"Conflit kurde : le brasier oublié du Moyen-Orient", de Hamit Bozarslan

Résumé du document

Le Moyen-Orient représente depuis plusieurs siècles, un théâtre majeur de tensions d'une importance cruciale à l'échelle internationale, notamment du fait des intérêts et relations qui s'entrecroisent sur une partie restreinte de l'espace mondial. Cette étude des conflits kurdes nous révèle des enjeux sous-jacents, mais marginalisés, méritant sans doute une attention plus marquée. Occultée par les rivalités prégnantes entre Israël, l'autorité palestinienne et les nombreux autres acteurs du monde arabe, la question kurde réside souvent en périphérie. Hamit Bozarslan nous rappelle ainsi à quel point elle reste en suspens et cache un riche arrière-plan et de nombreuses logiques diverses et mouvantes.

Il semble alors pertinent de s'interroger sur la place de ce conflit dans les relations régionales, ce qu'il bouscule et bien entendu, sa résonance à l'échelle mondiale. Comment un ''brasier oublié'' peut-il receler d'une telle richesse et complexité de logiques différentes, très influentes sur les relations politiques régionales ?

Extraits

[...] Du mode tribal, jusqu'à l'émergence de volontés centralisatrices reprises des structures impériales ottomanes, l'organisation du monde kurde évolue. Ainsi, c'est bientôt à la jeunesse, inspirée d'idéologies plus marxistes, de reprendre le flambeau. Elle ravive le sentiment national kurde dont la conception s'étend, mais se radicalise également. Toujours dans le sens de la modernisation, la ville acquiert une place plus importante et devient un théâtre nouveau pour des populations plutôt rurales à l'origine : les enjeux gravitant autour de Kirkouk illustrent bien ce phénomène. [...]

[...] L'auteur l'indique clairement, il considère que le fait minoritaire peut être tellement important qu'il mène quelquefois à déterminer la nature même d'un Etat, mais demeure invisible dans les conséquences puisque sa souveraineté résiste aux mouvements internes. Le Kurdistan d'Irak et son accession à une première forme d'autonomie semblent être un contre-exemple à cet argument, même si sa pertinence reste très grande. Pour autant, la conception globale et l'approche qu'il emploie sont très efficaces et paraissent intéressantes pour appréhender le conflit kurde. [...]

[...] Comme indiqué plus haut, l'influence provient également de la diaspora kurde en Europe qui est l'un des facteurs à l'origine de l'idée de création d'une véritable structure étatique pour le Kurdistan. D'autre part, c'est l'approche comparatiste qui confère une grande richesse à l'analyse de l'auteur. Elle découle des ressources fournies par sa démarche d'étude qui emploie diverses sciences sociales. Ainsi, il tente de rassembler les différentes formes de nationalisme kurde et les confronte, en fonction de divers critères, souvent celui de la nation qui les encadre. [...]

[...] "Conflit kurde : le brasier oublié du Moyen-Orient", de Hamit Bozarslan Le Moyen-Orient représente depuis plusieurs siècles, un théâtre majeur de tensions d'une importance cruciale à l'échelle internationale, notamment du fait des intérêts et relations qui s'entrecroisent sur une partie restreinte de l'espace mondial. Cette étude des conflits kurdes nous révèle des enjeux sous-jacents, mais marginalisés, méritant sans doute une attention plus marquée. Occultée par les rivalités prégnantes entre Israël, l'autorité palestinienne et les nombreux autres acteurs du monde arabe, la question kurde réside souvent en périphérie. [...]

[...] L'histoire apparaît être le support majeur qui guiderait la réflexion sur ce type de question. Pour autant, l'examen se borne au début des années 2000, avec la guerre en Irak et délaisse quelque peu les logiques actuelles de l'enjeu nationaliste kurde. Dans une période où le sujet est peu développé par les médias, il semble difficile de cerner l'état présent des choses et ainsi hasardeux (l'auteur le reconnaît lui-même), d'établir des perspectives pour l'avenir de l'espace kurde. Pourquoi donc se focaliser essentiellement sur les logiques du passé alors que cette région est présentée comme particulièrement instable, soumise aux ruptures brutales, pour des causes qui sont propres à la question kurde, mais également pour la proximité du conflit israélo- palestinien ? [...]