Cultural Internationalism and World Order (Internationalisme culturel et ordre mondial), d'Akira Iriye

Résumé du document

Le livre Cultural Internationalism and World Order d'Akira Iriye ouvre de nouvelles perspectives dans l'étude des relations internationales culturelles. Dans l'historiographie américaine des relations internationales, qui tend à privilégier les aspects politiques et économiques, un tel livre permet d'aborder l'histoire depuis le tournant du XXe siècle sous un angle différent. Akira Iriye entend en effet démontrer dans cet ouvrage que, quand bien même les données géopolitiques et économiques ont façonné le monde contemporain, il faut également prendre en compte d'autres phénomènes, peut-être moins évidents à étudier, qui ont participé à la définition de l'ordre du monde et qui prennent une importance grandissante à la fin de la période qu'il analyse.

Extraits

[...] C'est un aspect qui m'a paru essentiel dans la mesure où la dimension culturelle de la coopération internationale a davantage fait l'objet d'études limitées à un cadre stratégique national –comme le cas des institutions d'échanges culturels par exemple- ou bilatéral, voire de monographies. En outre, cet ouvrage permet d'appréhender un mouvement vaste depuis sa conceptualisation jusqu'à sa réalisation la plus aboutie, près de soixante ans plus tard, l'UNESCO. Les études que j'avais pu consulter se concentraient essentiellement sur l'immédiat après-guerre, comme si cette volonté universaliste n'était que le produit d'un éclair de génie survenu pendant la Seconde Guerre mondiale, oubliant même parfois son antécédent le plus fameux, la Société des Nations. [...]

[...] Au cours de sa carrière, il a enseigné à l'Université de Californie de Santa Cruz, à l'Université de Rochester, à l'Université de Chicago et enfin à Harvard. Depuis qu'il a pris sa retraite en 2005, il a enseigné comme professeur invité dans les universités de Waseda et de Ritsumeikan, toutes les deux au Japon. Le principal centre d'intérêt de ses recherches a d'abord concerné les interactions entre les Etats-Unis, le Japon et la Chine durant la période précédant la guerre du Pacifique, une guerre qu'il a connue étant enfant. [...]

[...] Cette tradition, qu'il dénomme internationalisme culturel , constitue selon lui un espoir pour la paix et la compréhension mutuelle. Pour ce faire, Akira Iriye a choisi de faire progresser son propos chronologiquement, de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1990, en mettant en évidence les ruptures importantes qui ont fait se transformer l'idéologie internationaliste. Sa thèse se fonde sur le fait que les valeurs, les perceptions, les méthodes, le langage utilisés pour dépasser les frontières nationales et culturelles sont différents de l'activité et de la conduite que les peuples poursuivent durant la guerre, les conflits, le commerce ou la diplomatie. [...]

[...] Toutefois, Cultural Internationalism an World Order m'a paru quelque peu frustrant à certains égards. Le livre a un goût de mise en bouche, un aperçu de ce phénomène et parfois, i lest des aspects sur lesquels j'aurais souhaité un développement plus étoffé, et qui n'étaient que survolés. Le dernier chapitre m'a paru très court, une quarantaine de pages pour un demi- siècle d'histoire quand les deuxième et troisième chapitres –plus longs- sont chacun consacrés à une seule décennie, et il me semblait qu'il ne détaillait pas assez es heurts de la guerre froide sur l'internationalisme culturel. [...]

[...] Dans cet ouvrage, Akira Iriye propose donc une définition alternative des relations internationales, qui ne seraient plus une arène de rivalités interétatiques de puissances mais un champs pour des forces et des mouvements indépendants, un contexte pour des échanges entre les individus et les groupes au-delà de frontières nationales. Cette conclusion permet à Akira Iriye de dresser une liste des défis qui attendent l'internationalisme culturel contemporain, qui doit en premier lieu lutter contre le chauvinisme culturel et le nationalisme géopolitique. Il convient par ailleurs d'ajouter que ces défis n'ont fait que croître depuis la publication de cet ouvrage 1997- dans la mesure où la rupture du 11 septembre 2001 a constitué un véritable tournant dans la manière d'aborder les relations internationales. [...]