et adaptées à ce « nouvel » ordre mondial.
Les évènements du 11 septembre 2001, ont, pour beaucoup, été considérés comme un point de rupture dans le champ des relations internationales, certains allant même jusqu'à parler d'une remise en question du fonctionnement du système international. Il s'agissait certes de la fin du mythe selon lequel les Etats-Unis d'Amérique (USA), séparés du reste du monde par les océans, bénéficiaient ainsi d'une protection de facto de leur territoire. Ce fut donc une remise en cause de la confiance des Américains, quant à leur perception de la sécurité.
Dans son travail, Dominique DAVID, semble réfuter ce rôle de point break des attentats du 11 septembre. Pour lui, il s'agit plutôt d'une sorte de révélateur des changements et mutations de notre monde, auquel notre système international et nos moyens de défenses doivent s'adapter, pour rester pertinents et efficaces. Mais, il explique que cette phase de transformation n'est en réalité qu'à son commencement, et que toutes les perspectives de changements sont encore très floues et évasives.
Pour arriver à entrevoir les possibilités qui sont encore ouvertes et réalisables, afin de réussir à faire ressortir les plus à même de réguler le système, il faut tout d'abord se poser les bonnes questions, et c'est ce qu'il nous permet de faire dans cet article. En effet, il existe des problématiques non résolues, qui se situent en amont de la recherche de nouvelles options stratégiques de défense. Il semble, en conséquence, qu'il soit indispensable de commencer par ces dernières, pour ensuite pouvoir espérer parvenir à des solutions plausibles, réalisables, et surtout véritablement adaptées à la situation actuelle.
La première question pourrait être : est-on réellement dépassé ? De ce point de départ découle un véritable paradoxe : alors que les Etats-Unis sont à un niveau de cumul de puissance, de pouvoir, et de ressources qu'aucun Etat n'a jamais réussi à accumuler dans l'Histoire de l'humanité, comment expliquer que ce pays ne parvienne pas à résoudre les problématiques héritées des attentats du World Trade Center ? Quelle que soit la réponse, il semble que cela permette de résoudre en partie la première question. En effet, s'il semble que quelque chose soit dépassé, c'est le concept de puissance, qui ne fonctionne plus, ou de façon plus chaotique, et moins universelle. Faut-il pour autant abandonner cette idée, ou faut-il simplement lui trouver un concept complémentaire, lui permettant de combler ses lacunes ? En d'autre terme, peut-on arriver à suggérer dès a présent quelques pistes de résolutions issues de la mutation de notre monde ?
Pour répondre à ces questions, nous analyserons dans un premier temps ce nouveau monde qui nous a été révélé par le 11 septembre, en le comparant avec son prédécesseur, tout en montrant l'impuissance et l'obsolescence de la théorie classique des relations internationales, puis, dans une seconde partie, nous chercherons à expliquer et démontrer que des voies sont ouvertes, mais qu'elles ne sont pas forcément limpides, et qu'elles restent largement conditionnées
[...] Pour toutes les raisons que nous avons vues sur la perte de vitesse de la puissance américaine dans les nouvelles règles des relations internationales, auxquelles nous pouvons ajouter la montée du courant anti- américain[21], qui se développe à travers le monde, et qui touche également l'opinion américaine interne, nous pouvons penser que les USA ne parviendront pas, à eux seuls, à réguler et structurer le système international en formation. Nous pouvons ici retrouver les idées de Bertrand Badie, qui qualifie le processus de liquidation du paradigme occidental classique, dans son essai L'impuissance de la puissance. Pour lui, les anciens théoriciens classiques tels que Metternich, Bismarck, Hobbes, ont tous atteint leurs limites aujourd'hui. Et l'exemple du paradoxe entre la puissance des USA, et son incapacité à gérer la crise du 11 septembre en est la démonstration. [...]
[...] Barry BUZAN et Ole AEVER. Barry BUZAN, Ole WAEVER et Jaap de WILDE On Security, a new Framework for Analysis pages 18 et 19. Le plus proche de la réalité selon Bertrand BADIE. Organisations Non Gouvernementales, Organisations InterGouvernementales, mouvements religieux, révolutionnaires ou djihadistes, grandes multinationales, associations, Puissance seule déterminante de la sécurité. Asie centrale, du Sud-est, et surtout méditerranée. [...]
[...] Désormais, il faut la voir dans des oppositions et conflits entre grandes civilisations. Huntington décrit un certain déclin de l'Occident face à la montée en puissance démographique et économique de pays asiatiques[24], et face à l'Islam. Pour lui, la mondialisation n'entraîne à aucun moment une uniformisation des civilisations, elle contribue au contraire à susciter de nouvelles concurrences. Il pense donc qu'il est impossible de réaliser une universalisation du monde, en tout cas sous forme de démocratisation à l'occidentale. Pour lui, seule l'arrogance incite les occidentaux à considérer que les non-occidentaux s'occidentaliseront[25] Et il ajoute que fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne, et moins occidental[26] Parallèlement, Dominique David, répond, ou plutôt complète la théorie d'Huntington, en analysant les attentats du 11 septembre, ainsi que ses conséquences et impacts sur le monde actuel. [...]
[...] Bibliographie Ouvrages Dominique DAVID, Penser la sécurité dans un monde fluide. Karl MARX, L'idéologie allemande, MARX-ENGELS James ROSENAU, Turbulence in World Politics: A theory of change and continuity, Princeton University Press Alexis de TOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique Tome I (1835), Robert Laffont - Bouquins 1986 Bertrand BADIE, L'impuissance de la puissance, Essai sur les nouvelles relations internationales, Paris, Fayard Samuel P. HUNTINGTON, Le choc des civilisations, Odile Jacob novembre pages. Barry BUZAN, Ole WAEVER et Jaap de WILDE On Security, a new Framework for Analysis Dominique DAVID, Penser la sécurité dans un monde fluide, ligne 5,6. [...]
[...] L'auteur revient et confirme la pertinence de ce mode de réflexion, en prenant à témoin les deux derniers siècles (19ème et 20ème), qui ne sont que le prolongement de l'étatisation de la violence réglée, sorte de marche hégélienne vers l'unification des procédures guerrières et de leur environnement[4] C'est-à-dire le fait que la guerre soit traitée avec des concepts clausewitziens, que les techniques et matériels soient homogénéisés, de même que l'organisation des armées. C'est-à-dire que les idées dominantes d'une société (ici internationale), sont les idées de sa classe dominante. Elles ont les idées de sa domination.[5] Pour l'auteur, le système bipolaire de la guerre froide constitue une sorte d'achèvement, d'apogée de ce mouvement d'homogénéisation, permettant un contrôle extérieur au travers d'une approche globale des conflits internationaux. Ce paradigme occidental de la guerre, aurait, pour Dominique David, trouvé ses limites dans un double processus de globalisation, et de segmentation. [...]
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