Dans son ouvrage Alain Marie expose sous une perspective socio-anthropologique les actions de développement avec leurs diverses formes et effets sur le terrain au niveau local. Son analyse se base sur des études empiriques de cas concrets du développement local dans le cadre de la coopération décentralisée entre la France et l'Afrique. Il appuie ses généralisations inductives et son étude des faits sur douze actions de développement menées au Burkina-Faso, en Guinée, au Mali et au Sénégal.
Les deux acteurs sociaux étudiés du côté des « développeurs » sont d'une part les collectivités locales et territoriales françaises (à la fois maîtres d'ouvrage, concepteurs, promoteurs et bailleurs de fonds, mais aussi maîtres d'œuvre quand elles assurent elles-mêmes sur le terrain la gestion et le suivi des projets) et d'autre part l'Association française des volontaires du progrès (AFVP) à laquelle les collectivités françaises ont librement recours dans le souci d'une meilleure efficacité.
[...] Par exemple, toujours à Angoulême, le Comité de jumelage composé d'une trentaine de personnes était divisé entre partisans volontaristes qui souhaitaient des interventions fortes et ceux qui préconisaient un processus plus lent fondé sur la participation effective des populations, entre ceux qui avaient une vision militante et ceux plutôt amicalistes de même qu'entre ceux soutenant les échanges humains et ceux davantage axés sur le développement économique avec une vision plus professionnelle Un ancien volontaire avait rédigé un document à ce propos : absence de consensus [ ] sur les objectifs et les méthodes d'intervention ; chacun semble pressé d'intervenir, souvent sans réfléchir ; chacun se dit concepteur de projet [ ] ; chacun pense qu'il est possible de tout faire ; chacun oublie que d'autres savent mieux faire que nous Les difficultés structurelles Cet exemple de coopération met en évidence des difficultés structurelles qui sont généralement le fait de nombreux projets de coopération décentralisée. Nous pouvons donc faire émerger divers points récurrents qui ont des effets négatifs sur la bonne réalisation des projets quels qu'ils soient. Tout d'abord, la multiplicité des acteurs va quasi systématiquement brouiller les missions de chacun. Chaque acteur se fait porteur d'un projet propre avec ses présupposés et ses intérêts. De plus, l'absence d'une doctrine véritable en matière de coopération et de développement est un frein réel à la naissance coordonnée et efficace de projets. [...]
[...] Des marais-écoles forment des sauniers guinéens et l'on recrute sur place des magasiniers-gestionnaires. Le projet jusque- là bien mené voit apparaître des difficultés liées à l'amélioration technique qui accroit les charges des sauniers et rend le sel local solaire plus cher que le sel importé ou le sel traditionnel. Les bailleurs commencent à douter de la réussite du projet et on en revient alors à un système mixte plus abordable techniquement et financièrement. Le résultat est positif et le succès tel qu'en 1999 il est décidé de créer une ONG guinéenne pour vulgariser dans l'ensemble de la Guinée maritime ces techniques. [...]
[...] Le monde du développement possède ses propres paradoxes et ambiguïtés et aujourd'hui des actions sont engagées en faveur de son recentrage. C'est là que résidera pour une part non négligeable le travail des futurs professionnels du développement. [...]
[...] La troisième orientation possible est de s'assurer de la différenciation des missions du volontaire. Les grandes distinctions sont : les études socioanthropologiques, l'appui aux petits porteurs de projets, l'assistance technique proprement dite et la gestion économique et financière de programme. L'idée est de bien distinguer, formellement et statutairement, les quatre fonctions envisagées. En guise de conclusion, M.Marie insiste aussi sur la nécessité de procéder à des allègements institutionnels et financiers des structures de mise en œuvre de la coopération décentralisée. [...]
[...] Pour la coopération Angoulême Ségou il est ahurissant de constater que parallèlement aux projets dans le cadre du jumelage, deux associations angoumoisines indépendantes intervenaient sur leurs propres projets ! Ce mélange d'institutionnalisation bureaucratique et de diversité extrême des composantes se retrouve dans les institutions partenaires locales, avec un effet de grossissement lié au jeu supplémentaire de complexités sociales et politiques spécifiques. Ainsi, toujours dans l'exemple du Mali, le Comité de jumelage ségovien affichait les caractéristiques de son homologue français, tout en les amplifiant du fait des conditions propres au milieu local. [...]
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