Résumé et analyse.
En introduction, l'auteur souligne deux thèmes fondamentaux, à savoir les relations inverses entre d'une part guerre et formation de l'Etat, et entre d'autre part activités économiques illicites et accumulation primitive du capital. La question de la criminalisation de l'Etat en Afrique se trouve donc posée avec d'autant plus d'importance que le contexte actuel est à la mondialisation. Ainsi on se trouverait dans la situation paradoxale suivante : des années 1930 aux années 1970, l'exploitation rentière des ressources primaires a permis l'émergence d'une élite nationaliste à l'origine d'une nouvelle organisation économique fondée sur des flux commerciaux et financiers illicites qui on en fait favorisé in fine l'insertion de certains pays africains dans l'économie mondiale, et ce (et là réside le paradoxe) malgré l'essoufflement économique des années 1980 et l'échec social des pays africains.
Il met ainsi en avant cinq symptômes pour une triple crise (malthusienne, de subsistance et d'insertion internationale) :
· La dépréciation géopolitique du continent africain, due à la fin du monde bipolaire, et qui se traduit par un phénomène de dépendance accrue sur la scène internationale (dette publique, programmes d'ajustement structurel imposés par le FMI..) et la marginalisation de l'Afrique subsaharienne sur les marchés légaux (excepté sur le marché du pétrole).
· L'avortement de la transition démocratique
· La généralisation (Liberia, Soudan, Angola) et l'extension des conflits (ethnicisation en Ethiopie, guérilla en Ouganda)
· La recomposition politique de la région autour des diasporas chinoise, indopakistanaise et libanaise ; autour du Nigeria (différents frontaliers avec le Cameroun et la Guinée équatoriale, intervention au Liberia) et de la République sud-africaine (« corridors de développement »)
· La multiplication des activités illégales (réseaux nigérians de l'héroïne et de la cocaïne).
[...] La criminalisation de l'Etat en Afrique. J.F Bayard Résumé En introduction, l'auteur souligne deux thèmes fondamentaux, à savoir les relations inverses entre d'une part guerre et formation de l'Etat, et entre d'autre part activités économiques illicites et accumulation primitive du capital. La question de la criminalisation de l'Etat en Afrique se trouve donc posée avec d'autant plus d'importance que le contexte actuel est à la mondialisation. Ainsi on se trouverait dans la situation paradoxale suivante : des années 1930 aux années 1970, l'exploitation rentière des ressources primaires a permis l'émergence d'une élite nationaliste à l'origine d'une nouvelle organisation économique fondée sur des flux commerciaux et financiers illicites qui on en fait favorisé in fine l'insertion de certains pays africains dans l'économie mondiale, et ce (et là réside le paradoxe) malgré l'essoufflement économique des années 1980 et l'échec social des pays africains. [...]
[...] Il faut enfin s'interroger sur l'insertion atypique de l'Afrique subsaharienne dans les relations internationales. Outre, en effet, les PAS, J.F Fayard ne mentionne guère le phénomène d'ingérence humanitaire, que certains appellent la diplomatie en kaki et qui est à mon avis le point culminant du caractère atypique de l'insertion de l'Afrique subsaharienne dans les relations internationales. Ce phénomène n'est pas sans renforcer la dépendance de ce continent, visiblement dans l'incapacité de venir à bout de ses propres conflits. A titre d'exemples, on peut citer : opération humanitaire multinationale dite turquoise le 23 juin 1994 au Rwanda. [...]
[...] Les PAS, en effet, subordonnent leur volet financier (allègement de la dette, restructuration du système bancaire) à la libéralisation de l'économie (privatisations) et au principe de bonne gouvernance (pluralité politique). Or, les privatisations ont donné naissance à une véritable économie de pillage par des proches du gouvernement et à la faillite du système bancaire (faux emprunts et faux dépôts, manipulations illicites sur des fonds gouvernementaux, placements dans des paradis fiscaux, blanchiment d'argent via des joint ventures). Capitale africaine du crime organisé avec un chiffre d'affaire de 9 milliards de dollars par an, l'exemple de l'Afrique du Sud montre bien que la criminalité est une construction sociale et politique (Bourse des Valeurs, infrastructures de transport, propagande, subversion, usage de faux, assassinats, contrebande). [...]
[...] Face à une telle déliquescence administrative qui n'épargne pas la justice et qui surtout délégitime les pouvoirs publics, l'auteur conclut de façon très pessimiste sur le retour de l'Afrique noire au cœur des ténèbres Au delà du livre Pour comprendre la nature et l'évolution de l'État post - colonial africain, plusieurs théories ont été développées, notamment celle du patrimonalisme, c'est à dire la confusion entre sphère privée et sphère publique telle que définie par M. Weber. J.F Bayard s'inscrit dans cette mouvance ou tout du moins la prolonge. En effet, aux thèmes de État mou de G. Myrdal et du prébendalisme, il ajoute celui de politique du ventre qui parvient bien à restituer le caractère protéiforme de la prééminence de l'État en Afrique (ce que nous avons vu en première partie). [...]
[...] En conclusion, je dirais simplement que le livre de J.F Fayard présente une vision pessimiste de l'Afrique qu'il convient peut être de nuancer : l'échec indéniable à la fois de la communauté internationale et à la fois de l'Etat africain lui- même pourrait être contourné par l'introduction d'un troisième acteur médian, à savoir l'intégration régionale de ce continent, à l'instar de l'Union européenne qui représente une issue de secours certaine pour les pays d'Europe de l'Est miné encore aujourd'hui (pour certains d'entre eux) par la corruption ou la criminalisation de l'Etat. [...]
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