Diplomatie, Henry Kissinger, relations internationales, concert européen, politique extérieure
Né en Allemagne en 1923, naturalisé américain en 1943, Henry Kissinger est une des figures majeures des relations internationales du XXème siècle. Diplomate, il exerce à partir des années 1950 et jusqu'à une influence capitale sur la scène internationale: conseillant d'abord occasionnellement les présidents Dwight Eisenhower, John Fitzgerald Kennedy et Lyndon Baines Johnson en matière de politique extérieure, il devient en 1969 Conseiller à la sécurité nationale, puis secrétaire d'Etat en 1973 sous Richard Nixon et Gerald Ford. Partisan d'une redéfinition du rôle géopolitique des Etats-Unis, il encourage les Etats-Unis à suivre la voix de la détente. Ainsi contribue-t-il au retrait progressif, puis définitif du Vietnam – la négociation des accords de Paris en 1973 qui mettent fin à la guerre lui valent le prix Nobel de la Paix la même année - ; à une reprise des négociations avec l'URSS – qu'il envisage dans un cadre global, conformément à son principe de linkage - ; à la réglementation progressive de l'arme nucléaire - accords SALT I de 1972 - ; et à la normalisation des rapports entre la Chine communiste et les Etats-Unis - négociations secrètes, puis voyage officiel en 1972. Ancien professeur à Harvard, son jeu diplomatique est celui d'un spécialiste des relations internationales, tenant du réalisme politique et fin connaisseur de l'histoire mondiale. A ce titre, même après sa démission de 1977, suite à l'élection de Jimmy Carter, Kissinger conserve une aura exceptionnelle sur la scène internationale.
[...] Marie-France de Paloméra [1994], page 738. réussite d'une expérience scientifique, qui tient au choix de la bonne expérience, le succès d'une politique extérieure peut se résumer à la détermination de l'analogie avec la période qui correspond le mieux et attachant une importance primordiale aux décideurs Diplomatie est ainsi emplie de portraits de grands hommes, de Richelieu à Gorbatchev Kissinger rappelle dès lors les évolutions et les moments-clés du réalisme politique : progressivement, s'esquisse par le biais d'une histoire diplomatique, européenne, puis mondiale, le développement de cette notion. [...]
[...] Il convient ainsi de s'intéresser plus en détail sur les chapitres 4 - le concert européen : la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Russie et 6 - la Realpolitik se retourne contre elle-même - qui semblent former un ensemble, tant la guerre de Crimée ne trouble que pour un temps limité l'œuvre de paix européenne. Pour Kissinger, les années 1815-1890 constituent un ensemble qu'il désigne sous le nom de concert européen. Certes, la guerre de Crimée suffit à faire voler en éclat le système du chancelier Metternich. Certes, de 1853 à 1870, le système international ne semble plus en mesure de répondre aux attentes des signataires du Traité de Vienne. [...]
[...] En réalité, Kissinger méconnaît la véritable nature du concert européen. En effet, se limitant presque entièrement à l'équilibre mécanique, il sur-estime la Balance of Power simple jeu diplomatique entre des Etats désireux de favoriser leur intérêt national et oublie le Concert of Power accord volontaire entre des Etats qui transcendent leur intérêt particulier et prennent en conmpte l'intérêt collectif. De fait, la seconde approche paraît bien 4 Ibid., page Ibid., page Rappelons à cet égard que chez Kissinger, ordre et injustice sont préférables à trouble et justice. [...]
[...] De fait, Diplomatie constitue une réflexion sur l'ambivalence de la politique extérieure américaine, hésitant entre idéalisme et réalisme : entre innocence et interventionnisme, entre principe d'harmonie et principe d'équilibre, Kissinger se propose de trancher pour la période post-guerre froide. Historiciste considérant, en effet, qu'à l'instar de la 1 Georges H. W. Bush, Vers un nouvel ordre mondial, discours au Congrès américain septembre Francis Fukuyama, La Fin de l'histoire et le Dernier Homme, Paris, Flammarion Henry Kissinger, Diplomatie, Paris, Fayard, trad. Fr. [...]
[...] A ce titre, même après sa démission de 1977, suite à l'élection de Jimmy Carter, Kissinger conserve une aura exceptionnelle sur la scène internationale. A cet égard, son maître-ouvrage, Diplomatie, publié en 1974, présente un double intérêt : il est non seulement d'un acteur majeur des relations internationales, mais également celui de l'un des analystes mondiaux les plus reconnus. Rédigé dans un contexte post-guerre froide, où les appels au nouvel ordre mondial1 et à la fin de l'histoire2 sont légions et où il semble que les Etats-Unis se doivent à nouveau de façonner le système international, Diplomatie ne constitue ni une théorisation des relations internationales, semblable aux œuvres de Pierre Renouvin ou de Jean-Baptiste Duroselle, ni un manuel destiné à l'usage des générations futures de diplomate. [...]
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