"Diplomacy" de H. Kissinger

Résumé du document

Avec son ouvrage Diplomatie, Henry Kissinger nous fournit une somme considérable sur la diplomatie qui peut aussi bien servir de manuel d'Histoire que de bréviaire destiné aux diplomates du XXIème siècle. Il est à mi-chemin entre l'essai, les mémoires et l'ouvrage historique. En effet, Kissinger cherche à fournir une histoire de la diplomatie, qu'il complète par des considérations théoriques plus générales et par des anecdotes tirées de son expérience vécue. Ces deux derniers aspects du livre sont de loin les plus intéressants, car son approche historique souffre d'un certain manque de rigueur dans la méthode et parce que son expérience unique en tant que conseiller de plusieurs présidents apporte un éclairage de l'intérieur aux grands évènements de ce dernier demi-siècle. C'est pourquoi nous nous attacherons à résumer les grands principes théoriques qui régissent la Diplomatie selon Kissinger avant de relever les points les plus discutables...

Extraits

[...] A aucun moment il ne critique sa décision d'intensifier les bombardements sur le Laos et le Cambodge. Néanmoins, ces récits ont le mérite de capter l'attention du lecteur qui parfois s'égare dans la complexité des développements de Kissinger. Une analyse historique souffrant de zones d'ombre L'analyse de Kissinger n'est pas, à proprement parler, historique. Il accorde en effet une importance démesurée au traitement des évènements qu'il a vécu et sur lesquels il a travaillé. Ainsi, la période Carter n'est jamais mentionnée tandis que la guerre du Vietnam occupe trois chapitres entiers. [...]

[...] Le pacte germano-soviétique, signé en 1939, reposait sur un intérêt national commun :la mort de la Pologne. Malgré la révision du protocole secret sur le partage de l'Europe de l'Est, l'Allemagne mettait en question la sécurité de l'Union soviétique en signant un pacte tripartite avec le Japon et l'Italie (sept.1940). De plus, les tensions Molotov/Hitler et l'irrationalité d'Hitler ravivaient l'idée de conflit. Roosevelt a réussi son entreprise diplomatique : amener son peuple isolationniste à entrer dans une guerre mondiale, lui faire prendre conscience que l'intérêt national américain passe par une intervention en Europe (fin doctrine Monroe). [...]

[...] Dès lors Genève accoucha de la crise de Berlin (1958/62). Désormais, sous l'impulsion de Khrouchtchev, les rivalités soviéto-américaines se situèrent hors d'Europe (crise de Suez de 56). La crise de Suez révéla l'habilité de Nasser à dresser les superpuissances les unes contre les autres. Elle marqua la fin de la domination coloniale franco-britannique sur le Moyen Orient et le début de l'implication des USA dans cette zone stratégique. Les Etats-Unis ayant refusé de financer son barrage d'Assouan, Nasser se fit le héraut du nationalisme arabe et décida de nationaliser le Canal de Suez en 1956, tout en menant une politique de rapprochement avec l'URSS. [...]

[...] Deux doctrines se développèrent alors. Théodore Roosevelt soutint que les États-Unis avaient le devoir d'exercer une influence mondiale pour protéger la paix, en fondant leur action sur la notion de sphères d'influence, étrangère à la tradition américaine, on l'a vu. Woodrow Wilson, quant à lui, élabora une doctrine destinée à devenir le fondement des interventions américaines pendant un siècle. On rappellera juste qu'elle se fonde sur le droit international et compte sur la pression de l'opinion publique internationale et sur la généralisation de régimes démocratiques pour empêcher toute guerre. [...]

[...] Le XVIIe siècle a vu la fin de l'universalisme chrétien hérité du Moyen-Age. L'action décisive aux yeux de Kissinger est celle du cardinal Richelieu. Durant la guerre de Trente Ans, il s'allia aux princes protestants d'Allemagne contre l'Empereur, en invoquant pour la première fois la Raison d'État. Il mettait ainsi les intérêts de la France au-dessus des vagues solidarités issues de la religion. Lorsque toutes les puissances européennes eurent adopté ce principe, comme aucune n'était assez puissante pour donner à l'Europe la structure d'un empire, un premier système d'équilibre des forces apparut. [...]