Alors que les débats autour de l'intervention américaine en Irak ne fléchissent pas, que le fondamentalisme musulman attise les craintes les plus diverses et que le Moyen-Orient est le terrain d'affrontements quotidiens, Olivier Roy entend décrypter les logiques propres aux conflits qui animent cette partie du monde trop souvent mal connue.
Ce directeur de recherche au CNRS, chercheur associé au CERI et spécialiste de l'islam politique a totalement investi la scène médiatique. Des articles dans Politique internationale, Le Point, L'Express, Libération, The New York Times, The Financial Times… de nombreuses références à ses ouvrages ; cet islamologue de renom a su faire parler de lui et apparaître comme le spécialiste du monde musulman (avec G. Kepel).
Soucieux d'apporter un éclairage toujours nouveau sur les évènements, Olivier Roy défend ses thèses avec vigueur, ce qui ne va pas sans attiser la curiosité (et la critique). Accusé d'avoir un peu précocement annoncé le déclin de l'islamisme, Olivier Roy n'a cessé de rebondir sur les évènements, avec une méthode, toujours la même : prendre à contre-pied les idées reçues sur le monde musulman et remettre les faits en perspectives.
[...] Accusé d'avoir un peu précocement annoncé le déclin de l'islamisme, Olivier Roy n'a cessé de rebondir sur les évènements, avec une méthode, toujours la même : prendre à contre-pied les idées reçues sur le monde musulman et remettre les faits en perspectives. Dans Le Croissant et le Chaos, il propose ainsi de restituer les conflits du Moyen-Orient dans leurs logiques propres (p14). À contre-pied des tenants du clash des civilisations, d'une 4e guerre mondiale et autres illusions d'optique Roy signe ici un essai des plus enflammé contre la politique étrangère américaine et ses implications dans la lecture des conflits du Moyen-Orient. [...]
[...] The Brooking Review, été 2002). D'une manière générale, l'unilatéralisme, la nouvelle doctrine préemptive et l'obsession irakienne ont nourri la guerre globale contre le terrorisme Selon Roy, cette vision globale que se sont forgée les néoconservateurs américains est la première cause de l'échec de l'administration Bush. A l'encontre des tenants d'une analyse anti- impérialiste qui voit la politique américaine déterminée essentiellement à Téhéran, ou bien déterminée par des intérêts pétroliers Roy soutient que la stratégie américaine est la cause de sa propre perte. [...]
[...] Le nationalisme, l'État, l'anthropologie et l'islam, voilà les véritables clés d'interprétation du monde musulman. Et la démonstration est tout à fait remarquable. Roy déroule sa thèse avec un nombre d'exemples impressionnants, et la conclusion est univoque : aucune réforme ne passera si elle ne s'inscrit pas dans une perspective nationale, voire nationaliste (p56). Une grande partie de l'ouvrage replace ainsi la légitimité politique au centre du débat. Roy revient notamment sur l'opportunisme politique dont ont fait preuve les mouvements de libération en s'emparant d'idéologies comme le marxisme, et plus tard l'islamisme, ( ) dans une perspective nationaliste, étatique et territoriale (p88). [...]
[...] Forces et faiblesses de l'analyse Roy peut désormais étayer sa thèse en revenant sur les logiques propres aux conflits locaux. Ethnies, communautés, tribus, l'auteur rappelle l'importance des logiques communautaires et nationalistes dans les conflits du Moyen-Orient. Si Al Qaïda joue un rôle, c'est celui de parasite. Roy est persuadé qu'Al Qaïda ne joue qu'un rôle de pourrissement des conflits, sans réussir à les coordonner. Les logiques locales, nationales, tribales et confessionnelles l'emportent (p185). Mais pour lui, le bouleversement tectonique c'est le renversement de tendance politique entre chiisme et sunnite. [...]
[...] La politique au centre de tout, telle semble être la prise de position d'Olivier Roy : politique américaine dans le monde arabo-musulman, lutte politique interne, instrumentalisation des conflits, montée de l'islamisme radical , en dénonçant le tropisme des néoconservateurs, Roy dessine progressivement les contours de sa propre interprétation. En faisant une lecture uniquement sociologique et politique, il minimise la distance radicale qu'il y a entre Islam et démocratie. Car ce qui importe avant tout c'est le contenu du Coran. L'Islam reste un marqueur identitaire fondamental et jusqu'à présent aucune idéologie n'est venue prendre en charge les frustrations des masses. [...]
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